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Le scientifique en chef de l'OMS et contributeur de l'agenda 2030 du Forum économique mondial, Jeremy Farrar à Davos en 2019. Photo : @World Economic Forum.

L’OMS, qui avait surestimé la gravité de la pandémie de H1N1, s’inquiète de la propagation mondiale du virus H5N1

Le directeur scientifique de l’OMS et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, le Dr. Jeremy Farrar, a exprimé de profondes préoccupations à l’égard de la propagation mondiale du virus H5N1, lors d’une conférence des Nations Unies qui s’est tenue le jeudi 18 avril à Genève. Des propos à prendre toutefois avec des pincettes alors que l’OMS avait été accusée en 2009 par le Conseil de l’Europe et le Sénat Français d’avoir largement surestimé la gravité de la pandémie H1N1 en 2019.

La grippe aviaire, connue pour son impact dévastateur sur les populations d’oiseaux, suscite désormais une inquiétude croissante au niveau mondial en raison de sa propagation chez les mammifères. 

Historiquement, le virus H5N1, identifié pour la première fois en 1996 chez une oie sauvage en Chine, était principalement une menace pour les volailles et les canards. Cependant, depuis 2020, il a infecté une plus large gamme de mammifères à travers le monde. La récente découverte de l’infection chez les bovins aux États-Unis, une espèce auparavant considérée comme résistante, marque une évolution préoccupante du virus, selon les experts de l’OMS, l’agence onusienne affiliée au Forum économique mondiale. 

Son scientifique en chef, a exprimé son « énorme inquiétude », soulignant le potentiel de cette zoonose à devenir une pandémie animale.

L’évolution rapide du H5N1 soulève également des craintes parmi les experts en santé publique que le virus puisse un jour acquérir la capacité d’infecter les humains et se transmettre d’une personne à une autre, bien que le virus n’ait pas encore démontré cette capacité. 

Le Dr. Bruno Lina, qui était devenu membre du groupe Plan Pandémie en 2009, dans le cadre de la gestion de la pandémie de H1N1, sur laquelle il a rédigé de nombreux articles, avant d’intégrer le Conseil scientifique durant la crise sanitaire, puis le comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars), qui lui a succédé en juillet 2022, a noté dans les colonnes du Monde, que des mutations spécifiques seraient nécessaires pour permettre une telle transmission, brandissant la menace l’apparition, il y a trois ou quatre ans, « d’un nouveau lignage, nommé 2.3.4.4b », qui serait plus contagieux chez les animaux et plus même à franchir la barrière des espèces. 

En dépit de ces inquiétudes, les cas de grippe aviaire chez l’homme restent rares, mais sévères, avec un taux de létalité élevé. Entre janvier 2023 et avril 2024, l’OMS a enregistré 889 cas humains dans 23 pays, avec un taux de létalité de 52 %. Heureusement, l’unique cas humain lié à l’épidémie constaté chez les vaches aux États-Unis s’est manifesté uniquement par une conjonctivite, chez un travailleur laitier, reflétant la limitation du virus à infecter uniquement certaines parties du corps humain. Toutefois le présence du virus aurait été retrouvé dans du lait et l’OMS a recommandé le 19 avril, de ne consommer que du lait pasteurisé. 

Face à la propagation de la grippe aviaire chez les mammifères et les récents foyers chez les volailles, les efforts de surveillance ont été renforcés, notamment en France où la situation chez les éleveurs de volaille est suivie de près. La France a déjà pris des mesures proactives en vaccinant ses canards domestiques, depuis le 1er octobre 2023. Aux États-Unis, des mesures similaires sont en cours d’implémentation chez les éleveurs de bétail.

Concernant la vaccination humaine, l’OMS tient à jour une liste de candidat vaccin, susceptibles d’être produits en masse et certains pays comme les Etats-unis disposent d’un petit stock de dose destiné à vacciner les populations les plus à risque en cas de besoin.

L’épidémiologiste à l’Institut Pasteur et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Arnaud Fontanet, affirme dans les colonnes du monde que « Cela fait plus de vingt-cinq ans que le scénario d’une transmission du virus H5N1 à l’homme nous inquiète ». Dès 1948, l’OMS, dans son « Programme mondial pour la surveillance de la grippe », a en effet établi un réseau de surveillance qui s’appuyait sur une collaboration étendue d’une centaine de laboratoires à travers le monde. Toutefois, Fontanet estime que « Si le scénario ne s’est jamais produit, le simple fait que la circulation du virus s’intensifie est une source d’inquiétude ». 

