La République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda sont en train de signer ce vendredi 27 juin à Washington un accord de paix historique visant à mettre fin au conflit meurtrier qui ravage l’est de la RDC depuis plus de trois ans. Sous l’égide des Etats-Unis, cet accord marque une étape diplomatique majeure, saluée comme un « grand jour pour l’Afrique » par le président américain Donald Trump qui doit rencontrer les deux ministres des Affaires Étrangères signataires dans la soirée.
Ce traité de paix, finalisé après une réunion préparatoire le 18 juin, s’inspire d’une déclaration de principes conclue en avril entre Kinshasa et Kigali. Il prévoit notamment le respect de l’intégrité territoriale congolaise et l’arrêt immédiat des hostilités. Depuis 2021, l’offensive du groupe armé M23, soutenu militairement par le Rwanda selon l’ONU et Washington, a fait des milliers de morts et provoqué une grave crise humanitaire, notamment après la prise de Goma en janvier et de Bukavu en février.
Le texte comporte également des dispositions sur le « désengagement, le désarmement et l’intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques », ainsi qu’un mécanisme conjoint de coordination sécuritaire. Les ministres des affaires étrangères des deux pays, Thérèse Kayikwamba Wagner (RDC) et Olivier Nduhungirehe (Rwanda), viennent de signer officiellement cet accord lors d’une réunion ministérielle à Washington, en présence du secrétaire d’Etat américain Marc Rubio, avant d’être reçus par Donald Trump à la Maison Blanche dans la soirée.
Un accord soutenu par Washington et le Qatar
Cet accord a été élaboré la semaine dernière au cours de trois jours de « dialogue constructif » entre les deux délégations à Washington. Le Qatar avait également joué un rôle de médiateur en mars, accueillant à Doha le président rwandais Paul Kagame et son homologue congolais Félix Tshisekedi.
« Les Etats-Unis sont fiers de soutenir ces progrès durement acquis », a déclaré Tommy Pigott, porte-parole adjoint du département d’Etat, le 26 juin. Il a salué « une étape importante pour la paix et la région des Grands Lacs », rappelant toutefois que « la paix sur papier doit s’accompagner d’une mise en œuvre sur le terrain » pour garantir la stabilité et l’investissement économique.
Des enjeux miniers et stratégiques colossaux
Si les détails économiques de l’accord n’ont pas été dévoilés, Kinshasa avait déjà évoqué en avril un partenariat minier avec le conseiller spécial de Donald Trump pour l’Afrique, Massad Boulos. Premier producteur mondial de cobalt, la RDC détient également 60 % des réserves mondiales de coltan, minerai stratégique pour l’industrie électronique et les batteries, ce qui intéresse particulièrement Washington.
Malgré de multiples cessez-le-feu signés puis violés depuis la reprise des affrontements en 2021, cet accord de paix apparaît comme la première tentative diplomatique aboutissant à un engagement formel. Reste à savoir si sa mise en œuvre tiendra face aux réalités complexes du terrain.
Source : Le Monde.