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Dioxyde de titane : des particules toxiques retrouvées dans le lait maternel et infantile

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Interdit dans l’alimentation mais toujours omniprésent dans nos produits du quotidien, le dioxyde de titane refait parler de lui. Une étude française révèle la présence massive de nanoparticules de cette substance controversée dans le lait maternel, les laits infantiles et d’origine animale, soulevant de nouvelles inquiétudes sanitaires.

Le dioxyde de titane, longtemps utilisé comme colorant alimentaire sous la forme de l’additif E171, continue de susciter l’inquiétude malgré son interdiction en France depuis 2020 et dans l’ensemble de l’Union européenne depuis 2022. Ce composé chimique, prisé pour ses propriétés opacifiantes et blanchissantes, reste toutefois couramment utilisé dans de nombreux produits non alimentaires tels que les médicaments, dentifrices, crèmes solaires, cosmétiques, peintures et emballages. Aujourd’hui, de nouvelles recherches révèlent que ses nanoparticules sont omniprésentes jusque dans le lait destiné aux nourrissons et aux enfants.

Des chercheurs de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), de l’AP-HP et du CNRS ont mis en lumière la présence systématique de dioxyde de titane dans des échantillons de lait maternel, de lait d’origine animale et de laits infantiles. Publiés dans la revue Science of the Total Environment le 23 juillet, leurs travaux s’appuient sur des analyses poussées par spectrométrie permettant non seulement de détecter cette substance, mais aussi d’en quantifier les particules selon leur taille.

Les résultats sont frappants : tous les échantillons analysés sont contaminés, sans distinction entre produits biologiques ou conventionnels. Dix femmes résidant à Paris et sa banlieue ont participé à l’étude pour le lait maternel, révélant des concentrations allant de 10 952 à 160 139 particules par gramme de lait sec. « La contamination du lait maternel constitue une preuve que le dioxyde de titane peut franchir la barrière de la glande mammaire », concluent les auteurs.

Concernant les laits animaux (vache, chèvre, ânesse) et les laits infantiles, la contamination est également généralisée. Les chercheurs ont détecté entre 16 millions et 348 millions de particules de dioxyde de titane par litre de lait d’origine animale, et jusqu’à 3,9 milliards dans certains laits infantiles. Un tiers de ces particules sont des nanoparticules, connues pour leur capacité à traverser les barrières biologiques, y compris l’intestin, le placenta et la glande mammaire.

Classé cancérogène potentiel par inhalation par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) depuis 2006, le dioxyde de titane est de plus en plus suspecté de provoquer d’autres effets toxiques, notamment par ingestion. Des études ont établi des liens entre ces nanoparticules et des inflammations, des troubles du système immunitaire, des atteintes au système nerveux, à la reproduction, ainsi que des dommages à l’ADN.

Mathilde Detcheverry, déléguée générale d’Avicenn, une association de veille sur les nanotechnologies, juge ces résultats « très préoccupants » dans les colonnes du Monde et appelle à un renforcement du principe de précaution. Elle souligne la nécessité de suspendre les usages non essentiels du dioxyde de titane, particulièrement ceux susceptibles de générer une exposition humaine ou environnementale.

Alors que Bruxelles avait accordé un délai de trois ans aux laboratoires pharmaceutiques pour retirer l’E171 de leurs formulations, aucune décision claire n’a été communiquée à ce jour. Cette inertie institutionnelle pousse Avicenn à préparer un recours en carence contre la Commission européenne, aux côtés d’une patiente atteinte de la maladie de Crohn, contrainte d’ingérer quotidiennement des médicaments contenant encore cet additif controversé.

Face à une pollution invisible mais généralisée, cette étude ouvre la voie à de futures recherches destinées à évaluer l’impact toxicologique du dioxyde de titane à tous les âges de la vie et à mieux en identifier les sources de contamination.

Source : Le Monde, d’après une étude parue dans Science of the Total Environment le 23 juillet 2025.

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