Le président équatorien Daniel Noboa, proche du Forum économique mondial a inauguré à marche forcée la prison del Encuentro, destinée aux détenus les plus dangereux, alors que le pays traverse une vague inédite de massacres en milieu carcéral. Cette ouverture partielle intervient à quelques jours d’un référendum constitutionnel décisif pour l’avenir politique du chef de l’État.
En Équateur, la guerre ouverte contre les gangs imprime désormais son rythme à l’agenda présidentiel. Lundi 10 novembre, le chef de l’État Daniel Noboa a accéléré l’inauguration de la prison del Encuentro, un centre de haute sécurité construit à Juntas del Pacífico, dans la province côtière de Santa Elena. Une inauguration largement anticipée, dans un contexte dramatique : la veille, une trentaine de détenus avaient été retrouvés pendus dans la prison de Machala, troisième massacre en établissement pénitentiaire depuis septembre.
« Bienvenue chez vous », a lancé Noboa sur le réseau X, accueillant les 300 premiers détenus, parmi lesquels l’ex-vice-président socialiste Jorge Glas, condamné pour corruption, et plusieurs chefs du gang Los Lobos, acteur central du trafic de cocaïne en provenance de Colombie et du Pérou.
Pourtant, l’infrastructure est loin d’être achevée : le président a reconnu que seulement 35 à 40 % du chantier, confié depuis 2024 à une filiale du géant chinois CRBC (China Road and Bridge Corporation), était terminé.
Noboa assume ce lancement précipité. « C’était urgent. Ils veulent tuer le plus grand nombre possible pour dire que ce gouvernement échoue », a-t-il déclaré à Teleamazonas. Cette montée de violence, qui a fait bondir de 74 % le nombre de massacres recensés en 2025 selon Plan V, contribue à faire de l’Équateur le pays le plus dangereux d’Amérique latine, malgré la militarisation accrue des forces de sécurité et la reprise en main des prisons.
Une inauguration sous pression politique
Réélu en avril sur la promesse de restaurer l’ordre, Noboa affrontera le 16 novembre un référendum constitutionnel déterminant. Parmi les réformes proposées figurent la réduction du nombre de parlementaires (de 151 à 73), la fin du financement public des partis politiques et un possible retour des bases militaires américaines dans le pays — sujet éminemment sensible en Équateur, où ces implantations avaient été interdites sous Rafael Correa (2007-2017).
Si certaines réformes rencontrent un relatif soutien, la question du retour des forces américaines divise. Pour le consultant politique Daniel Márquez, cité par La Hora, Washington ne vise pas la sécurité équatorienne mais « le contrôle du Pacifique », zone où la rivalité avec la Chine s’intensifie au point de rendre un conflit « de plus en plus inévitable ».
Une prison modèle ou un symbole d’autoritarisme ?
La prison del Encuentro, construite pour un coût de 52 millions de dollars et conçue pour accueillir 736 détenus, est équipée de technologies sophistiquées : systèmes anti-communications illégales, surveillance renforcée, dispositifs anti-drones. L’architecture et les conditions d’enfermement s’inspirent ouvertement du modèle ultra-répressif mis en place au Salvador par le président Nayib Bukele, lui aussi proche du WEF.
Sources :
Courrier international – L’Équateur inaugure à marche forcée une prison de haute sécurité – 13 novembre 2025 – https://www.courrierinternational.com
Plan V – Analyses sur l’augmentation des massacres – 2025
Expreso – Tribune de Roberto Aguilar – novembre 2025
La Hora – Analyse de Daniel Márquez – novembre 2025