Alors que la Journée mondiale de la tuberculose approche le 24 mars, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) tire la sonnette d’alarme dans un communiqué publié aujourd’hui face aux perturbations mondiales des services de lutte contre cette maladie infectieuse.
Malgré des progrès significatifs ayant permis de sauver environ 79 millions de vies depuis l’an 2000, la tuberculose reste la maladie infectieuse la plus meurtrière au monde, causant plus d’un million de décès par an, selon l’OMS. Cependant, l’organisation s’inquiète de ce qu’elle considère comme une réduction brutale des financements en santé publique mettant, d’après elle en péril ces avancées et pourrait aggraver la situation, notamment en raison de la montée de la résistance aux médicaments et des conflits en Afrique, au Moyen-Orient et en Europe de l’Est.
Une Régression Alarmante des Efforts Mondiaux ?
Sous le thème « Yes! We Can End TB: Commit, Invest, Deliver », la campagne de cette année insiste sur l’urgence d’un engagement fort pour enrayer la propagation de la maladie. Le directeur général de l’OMS et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus affirme que les engagements pris par les dirigeants mondiaux lors de l’Assemblée générale des Nations unies ne doivent pas être abandonnés. Les rapports récents de l’OMS indiquent que 27 pays à forte charge tuberculeuse connaissaient déjà une rupture critique dans leur réponse à la maladie, ce qui entraînerait des pénuries de personnel, des retards dans les diagnostics, la désorganisation des systèmes de surveillance et des interruptions d’approvisionnement en traitements.
Les pays d’Afrique, d’Asie du Sud-Est et du Pacifique occidental sont les plus touchés par ces coupes budgétaires. L’agence onusienne déplore un sous-financement chronique, affirmant qu’en 2023, seuls 26 % des 22 milliards de dollars nécessaires pour la prévention et les soins de la tuberculose étaient disponibles. La recherche est également en crise, selon elle, avec seulement un cinquième des 5 milliards de dollars requis pour accélérer le développement de vaccins et de nouveaux traitements.
Un Appel à l’Action Mondiale
Face à cette situation critique, l’OMS et son Groupe de travail de la société civile sur la tuberculose ont publié une déclaration conjointe exigeant une réponse immédiate des gouvernements et des bailleurs de fonds. Cette déclaration met en avant cinq priorités clés : garantir la continuité des services, sécuriser des financements nationaux stables, renforcer les collaborations avec les organisations civiles et les ONG, assurer la disponibilité des médicaments et des diagnostics et améliorer les systèmes de surveillance pour détecter rapidement les perturbations.
L’OMS propose une approche intégrée en associant la lutte contre la tuberculose aux soins de santé primaires et aux maladies pulmonaires, une stratégie qui prend en compte des facteurs de risque tels que la malnutrition, la pollution de l’air et la consommation de tabac. Cette vision globale vise à optimiser les ressources existantes et à garantir un accès équitable aux soins.
Un Appel à la Mobilisation Générale
Avant la Journée mondiale de la tuberculose, l’OMS appelle les gouvernements, les donateurs et les citoyens à unir leurs efforts pour éviter une crise sanitaire majeure. Elle estime que sans une action concertée et des financements urgents, les progrès réalisés risquent d’être réduits à néant, exposant des millions de vies à une menace évitable. L’investissement dans la lutte contre la tuberculose est non seulement une nécessité humanitaire, mais aussi un enjeu économique souligne-t-elle. D’après l’OMS, chaque dollar investi génère un retour de 43 dollars en bénéfices économiques et sanitaires.