Donald Trump en Écosse, J. D. Vance dans les Cotswolds : les figures de la Maison-Blanche ont multiplié les séjours au Royaume-Uni cet été. Derrière ces escapades bucoliques, se dessine une recomposition des relations entre Washington et Londres, au-delà des clivages partisans.
Du manoir de Chevening aux greens écossais, l’été 2025 a placé le Royaume-Uni au cœur de la diplomatie américaine. Donald Trump, puis son vice-président J. D. Vance, ont chacun effectué un séjour remarqué outre-Manche, dans une atmosphère à la fois décontractée et hautement symbolique. Si le choix du Royaume-Uni peut sembler classique, à l’heure où les plages méditerranéennes attirent d’ordinaire les chefs d’État, il traduit en réalité un resserrement stratégique des liens anglo-américains.
Fin juillet, le président Trump inaugurait un nouveau parcours de golf en Écosse, terre de ses ancêtres maternels. En dépit des tensions politiques, il n’a pas réagi publiquement à l’annonce faite simultanément par Keir Starmer de reconnaître la Palestine dans les semaines à venir. Une retenue inhabituelle, qui souligne une volonté d’apaisement. Quelques jours plus tard, son vice-président J. D. Vance passait dix jours dans les Cotswolds, région verdoyante prisée de l’élite américaine, et participait à une retraite diplomatique conviviale avec le ministre des Affaires étrangères David Lammy.
Le contraste entre les deux hommes est saisissant. Lammy, travailliste, progressiste, défenseur du multiculturalisme ; Vance, ultraconservateur, chrétien revendiqué, connu pour ses sorties polémiques contre le Royaume-Uni qu’il avait qualifié de « premier État islamiste doté de l’arme nucléaire ». Et pourtant, leur rencontre du 8 août à Chevening a donné lieu à des scènes de complicité inhabituelles. Séance de pêche, échange de mémoires littéraires, souvenirs d’enfance difficile : les médias n’ont pas manqué de souligner la « bromance » naissante.
Selon The Wall Street Journal, leurs racines populaires et leur foi chrétienne commune expliqueraient cette convergence inattendue. Mais pour The Spectator, il s’agit avant tout d’une manœuvre stratégique de Vance, qui utilise son statut pour tisser des liens avec la droite britannique. Des rencontres avec les conservateurs Robert Jenrick et Chris Philp ont jalonné son séjour, et un petit déjeuner avec Nigel Farage, leader de Reform UK, était prévu.
Trump, lui, semble jouer une carte différente. Plus attaché à la symbolique et à l’héritage, il cultive une relation généalogique avec l’Écosse. Vance, en revanche, incarne déjà l’après-Trump. En vue de 2028, il s’emploie à poser les jalons d’un conservatisme transatlantique renouvelé. Comme Reagan rencontrant Thatcher en 1975, Vance sait qu’un été diplomatique bien orchestré peut valoir une décennie d’influence.
Derrière les sourires estivaux, c’est donc bien une stratégie d’influence que poursuit la Maison-Blanche. Et le Royaume-Uni, premier pays à avoir signé un accord commercial avec les États-Unis depuis le retour de Trump au pouvoir, s’impose plus que jamais comme un partenaire privilégié, sinon stratégique.
Sources : Courrier international, Politico, The Wall Street Journal, The Spectator, The Times, BBC, The New Statesman