Depuis les révélations du Washington Post sur des infractions présumées à la législation américaine sur l’immigration de la part d’Elon Musk, plusieurs médias dont Newsweek et Wired, ont demandé à des experts si le milliardaire pourrait être confronté à des répercussions légales.
Un article du Washington Post, publié le 26 octobre, accuse Musk d’avoir travaillé aux États-Unis sans autorisation dans les années 1990. À cette époque, Musk était un jeune immigrant sud-africain admis dans un programme de Stanford qu’il n’a finalement pas suivi, préférant lancer sa startup Zip2.
En 1996, des investisseurs auraient exigé que Musk et son frère, Kimbal, régularisent leur statut migratoire en échange de financements. Derek Proudian, membre du conseil d’administration de Zip2, a affirmé au Washington Post que leur statut « n’était pas conforme pour travailler légalement aux États-Unis ». Musk a nié toutes les accusations, affirmant qu’il n’a jamais enfreint la loi sur l’immigration américaine, mais Joe Biden avait repris l’information lors d’un meeting en Pennsylvanie.
Des experts juridiques ont confié au magazine Wired dans un article publié jeudi que Musk pourrait être exposé à des poursuites pénales s’il avait menti « au gouvernement dans le cadre du processus d’immigration ».
Stephen Yale-Loehr, professeur de droit à l’Université Cornell, qui s’est également exprimé dans les colonnes de Newsweek, explique dans l’article de Wired que, même si de telles violations sont rarement sanctionnées des décennies plus tard, un manquement volontaire aux règles migratoires pourrait théoriquement justifier une dénaturalisation.
Amanda Frost, experte en immigration à l’Université de Virginie, confie à nos confrères que toute fausse déclaration sur un travail non autorisé pourrait représenter un obstacle à l’obtention de la carte verte et, par la suite, de la citoyenneté américaine.
Les conséquences possibles d’une dissimulation d’informations sur l’immigration
Wired rappelle également qu’aux États-Unis, la loi permet la révocation de la naturalisation si elle a été obtenue par dissimulation de faits matériels ou fausses déclarations volontaires.
Il donne la parole à l’avocat spécialisé en immigration Ira Kurzban, qui estime que les autorités américaines de l’immigration sont devenues, selon lui, « très exigeantes » sur ce point au cours des dix dernières années. Aaron Reichlin-Melnick, chercheur principal au Conseil américain de l’immigration, pense toutefois qu’il est « difficile de révoquer la citoyenneté d’une personne pour des violations de statut relativement mineures survenues des décennies auparavant ».
Greg Siskind, avocat spécialisé en immigration, estime dans les colonnes du même média que, même si Musk avait menti, cela ne suffirait probablement pas à entraîner une dénaturalisation, car cela n’aurait probablement pas empêché l’obtention de ses statuts migratoires ultérieurs.
David Bredin, avocat spécialisé dans le domaine de l’immigration basé à New York, a également minimisé les risques pour Musk dans Newsweek, soulignant qu’il est peu probable que sa citoyenneté soit révoquée, sauf en cas de fraude avérée.
Après avoir consulté les expert, Wired conclu toutefois qu’« Une personne présente aux États-Unis avec un visa étudiant qui ne s’est pas inscrite à des cours n’aurait pas eu le droit de travailler à ce moment-là et aurait dû quitter le pays ».
Les médias cités soulignent également que Musk collabore avec le gouvernement américain dans le cadre de SpaceX. Plusieurs experts ont suggèrés que Musk pourrait clarifier la situation en autorisant la publication de ses dossiers migratoires. Cette transparence pourrait dissiper les doutes entourant ses débuts dans la Silicon Valley. Son avocat n’aurait pas répondu à cette demande de transparence, qui intervient alors que Musk s’est engagé aux côtés de Donald Trump, dont l’un des axes principaux de la campagne est la lutte contre l’immigration.
Wired reproche également à Elon Musk de prôner la théorie du « grand remplacement ». Le milliardaire s’est contenté d’approuver un tweet affirmant que « La distorsion médiatique contre Elon Musk bat son plein ». « Cette accusation est sans fondement. Elon n’a jamais lié la question de l’immigration à la race. Au contraire, il a toujours appelé à ‘dépasser les questions de race et de genre et à traiter les gens comme des individus’« , peut-ont y lire. « Sa critique des politiques d’ouverture des frontières est ancrée dans des préoccupations de bon sens telles que le respect de la loi, les questions de criminalité et de sécurité publique, la viabilité économique et le besoin fondamental d’avoir des critères clairs pour déterminer qui rejoindra le pays. »