La famine est désormais officiellement reconnue dans certaines zones de Gaza, selon l’IPC soutenu par l’ONU, tandis que le gouvernement israélien dénonce cette allégation comme une « calomnie moderne antisémite ». Entre urgence humanitaire et guerre de communication, les enjeux diplomatiques et judiciaires s’accentuent.
Le 22 août 2025, l’Integrated Food Security Phase Classification (IPC), groupe d’experts soutenu par l’ONU et des ONG, a officiellement déclaré qu’une famine sévit dans la ville de Gaza et ses environs — la première famine reconnue par l’IPC hors d’Afrique . Le rapport souligne que plus de 500 000 personnes, près d’un quart de la population, sont touchées, et la situation pourrait s’étendre à plus de 640 000 d’ici la fin septembre. Ce diagnostic repose sur des critères précis : plus de 20 % des foyers souffrent de pénurie alimentaire extrême, plus de 30 % des enfants souffrent de malnutrition aiguë, et le taux de mortalité quotidien dépasse les seuils d’alerte.
L’ONU, parle la voix de son secrétaire général António Guterres, a qualifié cette famine de « desastre fait par l’homme » et d’« échec de l’humanité ». Plusieurs nations partenaires, dont le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie, ont dénoncé l’obstruction systématique d’aide humanitaire par Israël et réclamé l’ouverture immédiate des voies d’accès.
L’utilisation de l’antisémitisme pour nier la famine
Israël conteste vigoureusement cette qualification. Le bureau du Premier ministre a dénoncé un “mensonge pur et simple” et une “calomnie moderne”, affirmant qu’Israël ne mène aucune stratégie de famine mais s’efforce précisément de la prévenir . Cette rhétorique a été reprise dans divers médias et par des centres de recherche proches de l’État et s’inscrit dans une accusation d’antisémitisme que le gouvernement estime enracinée dans l’histoire médiévale.
L’ONG israélienne B’Tselem avait déjà pointé le lien entre la famine et la destruction des infrastructures agricoles ainsi que le blocus, affirmant que la famine n’était pas un produit collatéral de la guerre mais une conséquence directe de la politique d’occupation et de siège.
Sur le plan humanitaire, la situation reste critique : des milliers de civils continuent de mourir en tentant d’accéder à l’aide, et l’effondrement des services médicaux et agricoles accentue l’urgence. Des centaines d’enfants sont déjà morts de faim ; des milliers d’autres menacés d’une malnutrition sévère à long terme, avec près de 132 000 enfants de moins de 5 ans en danger mortel et 55 000 femmes enceintes ou allaitantes nécessitant une assistance nutritionnelle urgente.
Les tensions entre la reconnaissance d’une crise humanitaire rampante et le discours de légitimation israélien révèlent une instrumentalisation politique du désastre. Tandis que les ONG et les tribunaux internationaux approfondissent les enquêtes, la famine — désormais avérée — devient un enjeu juridique, moral et diplomatique crucial, en pleine amplification.
Sources :
- Le Monde – Une légende de sang : comment Benyamin Nétanyahou utilise l’histoire de l’antisémitisme pour contrer les accusations de famine à Gaza – lien
- The Guardian – UN-backed experts declare famine in and around Gaza City – publié le 22 août 2025 – lien
- Reuters – Gaza City officially in famine, with hunger spreading, says global hunger monitor – publié le 22 août 2025 – lien
- The Washington Post – Famine confirmed in Gaza City region, global hunger monitor says – publié le 22 août 2025 – lien
- Times of Israel – Netanyahu’s office calls Gaza famine declaration a modern blood libel – publié le 22 août 2025 – lien
- B’Tselem – Notre génocide – rapport publié en juillet 2025 – lien Wikipédia récapitulatif
- Cadena SER – La ONU declara la hambruna en Gaza – publié le 22 août 2025 – lien