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Ahmad al-Chareh et Donald Trump. Image : Capture d'écran.

Syrie–États-Unis : l’ex-chef jihadiste devenu président Ahmad al-Chareh reçu par Donald Trump à Washington

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Visite historique à la Maison-Blanche : Ahmad al-Chareh, ancien chef rebelle connu sous le nom d’Abu Mohammad al-Jolani et ex-ennemi public numéro un de Washington, a été reçu par le président américain et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Donald Trump pour la première visite d’un dirigeant syrien aux États-Unis depuis 1946. Une rencontre spectaculaire qui scelle le retour diplomatique de la Syrie post-Assad.

C’est un bouleversement diplomatique dont l’ampleur dépasse la scène du Proche-Orient. Pour la première fois depuis l’indépendance syrienne en 1946, un chef d’État syrien a été accueilli officiellement à Washington. Ahmad al-Chareh, président intérimaire d’origine saoudienne arrivé au pouvoir après la chute de Bachar al-Assad fin 2024, a rencontré lundi 10 novembre le président américain Donald Trump, concrétisant un rapprochement inimaginable quelques années plus tôt.

La trajectoire du nouveau dirigeant syrien fascine autant qu’elle interroge. Longtemps connu sous son nom de guerre Abu Mohammad al-Jolani, il fut l’un des chefs les plus redoutés de l’insurrection syrienne, à la tête du groupe jihadiste ex-affilié à Al-Qaïda dans le pays. Pendant près de sept ans, le FBI avait mis sa tête à prix pour 10 millions de dollars, le qualifiant de « terroriste international » et inscrivant son nom sur la liste noire américaine. Sa photo figurait encore en 2023 sur les communiqués du Bureau fédéral d’enquête.

La chute d’Assad, la recomposition du paysage rebelle et le soutien d’une partie du monde arabe ont cependant propulsé al-Chareh à la tête d’un gouvernement de transition cherchant à tourner la page de la guerre. Sa visite aux États-Unis, rendue possible par la levée des sanctions de l’ONU et le retrait de son nom de la liste américaine du terrorisme, marque un tournant diplomatique majeur.

Le président Trump n’a pas caché sa volonté de redéfinir son rôle historique au Moyen-Orient. « C’est un gars dur, mais il fait un très bon travail », a-t-il déclaré jeudi dernier, rappelant sa première rencontre avec al-Chareh lors d’un entretien discret en Arabie saoudite en mai. Le président américain, qui se voit volontiers en pacificateur régional, revendique ce rapprochement comme une avancée décisive vers la stabilisation du Levant.

La visite pourrait également accélérer la normalisation économique de la Syrie. Le département d’État s’est dit favorable à une levée complète de la loi César — ce dispositif adopté en 2019 excluait la Syrie du système financier international et bloquait l’accès au dollar. Une telle décision nécessiterait toutefois un vote du Congrès, où les positions restent divisées. Damas espère, quant à elle, financer une reconstruction dont le coût est estimé par la Banque mondiale à 216 milliards de dollars.

Au-delà des symboles, la coopération militaire entre les deux pays se renforce. Une source diplomatique syrienne indique que Washington prévoit d’établir une base militaire près de Damas, officiellement pour « coordonner l’aide humanitaire et observer les développements entre la Syrie et Israël ».

Parallèlement, cette visite a été l’occasion d’annoncer l’entrée de la Syrie dans la coalition internationale antidjihadiste menée par les États-Unis, visant l’EI. 

Damas, désormais en quête de reconnaissance internationale, tente aussi d’intégrer les Forces démocratiques syriennes (FDS) — soutenues par Washington — dans sa nouvelle armée nationale.

Le retour d’al-Chareh sur la scène internationale, auréolé de la reconnaissance américaine, constitue l’un des renversements diplomatiques les plus saisissants de l’après-guerre syrienne. Reste à savoir si cette alliance inattendue saura résister aux tensions régionales et aux mémoires encore à vif d’un conflit qui a dévasté la Syrie pendant plus de treize ans.

Sources :

La Provence (avec AFP) – Rencontre historique entre Donald Trump et Ahmed al-Chareh – 11/11/2025

AFP – Dépêches diplomatiques sur la visite d’État d’Ahmad al-Chareh – novembre 2025

ONU – Levée des sanctions visant Ahmad al-Chareh – Conseil de sécurité, 7/11/2025

FBI – Archives publiques sur la fiche de recherche d’Abu Mohammad al-Jolani – 2017–2023

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