Les propos tenus le 3 décembre sur franceinfo par l’éditorialiste Nathalie Saint-Cricq, établissant un lien entre antisémitisme et « quête du vote musulman », suscitent un vif émoi politique et religieux. LFI comme la Grande mosquée de Paris ont saisi l’Arcom, dénonçant un amalgame jugé dangereux et contraire aux principes du service public.
La polémique enfle et dépasse désormais les frontières des réseaux sociaux. Ce lundi 8 décembre, La France insoumise a annoncé qu’elle saisissait l’Arcom à la suite des déclarations de Nathalie Saint-Cricq sur franceinfo, cinq jours plus tôt. L’échange, intervenu au cours d’un entretien avec le député Alexis Corbière, a déclenché une cascade de réactions, jusqu’à mobiliser la Grande mosquée de Paris.
Le cœur de la controverse tient à une remarque de la journaliste, formulée après une question sur les accusations d’antisémitisme visant régulièrement des responsables de LFI. Lorsque l’ancien élu insoumis insiste sur le caractère grave de ce fléau, Saint-Cricq évoque alors « la quête du vote musulman », établissant un parallèle qui surprend immédiatement son interlocuteur. Ce dernier l’interroge sur l’idée selon laquelle certains recourraient à des propos antisémites dans l’espoir de séduire un électorat musulman ; l’éditorialiste confirme, tout en affirmant ne pas viser les musulmans dans leur ensemble mais ceux qui, selon elle, seraient susceptibles de percevoir ce type de discours comme un signal politique.
Cette nuance n’a pas suffi à désamorcer les critiques. Dans son courrier adressé à l’Arcom, LFI estime que de tels propos procèdent d’une « essentialisation » assimilant « des millions de citoyens français » à un groupe dont les comportements politiques seraient supposément dictés par une complaisance envers l’antisémitisme. Une vision jugée « infondée, dangereuse et incompatible » avec les obligations d’un média de service public. Le mouvement insoumis y dénonce également un amalgame susceptible d’alimenter des tensions déjà vives autour des débats identitaires.
La réaction de la Grande mosquée de Paris a été tout aussi ferme. Dimanche soir, son recteur Chems-eddine Hafiz a annoncé saisir lui aussi l’autorité de régulation, qualifiant les propos d’« extrêmement graves ». Il estime qu’ils contribuent à installer l’idée selon laquelle l’électorat musulman formerait un bloc homogène mue par des motivations contraires aux valeurs républicaines, une vision qu’il juge profondément injuste et délétère pour la cohésion nationale.
L’Arcom, destinataire de ces saisines, devra examiner les éléments portés à son attention : pertinence du cadrage éditorial, respect de la déontologie journalistique, et conformité des propos au cahier des charges du service public audiovisuel.
Sources :
Le HuffPost / AFP – « Après des propos controversés de Nathalie Saint-Cricq, l’Arcom saisie… » – lien