Imaginé par la société américaine TransAstra, le « Capture Bag » est un dispositif gonflable capable de collecter aussi bien des débris spatiaux que de petits astéroïdes. Testé avec succès à bord de l’ISS, cet outil inédit pourrait ouvrir la voie à une nouvelle ère d’exploitation des ressources spatiales, malgré des défis techniques et économiques colossaux.
Un sac-poubelle… mais pour l’espace. C’est ainsi que certains ingénieurs décrivent le « Capture Bag », l’innovation audacieuse de TransAstra, une start-up américaine convaincue que la prochaine révolution industrielle aura lieu au-delà de l’atmosphère terrestre. L’idée, aussi ambitieuse que déroutante, consiste à envoyer en orbite un sac gonflable capable d’engloutir des débris spatiaux, mais aussi de capturer de petits astéroïdes destinés à être exploités comme ressources minières.
Le projet fait partie des rares initiatives concrètes dans un domaine où les promesses abondent mais où les réussites se comptent sur les doigts d’une main. Son inventeur, Joel Sercel, ingénieur aérospatial et fondateur de TransAstra, le reconnaît volontiers : « L’exploitation minière des astéroïdes est une activité très risquée et complexe. Pour qu’elle fonctionne, il faut résoudre quatre problèmes à la fois : la détection, la capture, le transport et le traitement des matériaux. » Le Capture Bag entend s’attaquer précisément à ces quatre défis.
Les premiers essais, réalisés en octobre dernier au sein de la Station spatiale internationale, ont été jugés concluants. Financé à la fois par des fonds privés (12 millions de dollars) et par la NASA (15 millions), le programme s’apprête désormais à franchir une nouvelle étape : tester une version beaucoup plus grande du dispositif. Actuellement décliné en six tailles – de « micro » à « super jumbo » –, l’outil pourrait prochainement être capable de capturer un astéroïde de 10 000 tonnes, l’équivalent d’un petit immeuble. « Dans le secteur spatial, passer de l’idée au test en vol en sept mois, c’est du jamais vu », se félicite Sercel.
La force du Capture Bag réside dans sa polyvalence : quel que soit l’objet, quelles que soient sa forme, sa rotation ou sa vitesse, le même sac peut potentiellement l’englober pour le stabiliser et le transporter. Un atout crucial dans un environnement où les débris orbitaux se comptent par centaines de milliers, et où les petits astéroïdes – souvent invisibles depuis la Terre – constituent autant de ressources potentielles.
Pour aller plus loin dans cette quête de « ruée vers l’or cosmique », TransAstra a déjà déployé douze télescopes Sutter sur trois sites, avec un quatrième attendu en Espagne. Leur nom est un clin d’œil à Sutter’s Mill, où fut découverte la première pépite d’or en Californie en 1848. Ces télescopes doivent permettre de détecter les petits corps célestes encore mal répertoriés. « Si cela fonctionne, cela ouvrira véritablement la voie à l’exploitation minière des astéroïdes », estime John Crassidis, professeur de génie mécanique à l’université de Buffalo. Reste la question de la rentabilité, sur laquelle il se veut prudent : « 2028 est un objectif ambitieux. J’espère qu’ils y parviendront. »
La route reste longue. Les précédents ne plaident pas en faveur d’un succès rapide : Planetary Resources et Deep Space Industries, deux pionniers du secteur, se sont effondrés avant d’extraire le moindre gramme de minerai extraterrestre. La collecte d’échantillons d’astéroïdes par les agences spatiales reste rare : seules trois missions ont, pour l’heure, permis un retour sur Terre d’échantillons analysables.
Pour TransAstra, pourtant, l’horizon est clair. L’entreprise espère récupérer son premier astéroïde en 2028, persuadée que la combinaison capture–extraction pourrait constituer un modèle viable. Et au-delà de la perspective minière, le Capture Bag ouvre une voie immédiate : réduire la pollution orbitale, qui menace déjà les satellites, les transmissions et les missions habitées.
Qu’il devienne l’outil phare d’une exploitation minière interplanétaire ou qu’il s’impose avant tout comme solution de nettoyage spatial, le Capture Bag marque peut-être un tournant : celui où l’ingénierie humaine tente enfin de reprendre la main sur un environnement orbital devenu incontrôlable.
Sources :
CNews – Article publié le 14/11/2025 – [lien]
CNN – Entretiens avec Joel Sercel cités dans le reportage