Interviewé par David Pujadas sur LCI, l’avocat Alain Jakubowicz a vivement critiqué ce jeudi 25 septembre le mandat de dépôt avec exécution provisoire prononcé contre Nicolas Sarkozy, condamné à cinq ans de prison dans l’affaire du financement libyen. S’il juge la peine sévère mais légitime, il estime que l’incarcération immédiate relève d’une « humiliation ».
Au lendemain de la condamnation de Nicolas Sarkozy à cinq ans de prison dont trois ferme dans le cadre de l’affaire dite du financement libyen, la décision continue de susciter des réactions. Sur LCI, dans l’émission de David Pujadas, Maître Alain Jakubowicz, président d’honneur de la LICRA et fondateur du cabinet Jakubowicz & Associés, a exprimé ses réserves, distinguant la sévérité de la sanction de ce qu’il considère comme une mesure disproportionnée.
L’avocat a rappelé que le tribunal correctionnel de Paris avait largement écarté plusieurs chefs d’accusation : « On ne retient pas le financement illégal, on ne retient pas la corruption passive, on ne retient pas le détournement de fonds publics », souligne-t-il, estimant que le dossier d’accusation avait été « réduit pratiquement à néant ». Pour lui, la condamnation finale sur l’association de malfaiteurs ressemble à « un petit supplice chinois », après plus de trois heures de lecture du jugement.
Mais ce qui choque le plus Maître Jakubowicz, c’est l’exécution provisoire de la peine, qui implique une incarcération immédiate de l’ancien président malgré l’appel. « Vingt ans après les faits, est-ce que Nicolas Sarkozy est un danger pour la société ? Est-ce qu’il y a un risque de récidive ? Est-ce qu’il y a un risque qu’il s’enfuit ? », interroge-t-il, avant de rappeler que le double degré de juridiction et la présomption d’innocence sont au fondement de l’État de droit.
Pour l’avocat lyonnais, cette décision dépasse la logique judiciaire : « La sévérité de la sanction, ce sont les cinq ans ferme. Ça, c’est l’exemplarité. Mais le renvoyer en prison immédiatement, c’est une humiliation. Or l’humiliation n’est pas prévue par le code de procédure pénale. »
Maître Jakubowicz insiste sur le caractère exceptionnel de l’exécution provisoire en matière pénale, contrairement au civil : « Elle me choque, comme elle m’avait choqué pour Marine Le Pen. On ne peut pas utiliser cette procédure comme un symbole politique. »
L’avocat apporte ainsi son soutien à l’ancien président qui a lui aussi parlé d’humiliation.
Sources :
LCI – Interview d’Alain Jakubowicz par David Pujadas sur la condamnation de Nicolas Sarkozy – 24 septembre 2025