Jugé à Brasilia pour tentative de coup d’État en 2023, l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro a reconnu pour la première fois devant les juges avoir tenté de conserver le pouvoir, au moyen de discussions avec les chefs militaires.
Une audience décisive s’est tenue ce mardi 10 juin à Brasilia, dans le cadre du procès de Jair Bolsonaro, poursuivi pour tentative de coup d’État à l’issue de l’élection présidentielle de 2022. L’ancien président d’extrême droite, battu par Luiz Inácio Lula da Silva en octobre 2022, est accusé d’avoir cherché à renverser les résultats du scrutin.
Face aux juges du Tribunal supérieur électoral, Bolsonaro a admis avoir eu « des conversations informelles » avec des responsables des forces armées, dans le but de discuter « d’alternatives, dans le cadre de la Constitution », pour rester à la tête du pays.
Un procès au cœur de l’actualité politique brésilienne
Le procès de l’ancien président se concentre sur les faits survenus au tournant de l’année 2022-2023. Dès la proclamation des résultats, Jair Bolsonaro avait refusé dans un premier temps d’admettre sa défaite, laissant planer le doute sur une possible contestation des institutions. Cette stratégie avait culminé avec les événements du 8 janvier 2023, lorsque des milliers de ses partisans ont envahi le Congrès, la Cour suprême et le palais présidentiel, à Brasilia. Beaucoup de manifestants ont réclamé l’analyse des boites noires des machines de vote en ligne.
Bien que Bolsonaro ait condamné officiellement cette attaque menée par des groupes militants, l’enquête judiciaire a mis en lumière une série de réunions et de communications entre l’ex-chef de l’État, ses proches conseillers et des officiers militaires. Ces démarches, selon l’accusation, visaient à élaborer une intervention des forces armées pour empêcher la passation de pouvoir.
Reconnaissance partielle devant la justice
Devant les juges ce 11 juin, Jair Bolsonaro n’a toutefois pas reconnu explicitement avoir fomenté un coup d’État. Il affirme s’être limité à l’examen d’options légales : « J’ai parlé avec des commandants militaires. Nous avons évoqué des alternatives, dans le cadre de la Constitution. » La justice brésilienne s’interroge néanmoins sur la nature de ces discussions et leurs implications pour la démocratie.
L’ancien président doit également répondre d’autres accusations dans le cadre de cette affaire, concernant l’usage politique de documents falsifiés et des pressions sur les institutions du pays. Le verdict du Tribunal supérieur électoral est attendu dans les prochains mois. D’ores et déjà, Jair Bolsonaro fait l’objet d’une inéligibilité fixée à huit ans, prononcée en 2023, précisément pour avoir utilisé les structures de l’État à des fins politiques en remettant en cause sans preuve la fiabilité du système électoral.
La reconnaissance par Jair Bolsonaro, devant les juges de Brasilia, d’avoir tenté de conserver le pouvoir après sa défaite électorale en 2022 constitue une étape clé dans ce procès pour tentative de coup d’État au Brésil, même si des personnalités comme Elon Musk ont d’un autre côté évoqué un acharnement de la justice brésilienne, en particulier du juge Morales, à l’égard de Bolsonaro, depuis l’élection de Lula.
Source : Le Monde