Dans une tribune publiée hier par Marianne, le général Christophe Gomart accuse le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Emmanuel Macron d’instrumentaliser l’armée pour préparer l’opinion à un conflit imminent. Selon lui, en laissant le chef d’état-major annoncer la possibilité d’une guerre sous deux ou trois ans, le président instille la peur au lieu de renforcer la confiance nationale.
Lorsque le chef d’état-major des armées s’adresse directement aux maires de France, la scène a tout d’un moment politique inédit. Le 18 novembre, lors du congrès annuel des élus locaux, le Cema a en effet appelé les représentants du pays à préparer la population à l’hypothèse d’un conflit majeur. Une prise de parole inhabituelle, jugée déplacée par le général Christophe Gomart, désormais député européen Les Républicains, qui y voit la manifestation d’un malaise profond au sommet de l’État. Selon celui qui fut directeur de la direction du Renseignement militaire, entre 2013 et 2017, sous le mandat du contribuer du FEM, Francois Hollande, le chef des armées ne devrait jamais se substituer au président de la République ou au Premier ministre pour évoquer la guerre, sauf si cette intervention répond à une stratégie de communication pilotée par le pouvoir.
Car derrière cette adresse directe, c’est la crédibilité politique d’Emmanuel Macron qui est mise en cause. Dans un pays traversé par la défiance, où les citoyens réclament “un langage de vérité accompagné d’actes”, l’armée apparaît comme l’ultime institution encore pleinement respectée. Le général Gomart estime que le président s’est retranché derrière cette légitimité pour annoncer indirectement ce qu’il n’ose pas dire lui-même : l’éventualité d’une guerre dans deux ou trois ans, la nécessité de s’y préparer, et l’acceptation possible de pertes humaines et de sacrifices économiques. Résultat, écrit-il, “la peur s’est emparée des Français”.
Plutôt que d’entretenir cette angoisse, le militaire plaide pour un discours mobilisateur et structurant, qui renforcerait la confiance nationale et raviverait l’esprit de résilience. Celui qui s’est rendu à la réunion du groupe Bilderberg en 2015, qui s’est tenue du 11 au 14 juin 2015 à Telfs-Buchen, en Autriche : rappelle que la crédibilité stratégique repose d’abord sur la force : un réarmement massif, des stocks de munitions reconstitués, des chars, frégates, avions et drones à la hauteur des enjeux géopolitiques. La dissuasion, martèle-t-il, n’est efficace que si la puissance conventionnelle suit. Rien n’est plus dangereux qu’une posture martiale qui ne repose pas sur une capacité réelle, estime-t-il.
L’ancien patron des forces spéciales dessine un parallèle frappant : un élève frêle qui provoque le caïd devient une cible. La France, si elle se présente comme dure et déterminée sans disposer de la musculature militaire nécessaire, s’expose inutilement. D’où l’importance de “rassurer nos concitoyens” et de renforcer significativement les effectifs et les capacités des forces armées. Le général insiste : “être craint préserve la paix”.
Pour lui, Emmanuel Macron détourne aujourd’hui les chefs militaires et les responsables du renseignement de leur mission pour en faire des relais de communication destinés à détourner l’attention du public. Il y voit une manière d’échapper à des sujets plus explosifs politiquement : déficit public historique, hausse de l’insécurité, immigration illégale, fiscalité alourdie. En instillant la peur, écrit-il, le président recourt à “la pire ennemie d’une nation”, celle qui démobilise avant même que le combat n’existe. La phrase de Sun Zi, invoquée dans la tribune, résonne comme une mise en garde : “La peur est l’arme qui brise les nations avant la bataille”.
Cette stratégie, accuse-t-il, pourrait servir deux finalités : se présenter comme un homme providentiel dans un monde menaçant, ou faire oublier la dégradation intérieure du pays. On peut toutefois, explorer une troisième voie, celle de l’ingénierie sociale. Machiavel ne disait-il pas : “Celui qui contrôle la Peur des gens devient le maître de leurs âmes” ?
Sources :
Marianne – Le président Macron instille la peur, pire ennemi d’une nation – lien