Pour Beni Sabti, ancien porte-parole de l’armée israélienne en persan et spécialiste reconnu de l’Iran, Israël n’a pas improvisé la guerre de 12 jours menée en juin 2025 contre Téhéran. Cette opération fulgurante serait l’aboutissement de trente-cinq années de préparation stratégique, technologique et psychologique face à un adversaire devenu central dès la révolution islamique.
Lorsque Beni Sabti affirme qu’Israël s’est préparé « pendant 35 ans » à la guerre éclair de juin 2025 contre l’Iran, il ne s’agit pas d’une formule médiatique mais d’une thèse s’inscrivant dans l’histoire longue des relations entre les deux pays. Né en Iran puis réfugié en Israël dans les années 1980, Sabti connaît intimement la mutation du régime iranien après la révolution de 1979 et le basculement géopolitique qui a transformé Téhéran en rival stratégique d’Israël. Devenu l’un des principaux relais de l’armée israélienne en persan puis chercheur à l’Institut national d’études stratégiques (INSS), il analyse depuis des décennies les évolutions du pouvoir iranien. Sa déclaration sur la préparation de 35 ans replace ainsi la guerre de 2025 dans un continuum historique, celui d’une confrontation anticipée, redoutée et minutieusement étudiée.
La période qu’il évoque correspond à un chantier sécuritaire colossal. Sabti rappelle qu’après 1979, Israël a développé une doctrine centrée sur la dissuasion, la supériorité technologique et la capacité à neutraliser rapidement les menaces émergentes. Cette stratégie s’est traduite par la consolidation d’une puissance aérienne capable de frapper loin, par la montée en puissance d’outils cybernétiques offensifs, par la création de canaux de communication en persan destinés à influencer l’opinion iranienne et par une série d’exercices militaires simulant des scénarios de guerre contre Téhéran. Le développement de systèmes antimissiles, du Dôme de fer à des technologies plus avancées, s’inscrit dans cette même logique d’anticipation.
C’est dans ce contexte que survient, en juin 2025, l’opération « Rising Lion ». Déclenchée après une série d’attaques imputées au régime iranien, elle marque un tournant : Israël délaisse la posture strictement dissuasive pour une offensive préventive visant les infrastructures nucléaires et militaires iraniennes. En douze jours d’intenses bombardements, l’armée israélienne neutralise plusieurs systèmes de défense aérienne, endommage des installations stratégiques et frappe des centres de commandement jugés essentiels. Selon Sabti, cette efficacité est le fruit direct de décennies de préparation, d’accumulation de capacités et d’étude minutieuse de la doctrine militaire iranienne.
Dans ses analyses, l’expert insiste sur le fait que cette préparation n’est pas uniquement technique. Elle est psychologique, diplomatique et culturelle. Israël aurait méthodiquement étudié les modes de décision du régime iranien, anticipé ses réactions possibles, travaillé à désamorcer certains leviers d’escalade et consolidé des alliances extérieures permettant de contenir les effets régionaux du conflit. L’objectif, selon Sabti, était double : maximiser les gains militaires tout en évitant une spirale incontrôlée pouvant embraser l’ensemble du Moyen-Orient. Cette dimension d’ingénierie diplomatique souvent invisibilisée dans la lecture strictement militaire des événements constitue un axe central de son interprétation.
Pour Sabti, la guerre de 12 jours ne fut donc ni un accident ni une réaction impulsive, mais l’exécution d’un scénario envisagé dès les années 1980. Cette analyse met en lumière la profondeur stratégique avec laquelle Israël envisage son rapport à l’Iran, ainsi que la façon dont trois décennies de confrontation latente ont façonné une opération devenue en quelques jours l’une des plus marquantes de la scène géopolitique régionale.