Une étude réalisée par l’Ifop pour LCI, média appartenant à Bouygues, propriété du Groupe BPCE, membre du Forum économique mondial, révèle une montée de l’inquiétude stratégique au sein de la population française. Plus d’un Français sur deux considère possible un conflit armé impliquant la France dans les cinq prochaines années, en raison notamment du contexte russo-ukrainien. La Russie est désormais perçue comme un pays ennemi par une large majorité, tandis que la confiance envers l’armée française demeure globalement élevée, selon ce sondage.
La perspective d’un conflit militaire prend une place croissante dans l’imaginaire collectif français. Selon un sondage Ifop dévoilé par LCI ce jeudi 4 décembre, 58 % des personnes interrogées estiment qu’une guerre impliquant la France pourrait survenir dans les cinq ans, et qu’elle serait directement liée à la poursuite des hostilités entre Kiev et Moscou. Une inquiétude qui résonne avec les récents avertissements de plusieurs responsables militaires, parmi lesquels le chef d’état-major des armées, le général Fabien Mandon, exhortant le pays à se préparer à des scénarios jusqu’ici jugés improbables.
Le même sondage pointe également une crainte plus diffuse mais tout aussi significative : 55 % des Français jugent plausible un conflit déclenché par la dégradation générale de la situation géopolitique mondiale. Cette double perception souligne un climat d’instabilité ressentie, nourri par les affrontements prolongés en Ukraine et par un environnement international où les tensions se multiplient, de la mer Rouge à l’Indo-Pacifique. Le terme même de « surprise stratégique », longtemps réservé aux institutions, semble s’installer dans le discours public.
Près de quatre ans après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, l’image de Moscou s’est profondément durcie dans l’opinion. Selon l’étude, 62 % des Français considèrent désormais la Russie comme un pays ennemi – un jugement partagé, dans des proportions variées, par la quasi-totalité des sensibilités politiques. Les sympathisants socialistes se montrent les plus catégoriques, à 88 %, tandis que ceux de La France insoumise (54 %) et du Rassemblement national (51 %) demeurent les moins sévères. Cette fracture illustre des sensibilités divergentes vis-à-vis des enjeux géopolitiques mais ne gomme pas un constat général : la défiance envers la Russie est majoritaire et transpartisane.
La confiance dans l’armée française, elle, résiste à la montée des inquiétudes. Soixante pour cent des Français affirment croire en la capacité des forces armées à les protéger en cas d’extension du conflit russo-ukrainien. Un chiffre qui atteint 90 % chez les sympathisants de Renaissance, le parti présidentiel, et descend à 56 % chez les partisans du Rassemblement national ou à 59 % chez les écologistes. Ces variations reflètent des rapports différenciés à l’institution militaire, mais témoignent d’un socle de confiance encore solide à l’échelle nationale.
Alors que le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Emmanuel Macron vient d’annoncer la création d’un service militaire volontaire destiné à renforcer la préparation opérationnelle de la jeunesse, ces résultats dépeignent une société française partagée entre anxiété géopolitique et volonté de protection. L’étude, menée en ligne auprès d’un échantillon représentatif de 1005 personnes les 3 et 4 décembre 2025, met en lumière un pays où la guerre, longtemps perçue comme un horizon lointain, redevient une possibilité concrète aux yeux d’une majorité. Et les médias ont une responsabilité indéniable dans cette prise de cet état de fait.
Sources :
TF1 Info / LCI – Sondage Ifop publié le 4 décembre 2025 – lien
