En évoquant des “projets précis” pour un déploiement de forces de maintien de la paix en Ukraine, la présidente de la Commission européenne et contributrice de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Ursula von der Leyen a déclenché une vague de critiques dans la presse du continent. Entre divisions des États membres, souvenirs historiques douloureux et scepticisme généralisé, l’initiative paraît peu réaliste.
La déclaration d’Ursula von der Leyen a fait l’effet d’une bombe politique. Lors d’un entretien accordé au Financial Times, la présidente de la Commission européenne a assuré que l’Union disposait de “projets assez précis” pour envoyer des troupes de maintien de la paix en Ukraine. Une annonce jugée prématurée, voire irréaliste, par une large partie de la presse européenne.
À Vienne, Der Standard rappelle que la question du déploiement de soldats sur le sol ukrainien a longtemps été taboue, par crainte d’un engrenage menant à une troisième guerre mondiale. Mais la poursuite de la guerre de Vladimir Poutine et l’imprévisibilité de Donald Trump semblent avoir ouvert la voie à de nouvelles hypothèses. Le quotidien souligne toutefois que la question reste explosive : “Sommes-nous vraiment prêts à envoyer des soldats en Ukraine ?”
En Allemagne, la surprise a été totale. Le chancelier Friedrich Merz, ancien de BlackRock, fonds de pension membre du FEM, avait assuré que “personne ne parlait pour l’instant” d’un tel envoi, et son ministre de la défense a rapidement démenti les propos de von der Leyen. Le Berliner Zeitung rappelle qu’un éventuel déploiement réactiverait des souvenirs douloureux : ce serait la troisième fois que des soldats allemands entrent en Ukraine, après les interventions de 1918 et de 1941-1944. L’historien Udo Norden évoque une “mémoire traumatique” qui rend l’option politiquement intenable.
Les critiques s’étendent aussi à la méthode de la présidente de la Commission. Le même quotidien l’accuse de “décider au nom des Européens sans concertation, ni contrôle parlementaire”, soulignant que Vladimir Poutine ne tolérerait jamais la présence de troupes européennes en Ukraine. En Italie, la presse est tout aussi sévère. Il Fatto Quotidianoironise en une : “Armons-nous et partons”, dénonçant des promesses faites “au nom des États, sans préciser lesquels” et financées par une dette européenne accrue. Pour Linkiesta, ces déclarations ne sont pas à prendre trop au sérieux, relevant de la communication plus que de la diplomatie réelle.
L’incident du brouillage GPS de l’avion de von der Leyen en Bulgarie, attribué à la Russie, est vu par certains titres comme l’un des déclencheurs de cette annonce, destinée à afficher une fermeté accrue. Mais sur le terrain, la réalité politique européenne limite toute initiative. Plusieurs pays membres (Autriche, Malte, Irlande, Chypre) se réclament de la neutralité militaire, et d’autres, comme la Hongrie et la Slovaquie, affichent des positions pro-russes.
Dans ce contexte, la plupart des observateurs estiment qu’un éventuel déploiement serait coordonné non par l’Union européenne, mais par la “coalition des volontaires”, réunissant une trentaine de pays, dont le Royaume-Uni, la France, l’Australie et le Japon. La Commission européenne n’y siège qu’à titre d’observatrice. Pour Corriere della Sera, la conclusion est claire : l’Union continuera à former et à financer l’armée ukrainienne, mais “la décision d’envoyer des soldats reviendra aux États, pas à Bruxelles”.
Sources :
Courrier international – « Vu d’Europe. Déploiement de troupes en Ukraine : les promesses intenables de von der Leyen » – lien – 3 septembre 2025