Jinchao Wei, alias Patrick Wei, a été reconnu coupable par un jury fédéral de San Diego, le 20 août 2025, d’espionnage en faveur de Pékin. Ce sous-officier de la Navy, qui aurait été cyniquement recruté via les réseaux sociaux, aurait transmis des informations sensibles à un agent chinois contre une modeste somme d’argent.
Dans un climat de vigilance croissante face aux menaces étrangères, l’affaire de Jinchao « Patrick » Wei illustre les dérives de l’espionnage virtuel. Le 20 août 2025, un jury fédéral de San Diego a jugé coupable ce marin de l’US Navy de six chefs d’accusation, parmi lesquels le complot en vue de commettre un acte d’espionnage, l’espionnage proprement dit et l’exportation illégale de données techniques sensibles.
Agé de 25 ans et machiniste à bord du navire d’assaut amphibie USS Essex, Wei disposait d’une habilitation de sécurité fédérale lui ouvrant l’accès à des informations critiques sur les systèmes d’armement, de propulsion et de désalinisation. Recruté dès février 2022 via les réseaux sociaux par un individu se présentant comme un passionné de la marine affilié à la China Shipbuilding Industry Corporation – en réalité un agent du renseignement chinois –, Wei a transmis photos, vidéos, manuels et informations confidentielles prélevées à même les systèmes internes de la Navy.
En échange de ces renseignements, il a reçu environ 12 000 dollars sur une période de 18 mois. Le ministère de la Justice américain n’a pas mâché ses mots : « Les actions du mis en cause représentent une trahison odieuse de la confiance que l’on plaçait en lui en tant que membre de l’armée américaine », a dénoncé Adam Gordon, procureur du district sud de Californie. John A. Eisenberg, procureur adjoint pour la sécurité nationale, a ajouté que Wei avait violé son serment, « trahi son uniforme et ses camarades », et envisagé cette affaire comme un avertissement clair à quiconque pourrait être tenté par le facile profit.
Durant le procès, la défense a plaidé la naïveté du prévenu, affirmant qu’il n’avait jamais eu l’intention de nuire à la sécurité nationale, et que les documents partagés relevaient de l’obsolescence et n’avaient aucune incidence significative. Wei avait même conscience du risque encouru : il aurait confié à un collègue avoir été approché pour de l’espionnage, avant de résumer son aveu aux agents du FBI en un lapsus tragique : « Espionnage… Je suis foutu ».
Sa condamnation survient parallèlement à celle d’un autre marin, Wenheng Zhao, condamné en janvier 2024 à 27 mois de prison pour avoir vendu des informations militaires similaires à un agent chinois, illustrant une tendance alarmante de ciblage des personnels militaires américains via les réseaux sociaux.
Wei, acquitté d’un chef d’accusation de fraude de naturalisation, doit être condamné le 1ᵉʳ décembre 2025. Il encourt une peine maximale pouvant aller jusqu’à la perpétuité. Au-delà de ce cas, cette affaire souligne la sophistication grandissante des méthodes d’espionnage virtuel déployées par certains services étrangers, notamment chinois, afin d’extraire des données sensibles auprès de personnels clés en usant de manipulations numériques et de promesses trompeuses.
Sources :
- Axios – U.S. Navy sailor convicted of spying for China in exchange for $12,000 – publié 21 août 2025
- Justice.gov – U.S. Navy Sailor Convicted of Spying for China – communiqué du 21 août 2025
- CBS News – U.S. Navy sailor convicted of selling secrets to China – publié 21 août 2025
- Marine & Océans (AFP via M&O) – Un marin de l’US Navy condamné pour espionnage au profit de la Chine – publié 21 août 2025