You are currently viewing Conflit frontalier : Phnom Penh se dit « prête à tout moment » pour des pourparlers avec la Thaïlande malgré l’escalade
Pjnom Penh. Photo : @PPS0011/wikipedia

Conflit frontalier : Phnom Penh se dit « prête à tout moment » pour des pourparlers avec la Thaïlande malgré l’escalade

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:MONDE
  • Commentaires de la publication :0 commentaire

Alors que de violents affrontements se poursuivent le long de la frontière thaïlando-cambodgienne, un conseiller du premier ministre Hun Manet affirme que le Cambodge est disposé à entamer des négociations immédiates. Bangkok, qui accuse Phnom Penh de violer l’accord de trêve signé en octobre, exige des « gestes de sincérité » avant tout dialogue.

Le fracas des armes ne faiblit pas le long des 817 kilomètres de frontière qui séparent la Thaïlande et le Cambodge. Pour la deuxième journée consécutive, les deux pays ont échangé des tirs d’artillerie lourde malgré un accord négocié quelques mois plus tôt sous l’égide du président américain et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Donald Trump et du premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, habitué de Davos. La trêve d’octobre, déjà fragilisée, semble avoir volé en éclats. Au moins treize personnes ont été tuées et des centaines de milliers de civils ont été déplacés une nouvelle fois, contraints d’abandonner leurs villages déjà meurtris lors des affrontements de juillet.

Dans ce contexte explosif, Phnom Penh tente de reprendre l’initiative diplomatique. « Disons qu’une heure à partir de maintenant, les deux parties acceptent de se mettre à table et de commencer à communiquer : ce serait une très bonne idée », a déclaré à Reuters Suos Yara, conseiller senior du premier ministre cambodgien Hun Manet. Son message se veut clair : le Cambodge est disponible « à tout moment » pour renouer le dialogue bilatéral et mettre fin à l’escalade.

Bangkok, toutefois, se montre inflexible. Le ministre thaïlandais des affaires étrangères a affirmé que la balle était dans le camp cambodgien, exigeant des signaux de « sincérité » avant toute reprise de pourparlers et excluant tout recours à une médiation internationale. La défiance s’est accentuée après l’explosion d’une mine ayant grièvement blessé un soldat thaïlandais le mois dernier, incident qui a poussé la Thaïlande à se retirer de l’accord de trêve d’octobre. Les autorités thaïlandaises accusent le Cambodge d’avoir posé de nouveaux engins explosifs en violation du cessez-le-feu, ce que Phnom Penh rejette catégoriquement. « Une mine n’est pas une excuse pour la guerre », insiste Suos Yara.

Les tensions actuelles s’inscrivent dans une séquence plus large de tentatives diplomatiques avortées. En juillet, cinq jours de combats avaient fait au moins 48 morts, avant qu’une médiation impliquant Donald Trump et Anwar Ibrahim ne parvienne à imposer un cessez-le-feu élargi. Pourtant, malgré la signature de la trêve en octobre, la méfiance persistante entre les deux voisins a rapidement fait resurgir les soupçons de violations unilatérales.

Mardi encore, le premier ministre thaïlandais Anutin Charnvirakul a fermé la porte au dialogue, affirmant que son armée bénéficiait du plein soutien du gouvernement pour poursuivre les opérations en cours. Une position qui laisse peu de marge à une désescalade rapide, alors même que les déplacements massifs de population et les destructions d’infrastructures fragilisent davantage une région déjà vulnérable.

La perspective de pourparlers bilatéraux, bien que réaffirmée par Phnom Penh, semble donc suspendue à un changement de posture de Bangkok. Mais dans l’état actuel du conflit, l’horizon diplomatique paraît encore lointain, tandis que la frontière continue de résonner au rythme des tirs.

Sources :

Bangkok Post / Reuters – « Cambodia ‘ready at any time’ for talks » – lien

Laisser un commentaire