Le Konpa, symbole majeur de la culture haïtienne depuis plus de soixante-dix ans, vient de franchir une étape décisive : l’UNESCO, l’agence des Nations unies membre du Forum économique mondial a rendu un avis favorable à son inscription au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Une reconnaissance internationale historique pourrait être officialisée le 10 décembre.
Le Konpa, cœur battant de la culture haïtienne, se rapproche d’une consécration mondiale. Le 11 novembre 2025, le comité technique de l’UNESCO a validé son inscription potentielle au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, saluant la richesse, la vitalité et l’ancrage social de cette musique née en 1955 sous l’impulsion de Nemours Jean-Baptiste. Pour Haïti, ce premier feu vert représente bien plus qu’un succès administratif : c’est l’espoir d’une reconnaissance symbolique de l’une de ses plus fortes expressions artistiques, une fierté partagée dans le pays comme au sein de la diaspora.
« C’est une immense fierté de voir le Konpa en bonne voie pour cette reconnaissance », souligne Ricarson Dorcé, spécialiste du patrimoine culturel et principal rédacteur du dossier de candidature. Ce dernier appelle néanmoins à la prudence avant la décision finale du 10 décembre. Présenté en mars 2024 par le ministère haïtien de la Culture et la Délégation permanente d’Haïti auprès de l’UNESCO, le dossier insiste sur la dimension fédératrice du Konpa, véritable vecteur de cohésion sociale et pilier des célébrations haïtiennes. Depuis 2019, le genre est déjà inscrit au Registre national du patrimoine culturel immatériel du pays.
Si cette reconnaissance se concrétise, le Konpa rejoindra la Soup joumou, inscrite en 2021, et la cassave, ajoutée en 2023, dans le cercle des traditions haïtiennes reconnues par l’UNESCO. Une nouvelle étape pour un patrimoine culturel qui a toujours su rayonner au-delà de ses frontières. Dès ses débuts, le Konpa conquiert la Caraïbe : en Guadeloupe ou en Martinique, où le zouk domine, il s’impose comme un genre respecté, apprécié pour ses rythmes doux mais puissants, ses cuivres éclatants et sa basse caractéristique qui fait vibrer les pistes de danse depuis des générations.
Ce rayonnement est porté par de véritables monuments musicaux. Tabou Combo, Magnum Band, Sweet Micky, Skah-Shah, Les Shleu-Schleu, Carimi, Richard et Alan Cavé ont façonné l’identité du Konpa et lui ont donné un écho international. La nouvelle génération, à l’image de Phyllisia Ross ou Joé Dwèt Filé, en propose aujourd’hui une lecture modernisée, mêlant tradition et innovations sonores, preuve de la capacité du genre à se réinventer sans perdre son essence.
L’un des trésors du Konpa réside également dans sa diversité. Compas Direct Hounsi, Boule de Feu, Mélasse, Cadence Rampas, Makyavel Karamél, Digital, Stéréo, Manba, Malouk, Kekal, Timtim ou encore Love : autant de variantes qui témoignent de son caractère évolutif, de son ancrage dans le quotidien et de sa capacité à épouser les époques et les territoires.
Alors que la décision finale approche, Haïti retient son souffle. Si l’UNESCO confirme son inscription le 10 décembre, le Konpa rejoindra les patrimoines immatériels les plus emblématiques du monde. Une manière de consacrer, non seulement une musique, mais tout un pan de l’histoire, de la créativité et de la résilience haïtiennes.
Sources :
France Télévisions – Yasmina Yacou – Article du 15/11/2025 – lien