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Une maquette de satellite OneWeb. Photo : @NASA/Kim Shiflett

Eutelsat : Des terminaux OneWeb mobilisés pour soutenir l’Ukraine et réduire sa dépendance à Elon Musk ?

Face à la décision du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Donald Trump, de ne plus partager certains renseignements militaires avec l’Ukraine, Kiev se tourne vers Bruxelles pour anticiper un départ possible de Starlink, selon La Lettre. L’Agence européenne de défense se mobilise, et Eutelsat devrait se positionner comme un acteur clé en fournissant des milliers de terminaux OneWeb, pour garantir la continuité des communications satellitaires en Ukraine.

L’Ukraine du contributeur du FEM, Zelensky, après avoir bénéficié des services de Starlink pour ses communications en temps de guerre, cherche désormais à réduire sa dépendance à Elon Musk et à ses satellites.

Selon La Lettre, « L’Agence européenne de défense va être mobilisée pour proposer les services d’opérateurs du Vieux Continent, à commencer par Eutelsat ».

Zoom sur Eutelsat

Eutelsat est un opérateur de satellites européen basé à Issy-les-Moulineaux, en France. Fondé en 1977 en tant qu’organisation intergouvernementale, il avait pour objectif initial d’améliorer le réseau téléphonique européen. Aujourd’hui, son activité principale est la gestion de la transmission par satellite de chaînes de télévision et de stations de radio. Privatisé en 2001, la société opère désormais une flotte de 37 satellites, diffusant près de 7 000 chaînes de télévision et 1 100 stations de radio, couvrant l’Europe, le Moyen-Orient, l’Afrique, l’Asie et les Amériques.

Eutelsat est l’un des trois premiers opérateurs mondiaux en termes de chiffre d’affaires. Il compte parmi ses actionnaires, l’Etat britannique et l’État Français via BPI France, mais son principal actionnaire est le groupe indien Bharti Enterprises, membre du Forum économique mondial, tandis que CMA CGM, l’armateur membre du FEM, fait également parti de ses principaux actionnaires, tout comme Lazard, une autre entité membre du FEM. En 2022, Bpifrance France avait annoncé une augmentation de capital favorablement accueillie par les marchés et CMA CGM avait alors annoncé dépasser le seuil des 5 % de participation dans le capital d’Eutelsat, moins d’un an après son arrivée en tant qu’actionnaire. Parallèlement, d’autres entités proches du FEM, telles que Vanguard (via BlackRock), le fonds norvégien ou China Energy Investment Corporation, se désengageaient. C’est le cas également du China Energy Investment Corporation. C’est le cas aussi du Fonds Stratégique de Participations (ISALT), dont les actionnaires et les administrateurs sont 7 grandes compagnies d’assurance françaises, y compris BNP Paribas Cardif, BPCE Assurances, et la Société Générale Assurances, proches du FEM. Sa participation est passée de 7 à 4 % entre 2023 et 2025.

Le groupe est dirigé depuis 2021 par Eva Berneke, passée par des entités membres du FEM comme McKinsey, LEGO et Vestas, fabricant d’éoliennes. Elle a remplacé Rodolphe Belmer, lui aussi passé par McKinsey, mais aussi Procter & Gamble, groupe membre du FEM, qui avait rejoins Atos, le géant du numérique français spécialisé notamment dans la cybersécurité, qui est lui aussi affilié au Forum.

OneWeb, concurent de Starlink

Le 27 avril 2021, Eutelsat annonçait investir 550 millions de dollars dans la constellation de satellites OneWeb, circulant sur une orbite basse pour fournir aux professionnels et aux particuliers un accès à haut débit dans les régions mal desservies par des liaisons terrestres à la manière de Starlink. Cet investissement faisait suite à la faillite de OneWeb qui a été sauvée par le Royaume-Uni et Bharti. Eutelsat détient désormais 24% de OneWeb.

Lors de sa prise de fonction, Berneke estimait que l’industrie spatiale traditionnelle à base de satellites géostationnaires dont Eutelsat est l’un des principaux représentants, était compatible avec la nouvelle génération de satellites « de constellation » tels que OneWeb.

Moins de deux mois après sa prise de fonction, la Directrice générale d’Eutelsat, s’est toutefois retrouvé confrontée à une crise majeure à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, le pays dirigé par Vladimir Poutine constituant un marché stratégique pour Eutelsat, représentant 6,3 % de son chiffre d’affaires en 2020/2021. OneWeb a été contraint d’annuler le lancement de 36 satellites à bord d’une fusée Soyouz, après que l’agence spatiale russe Roscosmos ait exigé des garanties concernant l’utilisation de la technologie à des fins militaires. Eutelsat annonçait ensuite en juillet 2022 la signature d’un protocole de fusion avec OneWeb, prévue pour le premier semestre 2023.

La question de la continuation des activités d’Eutelsat avec les deux plates-formes russes de télévision à péage, NTV Plus (filiale de Gazprom Media Holding, qui se trouve sur la liste de sanctions du département du Trésor des États-Unis depuis le 1er septembre 2016) et Trikolor, a aussi été source de critiques. Ces plates-formes diffusent les principales chaînes d’État russes (Rossiya 1, Perviy Kanal et NTV) vers 15 millions de foyers russes. À partir de début mars, elles ont annoncé l’interruption de la transmission de huit chaînes internationales d’information. Cette décision a suscité des interrogations sur le rôle d’Eutelsat dans la diffusion de contenu en Russie.

Les terminaux OneWeb vont-ils permettre de maintenir une couverture satellitaire fiable pour l’Ukraine, garantissant ainsi des communications continues pour les besoins militaires et civils du pays, tout en permettant la diffusion des chaines russes ?

L’initiative s’inscrit en tout cas dans une volonté européenne de renforcer l’indépendance stratégique du continent, notamment dans le domaine de l’espace vis-à-vis des acteurs privés et étrangers dans le domaine, en particulier d’Elon Musk et ses satellites Starlink.

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