Après des mois de désaccords politiques entre Républicains et Démocrates le Congrès américain a voté ce samedi 20 avril, une aide militaire et économique de 61 milliards de dollars pour l’Ukraine, alors que le président de la Chambre des représentants, le Républicain, Mike Johnson, qui est soupçonné d’avoir été victime de chantage avait bloqué cette aide au mois de février dernier après un vote similaire. Cette aide voté dans le cadre du Budget qui concerne également Israël, Taiwan et la réforme de la politique migratoire pour un montant total de 95 milliards pourrait être ratifiée par le Sénat ce mardi 23 avril.
Cette aide, selon le président ukrainien et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Volodymyr Zelensky, « sauvera des milliers de vies » en soutenant à la fois l’effort militaire et civil contre l’agression russe. En Europe, d’autres personnalités politiques qui figurent dans le who’s who du FEM, ont également salué cette annonce. On peut par exemple citer la ministre allemande des Affaires étrangères allemande, Annalena Baerbock, et le président du Conseil européen, Charles Michel, qui ont exprimé leur optimisme et leur soutien à l’Ukraine.
Le secrétaire général de l’OTAN et contributeur du FEM, Jens Stoltenberg, a particulièrement salué l’initiative, la qualifiant de renforcement significatif pour la sécurité collective.
Du côté russe, cette aide est perçue comme une provocation et une exacerbation du conflit. Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a déclaré que l’aide américaine enrichirait les États-Unis tout en aggravant la situation en Ukraine, accusant le régime de Kiev de contribuer à la perte de vies ukrainiennes. De même, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a critiqué l’aide, affirmant qu’elle exacerbait les crises mondiales, notamment en incluant un soutien à Israël et à Taïwan.
Un revirement de situation étonnant aux Etats-unis
Pourtant les Républicains étaient de plus en plus hostiles à une nouvelle aide à l’Ukraine. Au début de l’année, le sénateur JD Vance a même alerté sur les failles dans le suivi de l’aide américaine au pays dirigé par Zelensky, signalées par un rapport du Département de la Défense américain. Ce rapport révèlait que 59% des armes envoyées n’ont pas été correctement surveillées.
Entre temps, le SBU a révélé une énorme affaire de corruption impliquant des responsables du ministère de la Défense Ukrainien et des dirigeants du fournisseur d’armes Lviv Arsenal dans le cadre de transactions pour l’achat d’obus. Une fraude qui s’élèverait à près de 37 millions d’euros.
Les sénateurs américains étaient déjà parvenus le 4 février dernier à un accord, mais les dirigeants républicains de la Chambre, Mike Johnson, Steve Scalise, Tom Emmer et Elise Stefanik ont annoncé dans une déclaration commune que le projet de loi supplémentaire du Sénat était « mort né » et ont demandé un rejet du texte.
Les soupçons autour de Mike Johnson
L’adoption de ce pack d’aide supplémentaire intervient alors que le représentante républicaine Marjorie Taylor Greene soupçonne le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, membre de son partie, d’avoir été victime de chantage. Celui-ci qui était l’un des plus farouches opposants à ce pack d’aide a changé de positions récemment sur de nombreux sujets clés comme l’avortement, alors qu’il était un militant pro-vie, les problèmes à la frontière, les cliniques trans pour mineurs et la loi 702 sur la surveillance, des sujets brulants outre-atlantique.
Au moins de février dernier, Green évoquait également les cas des représentants républicains Ken Buck, Mike Gallagher et Tom McClintock, suggérant l’hypothèse qu’ils aient été eux aussi victimes de chantages, alors qu’ils avaient voté contre la destitution du secrétaire à la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, accusé par les Républicains d’avoir provoqué une crise migratoire à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.
À l’issue du vote, Mike Johnson en « difficulté », pour reprendre les mots du journaliste Simon Ateba, a radicalement changé de ton. Il a évoqué l’instabilité mondiale causée par la Russie, l’Iran et la Chine soulignant l’importance cruciale du leadership américain pour contrecarrer ces menaces et maintenir la sécurité globale. Conçernant la législation de sécurité nationale adoptée par le Conseil et envoyée au Sénat, il a affirmé qu’elle était conçue pour être plus responsable et stratégique que les propositions précédentes. Johnson a mis en exergue le fait que cette résolution comprend des dispositions visant à augmenter la responsabilité sur l’aide à l’Ukraine, imposer des sanctions sévères contre l’Iran, la Russie et la Chine, et s’assurer que les actifs russes contribuent au financement. Il a insisté sur l’innovation et l’amélioration apportées par la Chambre dans le processus législatif, offrant un meilleur contrôle et une meilleure efficacité dans l’utilisation des fonds alloués, notamment pour empêcher que l’aide ne bénéficie à des groupes comme le Hamas. Il a conclu en réitérant l’importance de soutenir ces mesures pour protéger les intérêts nationaux sans mettre davantage en danger les vies américaines.
La question de la frontière
« Le projet de loi de dépenses de Mike Johnson comprend désormais 300 millions de dollars pour la patrouille frontalière en Ukraine », relève le journaliste Simon Ateba, sur X. Au mois de février, Johnson, avait accusé le président et contributeur du FEM, Joe Biden, d’avoir ouvert la frontière et que son administration était à l’origine de la catastrophe frontalière actuelle.
Le président du National Border Patrol Council, Brandon Judd, déplore quant à lui que le projet de loi répartisse « plus de 95 milliards de dollars entre les pays étrangers alors que la frontière américaine est grande ouverte », d’après Ateba.
En 2013, le Center for American Progress, un think tank américain de tendance progressiste fondé par le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, John Podesta, a réalisé une étude affirmant que la régularisation d’immigrants sans papiers était le seul moyen pour le parti Démocrate de se maintenir au pouvoir à l’avenir.