Le service militaire volontaire proposé par Emmanuel Macron recueille un large assentiment, selon un sondage Elabe. Derrière cette enquête, une figure bien connue de l’écosystème politico-médiatique : Bernard Sananès, fondateur d’Elabe, ancien conseiller politique et expert de l’Institut Montaigne, think tank dirigé par Henri de Castries, président du comité de direction du groupe Bilderberg.

Le déplacement du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Emmanuel Macron à la 27e Brigade d’infanterie de montagne à Varces, ce jeudi 27 novembre, marque une étape décisive dans la refonte du rapport entre la jeunesse et l’engagement militaire. Le chef de l’État défend un service militaire volontaire conçu pour répondre à des besoins opérationnels accrus et à un environnement international devenu plus instable. Selon un sondage Elabe publié la veille, 73 % des Français soutiennent ce dispositif, une adhésion massive qui conforte l’exécutif dans sa stratégie.

Mais cette enquête, très commentée, attire l’attention pour une autre raison : elle provient de l’institut Elabe, fondé en 2015 par Bernard Sananès. Journaliste de formation, ancien PDG de CSA, Sananès est devenu au fil des années l’un des sondeurs et analystes politiques les plus influents du paysage médiatique français. Il siège aujourd’hui comme expert à l’Institut Montaigne, puissant think tank libéral dirigé par Henri de Castries, président du comité de direction du groupe Bilderberg. Ce même Institut a publié le 6 novembre dernier une note prédisant une attaque d’un pays-balte par la Russie afin de tester l’OTAN. À noter que le mouvement En Marche avait été domicilié à l’adresse du directeur de l’Institut Montaigne, en 2016, comme l’avait révélé Mediapart, pour « service rendu ». 

Le parcours de Bernard Sananès éclaire ces connexions. Après une carrière dans les médias et la communication politique, il rejoint Euro RSCG puis EDF, en tant que directeur de la communication. Electricité de France entreprise stratégique du secteur énergétique, est membre du WEF, tout comme plusieurs groupes que Sananès a conseillé au cours de sa carrière : Veolia, Orange ou McDonald’s. À ces réseaux s’ajoute une proximité ancienne avec plusieurs responsables politiques ayant eux-mêmes fréquenté des institutions liées au WEF ou aux programmes transatlantiques d’influence : Valérie Pécresse, contributrice du Forum économique mondial, Laurent Wauquiez, Young Leader de la fondation France-Amérique fondée par les présidents Ford et VGE, membres du groupe Bilderberg ou encore le franc-maçon, Xavier Bertrand, qu’il a accompagné sur le terrain de la communication publique.

Pour en revenir au sondage publié la veille de l’allocution du chef de l’Etat, elle révèle une opinion française préoccupée par les risques d’agression indirecte de la Russie. Soixante-quinze pour cent des sondés jugent crédible une offensive hybride mêlant cyberattaque, sabotage ou drones. Soixante-deux pour cent estiment même qu’un pays européen membre de l’OTAN pourrait être directement visé, une crainte plus prononcée chez les électeurs de la majorité présidentielle. Cette perception diffuse renforce l’écho des propos récemment tenus par le général Fabien Mandon appelant la France à « accepter de se faire mal » pour protéger ses intérêts, déclarations ayant suscité un vif débat dans l’opinion.

Dans ce climat de crispation stratégique, l’annonce du service militaire volontaire s’impose comme une réponse destinée à rassurer, structurer et offrir un cadre d’engagement. Le dispositif prévoit une formation militaire rémunérée, assortie de crédits ECTS pour éviter de freiner les études supérieures. Les jeunes s’y montreraient particulièrement réceptifs : 74 % des 18-24 ans y seraient favorables selon le sondage. Les plus de 35 ans expriment une adhésion plus nuancée, mais l’ensemble de la population valide majoritairement la démarche du gouvernement.

L’influence des réseaux qui entourent la production et la diffusion de ce sondage ne remet pas en cause la méthodologie d’Elabe, mais elle éclaire la manière dont l’opinion est explorée, interprétée et relayée. Entre inquiétude géopolitique, stratégie politique et circulation des idées au sein de cercles institutionnels connectés au WEF, la réception de cette enquête témoigne d’une France attentive, parfois anxieuse, cherchant des repères dans un monde perçu comme de plus en plus menaçant.

Sources :

La Dépêche – Service militaire volontaire : Macron massivement soutenu – lien
Institut Montaigne – Page expert Bernard Sananès – lien
Biographie Bernard Sananès – Wikipédia – lien
Forum économique mondial –  https://www.weforum.org