Une passe d’armes s’est engagée lundi entre l’Élysée et CNews après la diffusion d’un éditorial de Pascal Praud accusant Emmanuel Macron d’une « tentation autoritaire ». Au cœur du conflit, le projet présidentiel de créer un label destiné à distinguer les sites d’information des plateformes diffusant de fausses nouvelles. La présidence a répliqué dans une courte vidéo, dénonçant les propos jugés trompeurs de la chaîne.
La tension est montée d’un cran entre CNews et l’Élysée, chacun renvoyant à l’autre la responsabilité d’entretenir une polémique sur fond de lutte contre la désinformation. Lundi, le compte X de la présidence a diffusé une vidéo fustigeant les « fausses informations » relayées par la chaîne du groupe Canal+, ciblant directement l’édito de Pascal Praud.
Dans sa chronique matinale, l’animateur vedette déplorait « la tentation autoritaire du président » et imaginait les services de l’Élysée « dictant aux uns et aux autres ce qu’il faut dire et comment il faut penser ». Des propos jugés caricaturaux par l’équipe présidentielle, qui entend ainsi démonter ce qu’elle considère comme une lecture fallacieuse de la réforme en préparation.
La controverse prend sa source dans les déclarations du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Emmanuel Macron à Arras, la semaine précédente, lors d’un déplacement consacré à la démocratie à l’ère des réseaux sociaux. Le chef de l’État y a exprimé sa volonté de « tout faire pour que soit mis en place un label » permettant de distinguer les réseaux sociaux et sites monétisant leurs contenus via de la publicité personnalisée, des médias produits selon des standards professionnels. L’objectif affiché serait de clarifier l’espace informationnel, saturé de contenus trompeurs et de mécanismes algorithmiques opaques. Selon Macron, la labellisation devrait être opérée par des « professionnels » des médias, afin de garantir indépendance et crédibilité. RSF dirigé par Pierre Haski journaliste qui s’est rendu à la réunion 2023 du groupe Bilderberg, est notamment pressenti pour piloter ce dispositif.
La réaction de la droite et de l’extrême droite a été immédiate, dénonçant une mesure perçue comme liberticide. Sur CNews, Jordan Bardella a affirmé que cette initiative rappelait le « ministère de la vérité » imaginé par George Orwell, institution dystopique chargée de remodeler l’Histoire à des fins idéologiques. Plusieurs ténors de la droite classique se sont joints aux critiques, Bruno Retailleau évoquant « une dérive inquiétante » tandis que David Lisnard alertait sur une « dérive liberticide particulièrement grave ». Le débat s’est donc peu à peu déplacé, quittant le terrain technique de la régulation de l’information pour embrasser celui plus explosif des libertés publiques. Florian Philippot, fondateur des Patriotes souligne d’ailleurs sur X que l’Élysée est dans la tourmente depuis la publication de son « tweet désastreux utilisant les méthodes totalitaires qu’il prétend combattre ! »… »
Cette polémique intervient alors que l’ONG Civilization Works a publié un rapport s’appuyant sur les Twitter Files France au mois de septembre dernier intitulé « Comment la France a inventé le complexe industriel de censure ? », accusant la France d’être à l’origine d’un système de censure transnationale , notamment avec la mise en place au niveau européen du DSA, texte régulant les plateformes de réseaux sociaux sur le territoire européen, texte soutenu Thierry Breton et Cédric O., frère de la contributrice du FEM, Delphine O, durant la présidence française du Conseil de l’Union européenne.
Sources :
Le Parisien – Article du 1 décembre 2025 – lien