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Guyane : une prison de haute sécurité au cœur de la jungle annoncée pour 2028

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Alors que la Guyane fait face à de nombreux défis sécuritaires liés au narcotrafic et à la criminalité organisée, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a annoncé un projet de construction d’une prison de haute sécurité au cœur de la jungle guyanaise. Cet établissement, prévu pour 2028, devrait accueillir jusqu’à 500 détenus, avec des unités spécialement conçues pour les profils les plus sensibles, notamment les trafiquants condamnés à de longues peines et certains détenus radicalisés.

Le choix du site, encore en cours de définition, s’inscrit dans une volonté gouvernementale d’adapter l’appareil judiciaire et pénitentiaire aux spécificités territoriales de ce département français d’Amérique du Sud, frontalier du Suriname et du Brésil. La situation géographique de la Guyane, qui en fait un corridor stratégique pour le trafic de cocaïne en direction de la France hexagonale, a contribué à placer ce projet au cœur des priorités du ministère de l’Intérieur. Selon les autorités, la future prison entend répondre à un double enjeu : désengorger les établissements pénitentiaires actuels et isoler les profils criminels les plus dangereux.

Un établissement à vocation sécuritaire renforcée

L’établissement sera doté de 60 places réservées aux personnes condamnées pour des faits liés au narcotrafic à grande échelle – notamment les têtes de réseaux opérant depuis ou à travers le territoire guyanais. Une quinzaine de cellules accueilleront également des détenus radicalisés, à hauts risques de prosélytisme ou d’évasion. Ce dispositif, annoncé comme inédit dans la région, vise à assurer un contrôle accru sur des individus souvent difficiles à gérer dans des prisons classiques.

Le reste de la capacité de détention sera alloué aux détenus incarcérés pour des délits ou crimes graves commis localement, dans un contexte où les violences armées et les tensions communautaires restent élevées. L’objectif est aussi de rapprocher les familles et les justiciables, dans un département où la distance géographique vers les centres de détention actuels – pour certains situés à plusieurs centaines de kilomètres – complique le suivi judiciaire et pénitentiaire.

Une localisation en pleine forêt équatoriale

Si la localisation exacte du centre pénitentiaire n’a pas encore été arrêtée, les services de l’État privilégient un site en retrait des zones urbaines, en lisière de la forêt amazonienne. Cette implantation, qui rappelle par certains aspects l’ancien bagne de Cayenne, suscite déjà des interrogations sur les conditions de vie, de transport et d’entretien d’une structure carcérale dans un environnement aussi isolé.

Darmanin a toutefois assuré via son ministère que « tout sera mis en œuvre pour garantir des standards de sécurité et de conditions de travail compatibles avec les exigences de la justice contemporaine ». Le choix d’un isolement géographique assumé est aussi pensé comme un levier contre les évasions ou les communications illicites avec l’extérieur.

Une réponse à la pression pénale croissante

La pression carcérale en Guyane a considérablement augmenté ces dernières années, sous l’effet d’une démographie en croissance rapide et de la multiplication des affaires liées aux trafics de drogue, à l’orpaillage illégal et aux violences. Les structures existantes, notamment la maison d’arrêt de Rémire-Montjoly, sont saturées, avec un taux d’occupation largement au-dessus des normes admises.

Face à cette situation, le gouvernement entend adapter les capacités d’accueil pénitentiaire à la réalité du terrain. Le projet guyanais s’inscrit dans une politique plus large de développement carcéral en Outre-mer, en lien avec le ministère de la Justice, autour de nouveaux établissements en Martinique, à Mayotte ou encore à La Réunion.

Porté par un calendrier de mise en service d’ici à 2028, le chantier devrait débuter dans les deux prochaines années, après la finalisation des études d’impact environnemental et les consultations locales. Le ministère s’engage également à créer sur place un bassin d’emplois autour du personnel pénitentiaire, à travers des formations spécifiques destinées à la population locale.

Reste à savoir comment cette nouvelle infrastructure s’intégrera dans un territoire où les tensions sociales et les défis logistiques pèsent lourdement sur la mise en œuvre des politiques publiques. Pour Gérald Darmanin, toutefois, le message est clair : « Il ne peut pas y avoir de sentiment d’impunité dans un territoire de la République ». Le futur établissement est présenté comme un outil clé dans la lutte contre la criminalité organisée en Guyane française.

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