En pleine tourmente politique après la démission surprise de Sébastien Lecornu, Emmanuel Macron a convoqué ce jeudi à 14h30 les chefs de parti et de groupe parlementaire à l’Élysée. Ni le Rassemblement national ni La France insoumise ne sont invités à la table, signe d’un dialogue présidentiel toujours sélectif.
La crise politique s’intensifie au sommet de l’État. Après la démission inattendue de Sébastien Lecornu, lundi, Emmanuel Macron a convoqué dans la nuit de mercredi à jeudi les chefs de parti et de groupe de l’Assemblée nationale pour une réunion d’urgence à l’Élysée, prévue à 14h30. Selon plusieurs sources citées par l’AFP, le Rassemblement national (RN) et La France insoumise (LFI) ont été exclus de cette rencontre.
Le chef de l’État, silencieux depuis plusieurs jours malgré la gravité de la situation politique, tente de reprendre la main. Il a promis de nommer un nouveau Premier ministre d’ici “vendredi soir”, à l’issue des consultations en cours. En attendant, il a chargé Sébastien Lecornu de mener “les ultimes négociations” avec les forces politiques, mission qui s’est achevée mercredi soir lors d’un entretien télévisé au JT de France 2.
Aucun détail n’a encore filtré sur les modalités de la prochaine prise de parole présidentielle. Mais selon l’entourage du chef de l’État, une allocution télévisée serait envisagée dans les prochaines heures pour clarifier la ligne politique et institutionnelle à suivre.
À l’Élysée, la tension est palpable. Le scénario d’une reconduction de Sébastien Lecornu à Matignon — malgré sa démission — reste “sur la table”, selon plusieurs sources proches de la majorité. L’ancien ministre des Armées est décrit comme “fatigué, mais loyal”, et n’exclurait pas un retour si le président le lui demandait. Interrogé mercredi soir, il a toutefois affirmé ne “pas courir après le job” et avoir “terminé sa mission”.
D’autres noms circulent avec insistance, dont ceux de Pierre Moscovici ou Jean-Louis Borloo, figure centriste et ancien ministre de Nicolas Sarkozy, présenté comme un possible “profil de rassemblement”. Mais l’intéressé a démenti toute prise de contact avec l’Élysée. D’autres hypothèses, plus technocratiques ou transpartisanes, sont également évoquées pour tenter de sortir de l’impasse politique actuelle.
En choisissant d’exclure les représentants du RN et de LFI de cette réunion, Emmanuel Macron entend sans doute préserver un cadre de dialogue “républicain” limité aux forces jugées constructives. Mais cette stratégie, déjà employée lors de précédentes crises, risque de renforcer le sentiment d’exclusion au sein d’une partie de l’opposition et de radicaliser le climat politique à quelques jours d’un remaniement majeur.
Alors que le pays s’enfonce dans une période d’incertitude, le président joue une nouvelle fois la carte du temps et du secret, fidèle à son style : concentrer la décision à l’Élysée pour tenter de reprendre la main — au risque d’alimenter un peu plus la défiance politique.
Sources :
Courrier international – « Emmanuel Macron convie les chefs de parti, hors RN et LFI, à l’Élysée » – courrierinternational.com – 10 octobre 2025
AFP – Dépêche sur la convocation des chefs de parti à l’Élysée – 10 octobre 2025
France 2 – Journal télévisé du 9 octobre : entretien avec Sébastien Lecornu – 9 octobre 2025