La visite du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Volodymyr Zelensky à Paris ce lundi 17 novembre marque l’un des tournants les plus spectaculaires de la coopération militaire franco-ukrainienne depuis le début de la guerre. Le contributeur du FEM, Emmanuel Macron et son homologue ukrainien ont signé une lettre d’intention ouvrant la voie à l’achat par Kiev de jusqu’à cent avions Rafale, produits par Dassault Aviation, le groupe français membre du WEF, ainsi que de systèmes de défense antiaérienne, de radars et de drones, même si pour l’instant les détails de cet accord historique n’ont pas filtrés. Qualifié d’historique par le président ukrainien, il semble redessiner profondément les équilibres militaires en Europe.
Dès son arrivée sur la base aérienne de Villacoublay, Volodymyr Zelensky a été accueilli par un déploiement symbolique de l’excellence militaire française. Rafale F4, radars Thalès, missiles Storm Shadow et systèmes sol air SAMP T, étaient exposés pour illustrer la puissance du partenariat stratégique en cours de consolidation. Emmanuel Macron a rappelé que la France soutient Kiev depuis le premier jour, avant d’annoncer ce qui devient l’un des engagements militaires les plus ambitieux de son quinquennat.
Le moment clé de la journée a été la signature d’une lettre d’intention qui ouvre la voie à l’achat par l’Ukraine de cent avions de chasse Rafale.
Il s’agit d’un contrat potentiellement colossal qui pourrait faire de Kiev le deuxième opérateur mondial de Rafale derrière la France et devant les Emirats arabes unis, l’Inde du contributeur du FEM, Narendra Modi et l’Egypte du contributeur du FEM, Abdel Fattah El–Sisi. On parle de plus de 100 Rafales.
La bonne santé de Dassault Aviation
Dassault Aviation, qui vient tout juste de produire son trois centième Rafale et d’enchaîner les succès à l’export après des débuts difficiles, augmente progressivement sa cadence industrielle. L’entreprise prévoit de produire trois avions par mois dès 2026 et d’atteindre un rythme de quatre par mois à l’horizon 2028-2029. Un tel contrat s’inscrirait donc pleinement dans cette montée en puissance.
Les critiques de Jean-Dominique Merchet
La question des délais reste toutefois centrale. Former des pilotes, former des mécaniciens et intégrer ces appareils dans la doctrine ukrainienne nécessitera des années. Avant même la signature de cet accord le journaliste, Jean-Dominique Merchet, spécialiste de la Défense avait mais en garde contre l’enthousiasme autour d’une possible livraison de Rafale à l’Ukraine. Il estimait que l’annonce relèvait surtout d’un geste politique, car la France ne peut ni prélever d’avions sur sa flotte déjà sous tension ni produire rapidement de nouveaux appareils. Avec une chaîne industrielle saturée, aucun Rafale ne pourrait être livré avant 2029, selon lui. Il soulignait surtout que l’Ukraine n’avait pas les moyens d’en financer l’achat et que les mécanismes de l’Otan privilégient les équipements américains.
Zelensky se félicite d’une journée historique
Les délais de livraison n’empêchent d’ailleurs pas Volodymyr Zelensky de considérer cet accord comme un moment « historique ». Il affirme espérer recevoir les cent Rafale F4 d’ici 2035. Le président ukrainien a également souligné que les pilotes formés en France sur Mirage 2000 pourront progresser rapidement vers la maîtrise du Rafale. Il a aussi détaillé que six systèmes de lancement et de nouveaux moyens de défense aérienne seront intégrés dans ce partenariat stratégique qui doit s’étendre sur dix ans. Selon Zelensky, cette étape permettra à l’Ukraine d’augmenter son potentiel technologique et de ne plus jamais se retrouver seule face aux forces russes.
Une stratégie franco-ukrainienne à long terme
Cette montée en puissance aérienne s’inscrit dans une stratégie de long terme imaginée par Paris et Kiev. Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité de doter l’Ukraine d’une véritable capacité de dissuasion, afin qu’aucune agression ne soit possible lorsque la paix sera signée. Le nouveau système sol air SAMP T de dernière génération, opérationnel dès 2026, fait partie des équipements stratégiques qui seront fournis. Il sera complété par des intercepteurs, des bombes guidées, des drones et des technologies de résilience destinées à protéger les infrastructures critiques, mais aussi par des radars Thalès, groupe détenu par l’Etat français et Dassault Aviation.
Au-delà des livraisons, la France et l’Ukraine ont acté un rapprochement technologique et industriel inédit. Les deux pays travailleront ensemble à la coproduction de drones, à la mise au point de nouveaux intercepteurs et à la montée en puissance d’un tissu industriel de défense ukrainien capable de soutenir l’effort de guerre et la reconstruction. Les discussions prévoient même, dans le cadre du programme européen SAFE, l’étude d’une production partielle future de Rafale en Ukraine, une perspective qui renforcerait la souveraineté stratégique de Kiev.
