L’élection présidentielle américaine de 2024 a vu s’affronter deux géants politiques, Donald Trump et Kamala Harris, dans une course marquée par des financements records. Ensemble, ils ont levé près de 2,75 milliards de dollars, selon les chiffres de l’ONG, Open Secrets. Entre contributions massives et petites donations, le rôle des fonds privés et des super-PACs s’est révélé crucial pour les deux candidats.
Dans cette campagne, ni Donald Trump ni Kamala Harris n’ont accepté de fonds publics, une tendance initiée par Barack Obama en 2008. Ce choix permet aux candidats de s’affranchir des contraintes des subventions fédérales. Cependant, cette décision entraîne une forte dépendance aux contributions privées, où les super-PACs (comités d’action politique indépendants) jouent un rôle déterminant.
Les donateurs de Trump
Chez Trump, les super-PACs ont assuré 65 % des financements, bien plus qu’en 2020. Parmi eux, « Make America Great Again Inc. » s’est démarqué en levant plus de 330 millions de dollars. Ce super-PAC a notamment bénéficié de dons de grandes figures comme Timothy Mellon, qui a contribué à hauteur de 150 millions de dollars, et Elon Musk, dont la société SpaceX a versé 118 millions de dollars via « America PAC (Texas) », ou encore les époux Uihlein et le fondateur du hedge fund, Citadel, Kenneth Griffin.
Les principaux soutiens appartiennent surtout aux secteurs de la finance, des assurances et de l’immobilier, mais aussi du pétrole et du gaz.
Ce mardi 5 novembre, le média indépendant Basta a révélé une enquête de l’Observatoire des multinationales, selon laquelle, plusieurs filiales de groupes français aux États-Unis, dont Sanofi, Airbus, Engie, EDF, Pernod Ricard et Thales, auraient contribué financièrement à la campagne de Donald Trump lors de l’élection présidentielle en versant des milliers de dollars. Les entreprises citées ont toutes des liens avec le Forum économique mondial, en étant directement membre de ce lobby, ou en ayant des actionnaires proches du FEM, comme c’est le cas pour Pernod Ricard (Elliott Management) et Thales (Dassault ), EDF étant un cas à part puisque détenu par l’Etat Français dirigé par le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Emmanuel Macron.
Nous nous étions nous même étonné de la bonne réaction des marchés financiers à l’élection du candidat Républicain et avions constaté que si l’action Tesla, groupe appartenant à Elon Musk avait flambé, s’était également le cas de multinationales proches du Forum économique mondial, telles que Black Rock, Cisco ou Amex.
De nombreuses personnalités de la Silicon Valley, autrefois critiques envers l’élection de Trump en 2016, lui ont apporté leur soutien lors de cette élection 2024. Parmi elles, des investisseurs de premier plan comme Marc Andreessen et Ben Horowitz, ainsi que Chamath Palihapitiya et David Sacks, figures emblématiques du podcast tech All-In, qui sont devenus des commentateurs influents de droite.
L’un des principaux contributeurs d’America PAC, est Joe Lonsdale, cofondateur de la société Palantir, spécialisée dans l’analyse de données, qui développe des logiciels de surveillance largement utilisés par des entités gouvernementales, dont le Pentagone, et fait partie du Forum économique mondial.
La donateurs de Harris
D’après les données d’Open Secrets, environ 80 % des dons en provenance de la filière technologique seraient toutefois alloués aux Démocrates. Ce chiffre, bien qu’important, montre un léger recul par rapport aux 90 % de soutien démocrate observés lors des élections de 2020.
Au total, les dons venus des grands donateurs représentent 711 millions de dollars du côté de Trump, mais Kamala Harris a elle aussi bénéficié des largesses des grands donateurs proches du Forum économique mondial, comme Bloomberg, Netflix, Sequoia Capital ou l’Open Society, la Fondation de Georges Soros, pour un montant de 649 millions de dollars. Si la part des grands donateurs est largement inférieur à celle de Trump en pourcentage, c’est qu’elle a pu bénéficier de nombreuses petites contributions individuelles, avec 42 % de ses fonds provenant de dons inférieurs à 200 dollars, mais au final, les contributions des grands donateurs sont seulement neufs points en dessous du résultat de Trump. Les petits donateurs ne représentent « que » 381 millions de dons côté Trump, contre 649 côté Harris.
En juillet, les plus grandes sources de dons pour la campagne de Biden provenaient des organisations d’idéologie démocrate ou libérale (217 millions de dollars), comme l’Open Society, et des retraités (102 millions de dollars). En tête des contributions se trouvent également le secteur financier et des assurances avec 88,2 millions de dollars, suivi par le secteur de l’éducation (40,5 millions de dollars), les cabinets juridiques (36,5 millions de dollars). Le secteur des communications et de l’électronique, qui inclut les entreprises de télévision, cinéma, musique et télécommunications, a contribué à hauteur de 31,9 millions de dollars à la campagne démocrate et les professionnels de la santé à hauteur de 24,2 millions de dollars. Les syndicats ont également apporté 18,5 millions de dollars.
De nombreux grands donateurs ayant manifesté bruyamment leur souhait de voir Joe Biden se retirer de la course présidentielle provenaient d »Hollywood, du monde du divertissement et des médias. Parmi eux, l’acteur George Clooney, proche du Forum économique mondial, s’est imposé comme la figure de proue de cette demande de changement au sein de l’industrie cinématographique.
De plus, si l’importance des Super-Pacs s’est montrées déterminante lors de cette campagne, au mois de février dernier, le super PAC, Unite the Country, qui soutenait Joe Biden avait été un des premiers à dégainer en prévoyant de débourser jusqu’à 40 millions de dollars pour mettre l’accent sur les problèmes juridiques croissants de Donald Trump et sa « menace pour la démocratie ».
Une stratégie de campagne agressive
Dans cette élection, faire campagne contre l’adversaire a été un élément central. Aux États-Unis, la publicité négative et les campagnes de communication dénigrantes font partie intégrante de la stratégie électorale. Le super-PAC « America PAC » de Trump a ainsi dépensé 74 millions de dollars pour critiquer les démocrates, illustrant une approche agressive dans la bataille pour la Maison-Blanche.
Une élection record en termes de dépenses
Cette élection marque un record en termes de dépenses. Le camp républicain a réuni 1,09 milliard de dollars, tandis que les démocrates ont récolté 1,65 milliard, incluant les fonds levés par Joe Biden avant son retrait de la course. Malgré cet afflux de ressources, le vainqueur n’a pas été le candidat le mieux financé, mais celui qui a su utiliser au mieux les soutiens et les ressources à sa disposition.
Après la course : que reste-t-il des fonds de campagne ?
Après l’élection, Kamala Harris et Donald Trump disposent encore de fonds importants. Selon Open Secrets, Trump, désormais élu, conserve 125 millions de dollars, tandis que Harris dispose d’un excédent de 178 millions de dollars.