Alors que les tensions mondiales s’intensifient autour du conflit à Gaza, l’université Columbia affiliée au Forum économique mondial, qui était le théâtre d’un campement pacifique de soutien à Gaza s’est enflammée après l’audition devant le Congrès de sa présidente Nemat Shafik qui s’est déroulée le 17 avril dernier. Elle a promis de faire preuve de fermeté face à l’antisémitisme, joignant le geste à la parole en faisant intervenir les forces de l’ordre. Depuis, cette institution prestigieuse de New York est plongée dans la tourmente et vient même de suspendre les cours en présentiel jusqu’à la fin de l’année universitaire.
Depuis le 7 octobre 2023, les tensions sont fortes sur les campus américains, où de nombreux étudiants percevaient l’État hébreux comme un colonisateur nuisant aux Palestiniens et condamnaient les bombardements à Gaza, lors de manifestations qui ont connu des dérapages antisémites.
Le 5 décembre dernier, les présidentes d’universités d’Harvard, du MIT et de l’Université de Pennsylvanie, des établissements affiliés au Forum économique mondial, ont été auditionné par la chambre des représentants. La représentante républicaine de New York, Elise Stefanik, les a appelées à condamner « sans équivoque » les attaques du 7 octobre, et à décrire les actions entreprises pour garantir la sécurité des étudiants juifs et bannir les discours de haine.
Le moins que l’ont puisse dire, c’est que les présidentes des universités avaient mollement condamné les dérives antisémites. La trumpiste, Stefanik, avait alors souligné que la présidente de Harvard refusait de confirmer le fait que son département d’études sur le Moyen-Orient avait touché 1,5 milliard de dollars « en trois ans » de la part d’entités et de gouvernements étrangers, suggérant ainsi une possible ingérence étrangère au sein de sa faculté.
Après cette audition, les présidentes de Harvard, Claudine Gay et de Pennsylvania, Liz Magill, ont perdu leur poste.
L’audition de la présidente de Columbia devant la chambre des représentants
La présidente de Columbia, université dans laquelle était dressé un « camp de solidarité avec Gaza », a été auditionnée à son tour le 17 avril par Stefanik et elle s’est montrée beaucoup plus ferme, condamnant ferment les appels au génocide juif, affirmant que cela violait le règlement intérieur de l’université. Shafik a affirmé que le professeur Mohamed Abdou qui avait exprimé son soutien au Hamas, au Hezbollah et au Jihad islamique après le 7 octobre, « ne travaillera plus jamais à Columbia » et qu’elle allait prendre des mesures disciplinaires contre une quinzaine d’étudiants.
Mercredi dernier, la présidente a déclaré que quiconque soutenant des groupes extrémistes comme le Hamas ferait face à des conséquences sévères. Le lendemain, elle faisait intervenir la police pour déloger le campement dressé sur son campus.
L’université s’enflamme
Une intervention musclée des forces de l’orde décrite par certains étudiants comme un « coup d’État militaire » s’est terminée par l’arrestation de 108 étudiants, dont la fille de la représentante démocrate du Minnesota, Ilhan Omar, d’origine somalienne.
Le campus a été bouclé par la police et durant le week-end la tension est restée forte avec des actes antisémites, des étudiants juifs auraient en effet été molestés. Dimanche, le campus était clos et lundi, les cours ont été professé en présentielle, mais des étudiants sont revenus dresser des tantes en signe de défi. Ils demandent la levée des sanctions imposées aux étudiants arrêtés, plus de transparence concernant les investissements financiers de Columbia, et le désinvestissement des entreprises participant à la guerre à Gaza.
En colère, le professeur israélo-américain, Shai Davidai, a tenté de se rendre sur le campus pour affronter les manifestants, mais il s’est vu refuser l’entrée pour des raisons de sécurité. De nombreux autres professeurs reprochent cependant à la présidente d’avoir fait intervenir la police.
L’universitaire, auteur, activiste et personnalité de la télévision américain, Marc Lamont Hill, à quant à lui annulé la conférence qu’il devait tenir mercredi dans cette université, dénonçant « la répression et de la criminalisation actuelles des étudiants par l’université ». Il exhorte « l’Université de Columbia à répondre à chacune des demandes raisonnables et fondées du boycott ».
Mais la situation à pris une autre tournure ce mardi, puisque l’on vient d’apprendre que les cours se tiendront en présentielle, jusqu’à la fin de l’année universitaire.
Une décision moquée sur les réseaux sociaux, où certains déclarent que « L’Université Columbia réalise le rêve audacieux d’une université sans étudiants ni professeurs, composée uniquement de l’administration ». C’est un peu comme un 14 juillet organisé sur les Champs-Elysées sans public.
D’autres heurts ont lieu dans d’autres universités, comme à Yale, berceau de la fraternité étudiante, Skull and Bones, par laquelle sont passés la plupart des grandes familles américains et de nombreuses personnalités politiques, comme le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, John Kerry, où une soixantaine d’étudiants défendant la cause palestinienne ont été arrêtés.
Les réactions politiques
Le président américain et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Joe Biden, est intervenu, lundi, condamnant les « manifestations antisémites » sur les campus, tout comme « ceux qui ne comprennent pas ce qui se passe avec les Palestiniens ».
Donald Trump a dénoncé sur X, le fait que lors de son procès à New York, « la zone entourant le palais de justice, dans le centre-ville de Manhattan, est fermée comme un tambour, avec la meilleure police de New York partout », alors que les manifestants pro-palestiniens se sont emparés de l’université de Columbia. « Pourquoi ne pas en envoyer à Colombia pour protéger les étudiants juifs et d’autres ?» , a-t-il questionné, ajoutant que « Les républicains veulent avoir le droit de manifester devant le palais de justice, comme tout le monde ! »
Il a ensuite critiqué sévèrement le président Biden, l’accusant d’être responsable des problèmes actuels dans les universités américaines et de la détérioration de la situation mondiale, affirmant que Biden était le pire président de l’histoire des États-Unis, incapable de gérer efficacement les affaires intérieures ou étrangères. L’ancien président a critiqué la gestion par Biden des relations avec Israël et le monde arabe, le qualifiant d’incompétent et incapable de faciliter la paix.
Stefanik a demandé la tête de la présidente de Columbia. D’après le New York Times, une motion de défiance à l’encontre de Mme Shafik devrait être présentée le mercredi 24 avril devant le conseil d’administration de l’établissement.