La visite de Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, à Grenoble ce 14 février 2025, avait été programmée depuis plusieurs semaines dans le cadre de la présentation d’une nouvelle stratégie contre la criminalité organisée et le narcotrafic. Toutefois, cette visite a pris une tournure particulière suite à l’attaque à la grenade qui a frappé un café associatif dans le 14e arrondissement de Grenoble, seulement deux jours avant son arrivée.
« Cela fait plusieurs semaines que j’avais choisi de présenter à Grenoble notre nouvelle stratégie contre la criminalité organisée, contre le narcotrafic, mais évidemment, ma visite prend une tournure particulière, puisque mardi, à quelques pas d’ici, il y a eu cet attentat, cette grenade qui a été lancée dans un café associatif », a confié ce matin Bruno Retailleau à la presse, précisant que « toutes les limites sont désormais dépassées ».
Une Violente Augmentation de la Criminalité
L’attaque à la grenade a gravement blessé 15 personnes, dont six sont actuellement en réanimation. « Il n’y a pas de pronostic vital engagé », a indiqué Bruno Retailleau ce matin.
Selon lui, cette violence inédite, qui a visé un lieu de rassemblement associatif, a marqué un nouveau seuil dans la guerre contre le narcotrafic à Grenoble. Bruno Retailleau a précisé que l’usage d’une grenade équipée de billes métalliques, conçue pour infliger de lourds dégâts corporels, montre l’escalade des techniques utilisées par les criminels. Il a souligné que ce type d’attaque est d’une gravité rare.
Zoom sur la jeunesse des traficants
Retailleau a également souligné que les « narco-racailles » étaient « de plus en plus jeunes », précisant que l’âge moyen est de 19 ans et que la tranche d’âge des 15 à 19 ans représente un tiers de cette population.
Le contexte grenoblois
Le ministre de l’intérieur est revenu sur le « contexte de trafic », « de criminalité organisée » régnant à Grenoble, affirmant que « c’est la raison pour laquelle », il avait choisi cette ville pour présenter sa nouvelle doctrine de lutte contre le narcotraffic.
Une nouvelle doctrine Anti-Narcotrafic
Cette stratégie qui sera présentée cette après-midi vise à répondre à l’hyper-violence qui se manifeste dans certaines zones de France. « Il faut revoir de fond en comble notre approche pour qu’on puisse précisément se battre à armes égales et pour qu’on puisse avoir un certain nombre de résultats », a prévenu Retailleau qui a promis des réponses « très concrètes et novatrices ».
Partie à la rencontre des habitants, Retailleau n’a pas voulu polémiquer autour des propos d’Eric Piolle assurant vouloir « faire la guerre aux narcotrafiquants ».
« On veut que ce combat soit au même niveau que celui du terrorisme », a précisé Retailleau qui a d’ailleurs parlé « d’attentat » au sujet de l’attaque à la grenade.
La priorité sera donnée à une approche plus globale et durable, impliquant un meilleur soutien aux forces de sécurité, notamment la police et la gendarmerie, qui sont déjà très mobilisées sur le terrain. Il a également évoqué la mise en place d’une plus grande coopération entre les autorités locales et nationales, notamment à travers des unités renforcées d’enquêteurs.
Un Message de solidarité aux forces de police
En outre, le ministre a salué le travail exceptionnel des forces de l’ordre, soulignant que l’année passée, en Isère, 300 policiers et 150 gendarmes avaient été blessés dans l’exercice de leurs fonctions. Il a réitéré son engagement à soutenir la police nationale, la gendarmerie, et la justice dans leur lutte quotidienne contre la criminalité. Une collaboration renforcée entre les services de police, la vidéosurveillance et les polices municipales qu’il souhaite armées, sera également mise en place pour améliorer l’efficacité des interventions.
Un Contexte Complexe et Un Avenir Incertain
Bruno Retailleau a rappelé que Grenoble fait partie des villes les plus touchées par la délinquance, avec des fusillades fréquentes et des meurtres liés au narcotrafic. Le ministre a indiqué qu’il allait renforcer les effectifs de policiers sur place, avec une promesse de 16 policiers supplémentaires pour renforcer les enquêtes judiciaires et la lutte contre les crimes liés à la drogue.
Bruno Retailleau a aussi exprimé la nécessité d’une réforme législative pour permettre des sanctions plus sévères contre les auteurs de violences et de délits graves, notamment les jeunes impliqués dans des crimes organisés. Il a insisté sur le fait que la justice doit s’adapter à la réalité du terrain, en particulier face à l’utilisation de techniques de guerre dans les attaques.