Après la dissolution de la Jeune Garde, le député insoumis Raphaël Arnault dénonce une décision politique alignée sur l’extrême droite. Il annonce un recours devant le Conseil d’État et appelle à une mobilisation unitaire contre la montée des violences néofascistes.
Jeudi 12 juin, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a annoncé en Conseil des ministres la dissolution du collectif antifasciste La Jeune Garde, aux côtés du groupuscule d’ultradroite Lyon Populaire. Une décision vivement critiquée par Raphaël Arnault, député LFI et fondateur de la Jeune Garde, qui accuse le gouvernement de céder à la pression de l’extrême droite.
Dans une interview accordée à Mediapart, Arnault dénonce une mise en équivalence dangereuse entre antifascistes et militants néonazis, qualifiant cette décision de « contresens politique ». Il souligne que la Jeune Garde a justement été créée à Lyon en 2018 pour endiguer l’expansion du Bastion social, un groupe dissous depuis mais dont les héritiers poursuivent leur implantation.
Une offensive politique contre l’antifascisme
Selon le député, cette dissolution intervient dans un contexte préoccupant : multiplication des agressions racistes, attentats d’extrême droite récents, et montée du discours identitaire. Il reproche à Bruno Retailleau de reprendre les éléments de langage de l’extrême droite, et de répondre à une demande émise par des cadres néonazis, relayée ensuite par des députés RN.
« Si Bruno Retailleau espère faire taire l’antifascisme, il est mal tombé », prévient-il.
Un bilan revendiqué : recul de l’extrême droite à Lyon
Raphaël Arnault revendique des résultats concrets sur le terrain : la fermeture de cinq locaux d’extrême droite à Lyon, une médiatisation accrue des agressions de l’ultradroite, et une mobilisation antifasciste capable de produire une réponse collective efficace.
Il rappelle également l’engagement du collectif contre le RN lors des législatives, et revendique la victoire dans la circonscription d’Avignon comme partiellement liée à cette mobilisation.
Recours devant le Conseil d’État et appel à l’unité
Déterminé à poursuivre la lutte, Arnault annonce un recours en justice pour contester le décret de dissolution. Mais surtout, il insiste sur la nécessité de construire une stratégie antifasciste unitaire, au-delà des clivages partisans : « L’unité ne doit pas être un slogan, mais une nécessité concrète à la base ».
Face à une extrême droite qu’il juge de plus en plus violente, il appelle les forces progressistes, syndicales et militantes à s’organiser ensemble, sans attendre.
Un tournant dans la gestion politique de l’antifascisme
La décision du gouvernement pourrait marquer un tournant dans la répression des mouvements antifascistes en France. Alors que les violences de groupuscules d’ultradroite se multiplient, plusieurs voix à gauche s’inquiètent d’un glissement idéologique de l’exécutif. L’issue du recours devant le Conseil d’État sera scrutée de près.
Source : Médiapart.