Alors que l’élection présidentielle américaine oppose Donald Trump à Kamala Harris, une étude de l’institut Gallup, publiée le 14 octobre, révèle que seuls 32 % des Américains font confiance aux médias, une tendance en baisse constante depuis 1972. Plusieurs raisons expliquent ce scepticisme grandissant, a commencé par les accusations de partialité.
Cette perception de partialité est particulièrement forte chez les républicains où seulement 12 % des partisans de Trump disent croire ce qu’ils lisent, contre 54 % pour ceux de Harris. Lors du débat entre Donald Trump et Kamala Harris organisé sur ABC, propriété de Walt Disney, les Républicains avaient par exemple dénoncé un sondage truqué, le premier étant systématiquement fast-checké, contrairement à la deuxième qui avait pourtant difusé des fake news.
Cela renforce le poids des médias alternatifs, comme en témoigne le dernier podcast de Joe Rogan, qui a avait pour invité Donald Trump, remportant des recordes d’audience, en atteignant 27 millions de vues. C’est la même chose pour les réseaux sociaux, puisque X, caracole en tête des sources d’information outre-atlantique.
Les médias traditionnels n’ont pas eu d’autre choix que de prendre note de cet état de fait. Ce n’est sans doute pas un hasard, si le Washington Post de Jeff Bezos a refusé de soutenir officiellement Harris, bien que de nombreux articles d’opinion lui soient favorables. Pour Bezos, « la plupart des gens pensent que les médias sont biaisés » et il appelle à une couverture plus impartiale, même si le fait qu’il soit lié à l’état américain via son entreprise Blue Origine peut-être une autre explication.
Certains pointent également la disparition de nombreux journaux locaux qui ont créé des « déserts informationnels », laissant l’information sous l’emprise des grands médias comme Fox News ou le New York Times. Les médias locaux qui subsistent évitent souvent les sujets sensibles, y compris la présidentielle, pour ne pas perdre leurs lecteurs dans un pays politiquement polarisé.
La méfiance envers les médias, exacerbée par des perceptions de biais, des contenus sensationnalistes et une transition vers de nouveaux canaux d’information, continue d’augmenter aux Etats-unis. Les médias traditionnels doivent relever le défi de restaurer la confiance pour maintenir leur rôle essentiel dans la démocratie américaine, mais comme en France, ils ont aux mains de grands groupes industriels dont les intérêts sont trop liés au monde politique. Pendant ce temps, les médias alternatifs deviennent plus qu’une alternative.