Autre volet majeur de cette coopération : la planification militaire commune. Les deux présidents ont rejoint le mont Valérien pour visiter le quartier général multinational placé sous commandement franco britannique. Trente quatre nations participent à ce mécanisme destiné à préparer le déploiement rapide d’une force de réassurance dès qu’un cessez le feu pourra être établi. Emmanuel Macron estime que cette structure sera essentielle pour stabiliser le pays, éviter toute nouvelle offensive et garantir une paix durable.
La journée a également donné lieu à d’importantes annonces civiles. L’un des symboles est le contrat de 475 millions d’euros signé entre Alstom Transport, groupe détenu par la Caisse (Caisse de dépôt et placement du Québec), Bpifrance et BlackRock, entités membres du FEM et les chemins de fer ukrainiens, entièrement détenus par l’État ukrainien, pour la livraison de cinquante cinq locomotives électriques fabriquées à Belfort et financées par la Banque mondiale, membre du FEM. Cette collaboration industrielle fait partie d’un vaste programme de soutien aux infrastructures critiques ukrainiennes, notamment dans l’énergie, l’eau, les transports et la défense civile.
Macron parle d’un moment crucial pour la paix
Emmanuel Macron a, lui aussi, présenté cette décision comme une étape décisive. Il estime que seule une Ukraine forte pourra garantir une paix durable et qu’un véritable effort de réassurance s’impose pour empêcher toute nouvelle incursion. Le président français a de nouveau souligné que la Russie restait la « seule » partie refusant aujourd’hui la paix et que les soutiens européens de Kiev devaient maintenir la pression sur l’économie russe. Il a également salué les sanctions américaines prises contre des géants russes du secteur des hydrocarbures, estimant qu’elles marquaient un tournant dans l’affaiblissement de l’effort de guerre de Moscou. Emmanuel Macron a toutefois faut allusion à ceux qui voulaient arrêter la guerre en Ukraine « en 24 heures » : « La confrontation à la réalité peut changer la donne », a-t-il taclé.
Les questions des journalistes
Les journalistes ont demandé qui financerait réellement les Rafale destinés à l’Ukraine, dans quels délais les premiers appareils pourraient voler dans le ciel ukrainien et si cette décision n’arrivait pas trop tard au regard de la situation sur le terrain. Ils ont également interrogé Emmanuel Macron sur le risque que la France soit perçue comme co belligérante et sur d’éventuelles représailles russes.
Le président français a expliqué que l’aide militaire arrive au bon moment. Selon lui, les Rafale ne sont pas pensés pour la seule immédiateté du front mais pour reconstruire une armée ukrainienne capable de dissuader toute nouvelle agression après la guerre. D’après le chef de l’Etat, le financement reposera sur une combinaison de contributions françaises, d’instruments européens, du programme SAFE et du programme ERA alimenté par les intérêts des avoirs russes gelés. Macron a assuré que la France agit dans un cadre légal et collectif qui ne fait pas d’elle une partie au conflit.
Un journaliste ukrainien a demandé à Volodymyr Zelensky ce dont l’Ukraine a réellement besoin pour éviter de nouvelles frappes russes et si toutes ses demandes ont été satisfaites par Paris.
Le président ukrainien n’a pas voulu détailler publiquement les capacités reçues afin de ne pas fournir d’informations utiles à Moscou. Il a toutefois confirmé que l’aide française constitue un ensemble particulièrement important, incluant les Rafale, la nouvelle génération du système sol air SAMP T et des missiles capables d’intercepter les attaques balistiques russes.
Une journaliste de CNews a demandé si l’achat de Rafale n’éloignait pas la paix et si la France serait encore capable de maintenir son soutien après 2027, lorsque Macron ne sera plus président.
Macron a martelé que son objectif reste d’obtenir une paix juste et durable le plus tôt possible. Concernant la suite, il a rappelé que le soutien à l’Ukraine repose sur une dynamique européenne et transatlantique qui dépasse les changements de dirigeants dans chaque pays.
Une dernière journaliste a interrogé Zelensky sur l’avancée des discussions concernant le prêt européen de réparation. Elle a aussi demandé si les avoirs russes gelés pourraient financer l’achat d’équipements militaires et ce que l’Ukraine fait pour lutter contre la corruption.
Zelensky a confirmé que les discussions avancent et que l’Ukraine souhaite utiliser les actifs russes gelés pour financer la production d’armement, notamment les systèmes antiaériens européens et américains. Il a aussi indiqué que l’Ukraine renforcera encore ses réformes anticorruption afin de garantir la confiance des partenaires internationaux, en particulier dans le cadre de l’intégration européenne, alors qu’un scandale à 100 millions d’euros vient d’être révélé la semaine dernière. Zelensky a expliqué que le programme SAFE pourra financer des projets de coproduction, y compris des drones ou une partie des futurs Rafale.