Alors que la directive européenne sur les crédits bancaires impose un durcissement des règles d’octroi des découverts, La France insoumise accuse le gouvernement d’instaurer une interdiction déguisée. Maud Bregeon, porte-parole de l’exécutif, dément formellement et dénonce une « instrumentalisation politique ».
Les découverts bancaires, utilisés par près d’un Français sur deux, deviennent un sujet de controverse politique. Mercredi 5 novembre, la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a fustigé sur CNews et Europe 1 les « fake news » diffusées, selon elle, par La France insoumise (LFI). Le mouvement dirigé par Manuel Bompard accuse l’exécutif d’« interdire » les découverts bancaires dans le cadre d’une directive européenne qui entrera en vigueur en novembre 2026.
À l’origine de la polémique : un texte adopté par le Parlement européen et ratifié par ordonnance en septembre par Emmanuel Macron. Cette directive impose aux établissements bancaires une analyse systématique de la solvabilité du client, y compris pour les découverts inférieurs à 200 euros ou de moins d’un mois. En clair, avant d’autoriser un découvert, la banque devra désormais évaluer les revenus, les charges et l’endettement de chaque client, afin d’éviter les situations de surendettement.
« Ce que fait La France insoumise est d’une extrême gravité », a déclaré Maud Bregeon. « Ils mentent aux Français sur un sujet qui touche environ 45 % de la population ». Selon la porte-parole, il ne s’agit en aucun cas d’une interdiction, mais d’une mesure de prudence financière visant à protéger les ménages les plus fragiles.
LFI, de son côté, persiste et accuse le gouvernement de « soumettre les Français aux diktats bancaires ». Le parti a lancé fin octobre une pétition contre « l’interdiction des découverts », recueillant plus de 54 000 signatures. Pour les députés insoumis, cette directive risque de priver des millions de citoyens d’un filet de sécurité budgétaire, indispensable pour faire face aux dépenses imprévues.
Jusqu’à présent, les banques fixaient librement les conditions des découverts : montant, durée et taux d’intérêt. Ces facilités de caisse représentaient une source de revenus importante pour les établissements, mais aussi un piège pour certains clients, piégés par les agios et les découverts récurrents. À partir du 20 novembre 2026, ces marges de manœuvre seront plus strictement encadrées, avec un objectif affiché de « responsabilisation » du crédit à la consommation.
La bataille sémantique entre le gouvernement et LFI illustre une fois encore les tensions entre encadrement européen et communication politique nationale. Derrière la querelle de mots se joue une question sociale : celle de l’accès au crédit pour les foyers modestes, dans un contexte d’inflation persistante et de fragilisation du pouvoir d’achat.
Sources :
Le Monde – « Durcissement des découverts bancaires : le gouvernement accuse LFI de propager des “fake news” » – Publié le 5 novembre 202