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Bari Weiss. Image : Chat GPT X X-Pression média.

États-Unis : Bari Weiss, l’ancienne du New York Times qui défie les médias traditionnels avec The Free Press

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Ancienne plume des pages Opinion du New York Times, Bari Weiss s’est imposée ces dernières années comme l’une des figures les plus clivantes du paysage médiatique américain. À 41 ans, elle revendique une ligne anti-woke, indépendante et pluraliste, qui séduit autant qu’elle dérange. En rupture avec ce qu’elle appelle le « tribalisme idéologique » de la presse progressiste, elle a fondé en 2021 The Free Press, un média numérique hébergé par Substack, aujourd’hui valorisé à 100 millions de dollars et fort de 1,25 million d’abonnés.

Son départ fracassant du New York Times en 2020, motivé par un rejet des logiques internes qu’elle jugeait hostiles au débat, a été suivi d’une lettre ouverte dans laquelle elle dénonçait la radicalisation idéologique et l’intolérance croissante aux opinions divergentes. À ses yeux, « être centriste dans une rédaction américaine ne devrait pas demander du courage ».

Peu après, elle lance la newsletter Common Sense, rapidement transformée en média à part entière : The Free Press. Ce dernier se donne pour mission de réinvestir les principes classiques du journalisme — honnêteté, ténacité, et liberté intellectuelle — face à une polarisation médiatique exacerbée. Elle participe notamment à l’enquête sur les Twitter Files aux côtés de Matt Taibbi, dénonçant l’opacité des politiques de modération sur les réseaux sociaux.

Une ligne éditoriale accusée de pencher à droite

Malgré son non-alignement revendiquéThe Free Press est souvent accusé de glisser vers la droite conservatrice, voire pro-MAGA, en raison du soutien financier de figures comme Marc Andreessen ou David Sacks, proches de la « tech right » trumpiste. Des critiques récurrentes ciblent ses prises de position sur la cancel culture, le progressisme identitaire, ou encore le traitement du conflit israélo-palestinien, jugées trop orientées.

Pourtant, Bari Weiss insiste sur la mixité politique de sa rédaction, composée à parts égales de républicains, démocrates et indépendants. Son objectif : proposer un espace de débat où les « dissidents culturels » — transfuges politiques, voix minoritaires ou déçus du progressisme — peuvent s’exprimer librement.

La lutte contre l’antisémitisme comme fil conducteur

S’il est un sujet qui traverse toute sa trajectoire, c’est bien l’antisémitisme. Issue d’une famille juive de Pittsburgh, Bari Weiss a été profondément marquée par l’attentat de 2018 dans la synagogue Tree of Life, où elle avait fait sa bat-mitsva. Cet événement la pousse à écrire How to Fight Anti-Semitism (2019), un essai dans lequel elle dénonce à la fois l’extrême droite suprémaciste et les dérives antisémites de certaines franges de la gauche radicale.

Depuis le 7 octobre 2024, The Free Press a vu son lectorat exploser, attirant un public inquiet de la montée de la haine contre les juifs. Mais cette mobilisation est aussi critiquée : certains reprochent au média de minimiser la situation humanitaire à Gaza, ou de titrer avec provocation sur des sujets sensibles, comme en mai 2025 avec « Le mythe de la famine à Gaza ».

UATX et Netflix : l’institutionnalisation d’une contre-culture

Weiss ne se limite pas aux médias. En 2021, elle cofonde UATX, une université installée à Austin (Texas), présentée comme un sanctuaire intellectuel à l’abri des pressions idéologiques des grandes institutions. Malgré le départ de conseillers prestigieux comme Steven Pinker, l’université a accueilli ses premiers étudiants en 2024.

Plus récemment, The Free Press a signé un contrat d’adaptation de contenus avec Netflix, confirmant son ancrage dans l’écosystème culturel américain.

Un centre introuvable ou en devenir ?

Dans une Amérique fracturée, Bari Weiss tente de construire un centre éclairé, rassemblant des techno-optimistes de droite et des libéraux désillusionnés. Mais la neutralité qu’elle revendique est souvent perçue comme une posture instable, oscillant entre critique de la gauche et complaisance envers la droite dure.

« Ils hurlent : “Choisissez votre camp !” Je vois ça comme notre force », résume-t-elle.

Reste à savoir si ce positionnement peut tenir dans un pays où l’opinion se radicalise, y compris au sein des médias. Une chose est sûre : Bari Weiss ne compte pas rentrer dans le rang. Elle continue, comme elle le dit, à « construire l’avion pendant qu’il vole déjà ».

Source : Le Monde.

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