À la veille d’un scrutin municipal sous haute tension, Donald Trump multiplie les attaques contre Zohran Mamdani, favori à la mairie de New York. Le président américain accuse le jeune élu démocrate d’être « communiste » et « antisémite », tout en appelant la communauté juive à voter pour Andrew Cuomo, son rival. Un climat politique électrique s’installe dans la métropole la plus peuplée des États-Unis.
Ce qui aurait pu rester une simple élection municipale est devenu, en quelques jours, une bataille symbolique au cœur de la politique américaine. À New York, le scrutin pour désigner le nouveau maire a pris une dimension nationale, et même internationale, tant Donald Trump s’y est personnellement impliqué. Lundi soir, le président américain a menacé sur sa plateforme Truth Social de couper une partie des financements fédéraux de la ville si Zohran Mamdani, 34 ans, l’emportait. « Si le candidat communiste Zohran Mamdani remporte l’élection de maire de New York, il est très peu probable que je débloque les fonds fédéraux, autres que le minimum requis », a-t-il écrit, accusant le jeune élu de vouloir « ruiner » sa ville natale.
Cette menace directe, rarissime dans l’histoire récente du pays, a immédiatement enflammé la campagne. Déjà accusé de « haïr les juifs » par le président, Zohran Mamdani est la cible d’une offensive politique inédite. Mardi 4 novembre, Donald Trump a exhorté la communauté juive à voter contre lui, qualifiant de « personne stupide » quiconque le soutiendrait.
Né en Ouganda dans une famille d’origine indienne et musulmane, Mamdani appartient à l’aile gauche du Parti démocrate. Membre du mouvement des Socialistes démocrates d’Amérique (DSA), il s’est imposé comme un défenseur farouche de la cause palestinienne, notamment depuis le début de la guerre à Gaza. Ses positions sur Israël ont suscité la méfiance d’une partie de la communauté juive new-yorkaise, la plus importante au monde hors d’Israël. Pourtant, le candidat n’a cessé de condamner fermement l’antisémitisme, insistant sur la nécessité d’un dialogue « juste et humain » au Moyen-Orient.
Face à lui, Andrew Cuomo, 67 ans, ancien gouverneur démocrate de l’État, a repris le flambeau du camp anti-Mamdani. Défait lors des primaires de juin dernier, Cuomo se présente désormais en indépendant et a reçu le soutien explicite de Donald Trump. « Que vous aimiez personnellement Andrew Cuomo ou non, vous n’avez pas le choix », a tranché le président. Une alliance improbable, mais qui illustre la panique du camp modéré face à la poussée du jeune socialiste.
Selon The Wall Street Journal, Trump jugeait encore en octobre la course « déjà pliée » en faveur de Mamdani, crédité d’une avance de 10 à 20 points dans les sondages. Mais les dernières enquêtes, publiées lundi par Atlas Intel, réduisent cet écart à 5 ou 7 points, témoignant d’un resserrement spectaculaire. Dans les dernières heures de campagne, plusieurs figures conservatrices comme Elon Musk ont affiché leur soutien à Cuomo, tandis que le candidat du Queens ironisait sur la « coalition des milliardaires » formée contre lui.
La stratégie de Mamdani, elle, reste inchangée : une campagne de terrain fondée sur la promesse de « rendre New York abordable à nouveau ». Son équipe, composée de milliers de bénévoles, sillonne les quartiers populaires pour défendre un programme social ambitieux : encadrement des loyers, gratuité des transports et des crèches, création d’épiceries municipales. Une politique que Trump et ses alliés qualifient de « communiste », mais qui, selon de nombreux observateurs, relève davantage d’une social-démocratie européenne adaptée au contexte américain.
L’élection, observée dans tout le pays, cristallise désormais deux visions antagonistes de l’Amérique urbaine : celle d’un président populiste prêt à instrumentaliser les leviers du pouvoir pour contrer ses adversaires, et celle d’une génération montante, plus diverse, plus radicale et plus ancrée dans les luttes sociales. Barack Obama lui-même, selon Le Monde, aurait appelé Mamdani pour le féliciter de sa campagne, sans toutefois oser une prise de position publique.
Quelle que soit l’issue du vote, le duel Trump-Mamdani aura marqué un tournant : jamais la mairie de New York n’avait été autant perçue comme le théâtre d’un affrontement idéologique majeur entre deux Amériques – celle des élites établies et celle, turbulente, d’une nouvelle gauche urbaine décidée à réinventer le rêve américain.
Sources :
Franceinfo – Élection à la mairie de New York : Donald Trump appelle la communauté juive à voter contre Zohran Mamdani, favori du scrutin – francetvinfo.fr – 4 novembre 2025
Le Monde – Élection à la mairie de New York : Donald Trump tente in extremis de barrer la route à Zohran Mamdani – lemonde.fr – 4 novembre 2025