Faute d’accord entre républicains et démocrates, le programme d’aide alimentaire SNAP ne sera financé qu’à 50 % en novembre. L’administration Trump puise dans un fonds d’urgence de 4,65 milliards de dollars pour éviter une rupture totale, alors que 42 millions d’Américains dépendent de cette aide vitale.
La crise politique qui paralyse Washington depuis un mois commence à frapper durement les plus fragiles. Lundi 3 novembre, l’administration Trump a annoncé une réduction drastique de l’aide alimentaire allouée à des millions d’Américains, conséquence directe du shutdown, la paralysie budgétaire qui bloque toute dépense fédérale depuis début octobre.
Le gouvernement a indiqué qu’il utiliserait 4,65 milliards de dollars (environ 4 milliards d’euros) provenant d’un fonds d’urgence, afin d’assurer temporairement le fonctionnement du programme SNAP (Supplemental Nutrition Assistance Program), principal dispositif d’aide alimentaire du pays. Cette enveloppe ne permettra toutefois de couvrir que la moitié des allocations prévues pour les foyers éligibles au mois de novembre, selon un document du ministère de l’agriculture cité par l’agence Associated Press.
Créé dans les années 1960, le SNAP est un pilier du filet social américain. Il permet à 42 millions de citoyens, souvent issus des classes laborieuses ou modestes, de se nourrir grâce à des crédits mensuels distribués par carte électronique. Dans de nombreuses villes, des files d’attente s’allongent déjà devant les banques alimentaires. « Nous voyons arriver des familles qui n’étaient jamais venues auparavant », confie un bénévole de la Holy Apostles Soup Kitchen, dans le quartier de Chelsea à New York.
La décision de financer partiellement le programme fait suite à une injonction judiciaire rendue le 31 octobre par deux juges fédéraux, dont l’un à Providence, dans l’État de Rhode Island. Ceux-ci ont ordonné à l’exécutif de puiser dans ses réserves pour maintenir un minimum de versements. L’administration Trump soutient de son côté que le programme est « à court de fonds », en raison de l’impasse budgétaire entre républicains et démocrates, qui se renvoient mutuellement la responsabilité du blocage.
Vendredi, le président Donald Trump avait assuré qu’il « ne voulait pas que les Américains aient faim », promettant de suivre toute décision de la justice permettant d’ouvrir les fonds nécessaires. Mais pour l’opposition démocrate, cette position relève de la duplicité. « Trump et son parti sont en train d’instrumentaliser la faim des 42 millions de bénéficiaires », a dénoncé Hakeem Jeffries, chef de la minorité démocrate à la Chambre des représentants.
Ce nouveau front social risque d’aggraver les tensions déjà vives autour du shutdown, le plus long depuis 2018. Dans un pays marqué par les inégalités et l’inflation persistante, la réduction de l’aide alimentaire illustre la fragilité du modèle social américain, tributaire des arbitrages politiques à Washington.
À travers le pays, les associations humanitaires redoutent désormais une explosion de la demande. « Ce qui se joue, c’est la survie de millions d’enfants, de seniors et de travailleurs pauvres », alerte Feeding America, le principal réseau d’aide alimentaire national. En attendant un compromis politique, c’est la générosité locale — dons, bénévolat et solidarité de voisinage — qui tente de combler le vide laissé par un État en panne.
Sources :
Le Monde – « États-Unis : l’aide alimentaire sera réduite en novembre en raison de la paralysie budgétaire » (3 novembre 2025) – https://www.lemonde.fr/international/article/2025/11/03/etats-unis-l-aide-alimentaire-sera-reduite-en-novembre-en-raison-de-la-paralysie-budgetaire_6651371_3210.html
AFP – Dépêche du 3 novembre 2025.