Le précédent de la pandémie de H1N1

Cette inquiétude s’était renforcée dès les années 90, et plus intensément à partir de 2004, quand l’OMS s’est centrée sur le risque lié au H1N1, comme le précisait le rapport de la Commission d’enquête du Sénat intitulé, Retours sur « la première pandémie du XXIe siècle », publié le 29 juillet 2010. Après cette pandémie, l’OMS qui était alors dirigée par la contributrice de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Margaret Chan, avait été vivement critiquée pour avoir largement surestimé la gravité de la pandémie.

L’agence onusienne avait d’ailleurs dû s’expliquer devant le conseil de l’Europe, devant une commission chargée d’évaluer « la menace des fausses pandémies pour la Santé ». La pandémie de H1N1 avait finalement entraîné environ 15 000 décès dans le monde, tandis que l’OMS estime que la grippe saisonnière fait entre 250 000 et 500 000 décès chaque année. 

L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a finalement publié le 4 juin 2010, un rapport accusant l’OMS, de « défaut de transparence », « gaspillage d’argent public » et d’« incitation à une crainte injustifiée ». Le rapport présenté par le socialiste Britannique, Paul Flynn, évoquait également « l’éventuelle influence de certains groupe pharmaceutiques sur certaines décisions clés », tout en se disant « inquiet du manque de transparence concernant l’identité des experts dont les recommandations ont eu un impact majeur ». La Commission préconisait la mise en Pace de garantie contre « l’influence d’intérêts particuliers » et une collaboration accrue avec les médias pour éviter le sensationnalisme dans le domaine de la Santé publique. 

Le rapport sénatorial pointait du doigt une « opacité » au sein de l’OMS et un besoin impératif de repenser la gestion « des conflits d’intérêts ». La commission d’enquête critiquait également la gestion des experts souvent jugée trop hermétique aux critiques et aux avis divergents, ce qui pouvait générer des « biais dangereux ». Concernant les contrats signés avec les groupes pharamceutiques, les sénateurs affirmaient qu’ils pouvaient « conduire à se demander si les autorités publiques se sont montrées assez soucieuses de garder la maîtrise de la gestion des crises qui doit être la leur ».  « Il semble en effet qu’aient été acceptées des clauses qui n’auraient pas dû l’être et qui font craindre que les gestionnaires de certaines entreprises aient un peu oublié la conscience aiguë des problèmes de santé publique qui caractérisait autrefois le secteur du vaccin, pour laisser prévaloir des considérations excessivement commerciales. »

Dans un reportage diffusé le 17 février 2010, TF1 s’était rendu dans un cabinet d’avocats spécialisé en Santé publique pour analyser les contrats conclus entre les entreprises pharmaceutiques et les gouvernements. Après avoir pris connaissance de ces derniers, un juristes soulignait face caméra que ces contrats étaient déclenchés par la déclaration de pandémie par l’OMS, ce qui entrainait la production de vaccins. Nos confrères rappelaient que l’OMS avait été accusée d’avoir modifié la définition de la pandémie en 2009, en ne prenant plus en compte la gravité en termes de décès. Cependant, le numéro 2 de l’OMS a nié que le nombre de décès ait jamais été un critère. Ce qui était démenti pas TF1 et des épidémiologistes comme le professeur Marc Gentilini.

En 2012, le Dr German Velasquez qui a travaillé 20 ans au sein l’agence onusienne et qui était directeur du secrétariat de l’OMS pour la Santé publique, l’innovation et la propriété intellectuelle lorsque l’épidémie a éclaté en 2009, a vivement critiqué la gestion de la pandémie H1N1. « Dans les critères pris en compte par l’OMS pour déclarer la pandémie, il n’y avait pas le critère de la sévérité. La mortalité était très basse et beaucoup de gens disaient qu’avec une sévérité aussi légère, cela ne se justifiait pas de lancer l’alerte », a-t-il confirmé, précisant même qu’il n’avait vu personne se faire vacciner dans les locaux de l’agence onusienne.

Au final, les commandes de vaccins par les gouvernements se sont élevés à un montant de 400 milliards de dollars et la plupart des doses ont fini à la poubelle. Mais nous ne sommes pas prêt d’apprendre ce genre de choses dans les livres d’histoire, car l’ancienne ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, qui avait été accusée d’avoir acheté en excès des vaccins qui ont finalement été gaspillés, vient d’être nommée le 18 mars dernier à la présidence du Comité d’Histoire des administrations chargées de la Santé, qui a pour mission principale de reconstituer l’évolution des politiques de Santé en France. 

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