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L'Opéra d'Oslo. Photo : @Jean-Pierre Dalbéra

Norvège : le dernier bastion européen de l’impôt sur la fortune

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Alors que la plupart des pays européens ont supprimé l’impôt sur la fortune (ISF), la Norvège, elle, continue d’y croire. Ce pays scandinave, parmi les plus riches du monde, maintient depuis plus d’un siècle et demi une taxe annuelle sur les patrimoines les plus élevés — un symbole fort d’équité sociale, mais aussi une source croissante de débats politiques.

Créé en 1892, l’ISF norvégien s’applique sur le patrimoine net, c’est-à-dire la valeur des biens immobiliers, de l’épargne, des actions et des investissements, moins les dettes.

Les parts dans les entreprises privées sont également comptabilisées dans le calcul de la richesse des propriétaires.

Le taux de base est de 1 % à partir d’environ 145 000 euros de patrimoine, et grimpe à 1,1 % au-delà de 1,8 million d’euros.

Une taxe sur les “gains non réalisés”

Particularité notable : la Norvège taxe également les gains latents, c’est-à-dire les bénéfices non encore réalisés.

Ainsi, lorsqu’un résident quitte le pays, il doit s’acquitter de ce qu’on appelle une exit tax — une taxe de sortie sur la plus-value potentielle de ses actifs, même si celle-ci n’a pas encore été encaissée.

Cette logique inspirerait d’ailleurs certains économistes européens, dont Gabriel Zucman, qui défend une taxe similaire en France pour imposer les plus fortunés avant la conversion de leurs actifs en liquidités.

L’exil des grandes fortunes

En 2022, une trentaine de milliardaires et multimillionnaires ont quitté la Norvège, au moment où le gouvernement décidait d’augmenter l’impôt de 0,1 point.

En 2025, ce sont 150 grandes fortunes, détenant plus d’un million de dollars chacune, qui auront quitté le pays, selon un rapport du cabinet Henley & Partners.

Si certains redoutent une fuite des capitaux, le phénomène reste marginal comparé à d’autres pays : le Royaume-Uni, par exemple, devrait perdre plus de 16 000 millionnaires sur la même période.

Un pilier du modèle social norvégien

Malgré ces départs, les recettes de l’impôt sur la fortune ont doublé en un an, passant de 1,5 milliard d’euros en 2021 à 2,7 milliards en 2022.

Pour ses partisans, cette taxe reste la clé du modèle d’État-providence norvégien, permettant de financer les services publics tout en réduisant les inégalités.

Une société divisée

Le sujet a profondément fracturé la société norvégienne lors des élections législatives de septembre. La droite dénonce un impôt “anti-entreprise” qui décourage l’investissement et l’innovation. La gauche, au contraire, le défend comme un instrument de redistribution et un symbole de justice sociale.

Malgré la polémique, le gouvernement travailliste, à l’origine du durcissement de l’impôt, a remporté les élections, confirmant que la majorité des Norvégiens reste attachée à cette vision d’une fiscalité équitable.

Source : Radio France.

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