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Pierre Haski. Photo : @Myriam Levain/Stay Tunes

Désinformation russe : une armée de faux médias ciblerait les municipales 2026 selon RSF

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À cinq mois des municipales, Reporters sans frontières, l’ONG dirigé par Pierre Haski, journaliste qui s’est rendu à la réunion 2023 du groupe Bilderberg, qui s’est tenue du 18 au 21 mai à Lisbonne, alerte sur une vaste campagne de désinformation russe visant l’espace francophone. Près de 14 000 articles mensongers auraient été diffusés depuis février via de faux sites d’information imitant la presse locale et nationale, un dispositif destiné à manipuler l’opinion et attiser les peurs.

L’avertissement est clair, et il intervient à un moment politiquement sensible. À l’approche des élections municipales de 2026, Reporters sans frontières (RSF) dévoile l’ampleur supposée d’une opération de désinformation d’origine russe visant les lecteurs francophones. Depuis février, ce serait 13 900 articles qui ont été publiés sur des sites prétendument journalistiques, mais entièrement fabriqués pour diffuser des contenus trompeurs. Leur apparence soignée, inspirée des codes graphiques de la presse nationale ou régionale, leur permettrait de tromper les internautes les moins avertis.

Ces plates-formes, ou plutôt ces leurres numériques, se présentent comme des déclinaisons de titres existants. On y retrouve ainsi des pastiches de médias connus tels que « Sud-Ouest Direct », clone grossier du quotidien Sud-Ouest, ou encore « Actu Directe » et « LyonMag.com », qui donnent l’illusion d’un ancrage local ou régional crédible. Les lecteurs familiers du paysage médiatique y décèlent rapidement les incohérences, mais une partie du public – moins habituée à vérifier les sources – peut facilement être prise au piège de ces interfaces sophistiquées.

Derrière cette architecture de faux médias se cacherait un réseau d’influence russe identifié sous le nom de CopyCop. En octobre, une enquête de France Info avait déjà mis en lumière ces potentielles ingérences orchestrées. Les histoires, d’abord rapportées par la presse locale, deviendraient sous la plume algorithmique de ces opérateurs des récits dramatisés, gonflés d’assertions anxiogènes et de projections fantasmées. Ce traitement jouerait sciemment sur le sentiment d’insécurité, instrumentalisant les émotions collectives pour favoriser l’émergence de discours extrêmes.

Le recours intensif à l’intelligence artificielle viendrait amplifier cette mécaniques, selon RSF. Certaines publications reprendraient des bribes de réalité — un incident, une altercation, un vol — avant d’y ajouter un vernis alarmiste ou partisan. L’ONG s’inquiète que la frontière entre information et propagande s’efface alors au profit de récits taillés pour polariser les lecteurs. Elle regrette que ces contenus conduisent parfois à relayer des théories du complot bien connues, telles que celle du « grand remplacement », dont la viralité servirait les objectifs de fragmentation sociale visés par ces campagnes d’ingérence.

RSF met en garde contre la capacité de ces faux sites à parasiter le débat démocratique, et appelle à une vigilance accrue de la part des internautes, des rédactions et des autorités compétentes.

L’organisation rappelle que la désinformation n’opère plus seulement par le biais de faux comptes sur les réseaux sociaux ou de campagnes publicitaires ciblées. Elle emprunterait désormais le visage familier des médias traditionnels, en mimant leurs interfaces et en imitant leurs pratiques, afin de bâtir une illusion de crédibilité.

Source : Midi Libre.

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