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Justin Wang. Photo : Capture d'écran du film "Hope"

Cinéma : Justin Wang, star de ‘Hope’, raconte son calvaire après le film

Dans une interview exclusive, Justin Wang, l’acteur vedette du film « Hope » réalisé par Boris Lojkine en 2015, a partagé son expérience amère post-tournage. Originaire du Cameroun, il s’est retrouvé coincé dans son village natal, loin des projecteurs d’Hollywood dont il rêvait. Il déplore un manque de reconnaissance, n’ayant été invité à aucun des festivals où le film a été fois primé.

X-Pression Média : Vous avez joué dans le film Hope. Pouvez-vous nous expliquer dans quelles circonstances vous avez été casté ?

Justin Wang : J’étais réfugié au Maroc et j’ai été approché par un frère qui s’appelle Didier Njikam, qui travaille dans le cinéma, avec qui je suis resté proche. Il est venu avec un groupe de personnes, dont Boris [Lojkine]. Ils sont venus nous trouver dans un stade. Didier a été envoyé en premier parce qu’il est Camerounais, tout comme moi et cela apportait plus de crédibilité pour nous rencontrer.

Comment s’est déroulé le tournage ?

Au début, il m’était difficile d’entrer dans le personnage. Boris m’a pris à part et nous avons habité ensemble pendant quelques mois. Il m’a montré les ficelles du métier. Nous avons commencé le tournage dans le sud du Maroc, mais avant tout, j’ai dû signer un contrat en tant qu’acteur novice, non professionnel.

On sent que vous avez des griefs. Est-ce que vous estimez que vous n’avez pas été suffisamment payé pour ce film ?

Actuellement, j’ai de nombreuses revendications. J’ai reçu 33 000 dirhams, ce qui équivaut à environ 3 250 euros. J’étais payé environ 70 euros par jour.

Vous estimez que c’est bien moins que ce qu’un acteur occidental toucherait ?

Oui, et même moins que ce que beaucoup d’acteurs camerounais gagneraient aujourd’hui. Les conditions ici ont évolué, et je ressens une certaine honte, mais surtout je suis retourné au Cameroun à cause de Boris. Sincèrement, je ne voulais pas rentrer. J’étais mieux au Maroc. Mais il a insisté, et j’ai fini par céder.

Vous étiez au Maroc, mais depuis, vous êtes revenu à la case départ au Cameroun. C’est bien cela ?

Oui, exactement. C’est comme si je n’étais jamais sorti d’ici. C’est vraiment amer. Je me sens comme au point de départ. Je suis chez moi, dans l’extrême nord, dans la région de Mayo-Danay, à Dukla. Je suis revenu ici parce que mes parents sont décédés.

Le film a remporté de nombreux prix, comme celui de la mise en scène au Festival d’Angoulême, le prix de meilleur actrice au festival de Stuttgart, du meilleur film au festival de Padoue et a aussi été primé au festival de Hambourg. Avez-vous été invité à ces événements ?

Non, jamais. Je n’ai jamais été informé de ces récompenses. Tout ce que je sais, c’est ce que j’ai vu en photos. Je n’ai jamais été invité à défendre le film ou à recevoir des prix.Quand je suis revenu au Cameroun, j’ai été invité une fois au Festival international du film de Marrakech, mais c’était tout. Ensuite, il y a eu des promesses non tenues, des faux espoirs, comme jouer dans le second film de Boris, « Camille« , mais rien n’a changé.

Vous regrettez de ne pas avoir être présent à ces évènements ?

Beaucoup, oui. C’est douloureux d’avoir vu ce film prendre de l’ampleur sans en bénéficier. Ce que j’ai vécu ne reflète pas la vie d’un acteur ayant joué un rôle principal. C’est décevant.

Pensez-vous que ce genre de traitement est courant pour les acteurs africains dans les productions occidentales ?

Je ne pense pas être un cas isolé. Le but semble être de maximiser les profits sans se soucier de l’avenir de l’acteur. Même Boris, il ne semble pas se préoccuper de ma situation. La dernière fois que j’ai parlé avec lui, c’était en 2017.

Justin Wang dans son village natal au Cameroun. Image : Capture d’écran.

Il semblerait que la situation ce soit amélioré avec Matteo Garrone, le réalisateur du film « Moi, Capitaine », qui a fait participé ses acteurs et même des figurants à de nombreux festivals. En avez-vous entendu parlé ?

Non, mais comment aurais-je pu entendre parlé de tout ça ? Je suis coincé ici.

Avez-vous eu d’autres propositions pour jouer dans des films ?

Non, rien. Après ce qui s’est passé, j’ai sombré dans l’oubli. Ici, au nord du Cameroun, il n’y a aucune opportunité Je suis complètement plongé dans l’ombre. Dans ma région, il n’y a pas de lumière, nous avons régulièrement des coupures d’éléctricité, aucune opportunité. C’est le noir total ici. J’avais un projet de vie. Je rêvais de Hollywood. Parce que je connais mes capacités, je suis un bosseur. Et au lieu de cela, je me retrouve dans mon village natale, c’est la catastrophe.

Vous vous sentez coincé dans votre situation actuelle ?

Oui, complètement. J’ai perdu mes parents, je n’ai aucun soutien. Je suis ici, sans avenir. C’est très dur.

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