Depuis Bichkek, Vladimir Poutine a assuré ce jeudi 27 novembre que la Russie n’avait « aucune intention » d’attaquer l’Europe, qualifiant cette hypothèse de « ridicule ». Tout en répétant ses conditions pour un cessez-le-feu en Ukraine, le président russe affirme considérer le plan discuté entre Washington et Kiev comme une base possible pour des négociations, alors qu’un émissaire américain doit se rendre prochainement à Moscou.
Vladimir Poutine a voulu, jeudi, désamorcer l’idée d’une menace militaire directe contre les pays européens. « La Russie n’a pas l’intention d’attaquer l’Europe, c’est ridicule », a déclaré le président russe lors d’une conférence de presse à Bichkek, au Kirghizstan, cherchant à balayer les inquiétudes occidentales alors que les tensions avec l’OTAN restent à un niveau inédit depuis la fin de la guerre froide. Dans le même temps, il s’est dit prêt à engager des discussions « sérieuses » sur la sécurité européenne et sur la guerre en Ukraine, une ouverture qui intervient dans un paysage diplomatique largement dominé par l’initiative américaine.
Washington a en effet proposé un projet de plan de paix en 28 points, d’abord perçu comme très favorable aux positions du Kremlin, notamment en ce qu’il évoquait la possibilité pour Kiev d’abandonner certains territoires occupés. Critiqué par les autorités ukrainiennes, ce texte a été remanié le week-end dernier après des consultations approfondies avec Kiev Selon Vladimir Poutine, la version discutée entre les États-Unis et l’Ukraine à Genève a été transmise à Moscou. « De manière générale, nous convenons que cela peut constituer la base de futurs accords », a-t-il déclaré, tout en soulignant que plusieurs points nécessitent encore des discussions.
Cette séquence doit se poursuivre la semaine prochaine, avec la visite annoncée à Moscou de l’émissaire américain Steve Witkoff, chargé d’évoquer plus en détail ce plan révisé. Du côté russe, l’idée d’un dialogue ne signifie toutefois pas une reconnaissance de la légitimité des dirigeants ukrainiens. Poutine a évoqué un pouvoir « illégitime » à Kiev, jugeant « absurde » de signer quoi que ce soit avec des responsables dont le mandat est suspendu en raison de la loi martiale. Cette position, loin d’être nouvelle, complique considérablement toute perspective de négociation directe entre Moscou et Kiev.
Sur le terrain militaire, Poutine a également réitéré les conditions d’un cessez-le-feu : le retrait total des forces ukrainiennes des territoires que Moscou revendique comme annexés. « Si les troupes ukrainiennes quittent les territoires occupés, nous cesserons les hostilités. Si elles ne partent pas, nous les chasserons par la force militaire », a-t-il déclaré. Une formulation sans ambiguïté qui maintient la pression sur Kiev tout en gelant les marges diplomatiques. Le président russe n’a pas précisé s’il désignait uniquement les régions de Donetsk et de Lougansk, présentées comme prioritaires, ou s’il incluait également Kherson et Zaporijjia, annexées en 2022 mais partiellement contrôlées par Moscou.
La question territoriale demeure explosive en Ukraine, où la moindre concession est jugée intenable. À Kiev, le plan américain initial avait été perçu comme une quasi-capitulation, en raison de la mention d’une possible cession de Donetsk et de Lougansk à la Russie. Malgré les modifications apportées, la ligne rouge ukrainienne sur l’intégrité territoriale reste inchangée, laissant planer des doutes sur la capacité réelle des différentes parties à trouver une base de compromis.
Sources :
AFP, Le Figaro.