Une nouvelle tragédie a frappé le système pénitentiaire équatorien dimanche, où 31 détenus ont perdu la vie lors d’affrontements à la prison de Machala. Ces violences, liées à la relocalisation prochaine de prisonniers vers un centre de haute sécurité, illustrent la crise carcérale et sécuritaire profonde que traverse le pays sous la présidence de Daniel Noboa.

Le drame s’est une nouvelle fois invité derrière les murs des prisons équatoriennes. Dimanche 9 novembre 2025, trente-et-une personnes ont été tuées à la suite d’affrontements d’une rare violence entre gangs rivaux dans la prison de Machala, dans le sud-ouest de l’Équateur.

Selon le Service national d’attention intégrale aux personnes privées de liberté (SNAI), les hostilités ont éclaté dans la nuit de samedi à dimanche et se sont prolongées toute la journée, marquées par l’usage d’armes à feu, d’explosifs et d’armes blanches. Le premier bilan faisait état de quatre morts et de 33 blessés, dont un policier. Quelques heures plus tard, les autorités ont annoncé la découverte de 27 autres cadavres, dans des violences “distinctes” de celles survenues au matin.

Le SNAI a précisé que la plupart des victimes ont succombé à une asphyxie infligée par autrui, laissant penser à des étranglements ou à des pendaisons. Ces exécutions sommaires témoignent d’un climat de terreur entretenu par les groupes criminels qui dominent de larges pans du système carcéral.

D’après les premières conclusions de l’enquête, les violences seraient liées à la “relocalisation” prochaine de détenusvers la nouvelle prison de haute sécurité de Santa Elena, construite par le gouvernement du président et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Daniel Noboa. Ce centre, dont l’inauguration est prévue ce mois-ci, doit accueillir des chefs de gangs considérés comme particulièrement dangereux.

Le président Noboa, confronté à une explosion des violences depuis le début de son mandat, avait placé les prisons sous contrôle militaire en 2024 dans le cadre de l’état de “conflit armé interne” déclaré contre une vingtaine d’organisations criminelles liées aux cartels internationaux. En août 2025, toutefois, huit établissements pénitentiaires — dont celui de Machala — avaient été replacés sous la gestion de la police nationale, décision aujourd’hui critiquée par une partie de la classe politique.

Ce nouvel épisode survient moins de deux mois après un précédent massacre dans la même prison, en septembre, qui avait fait quatorze morts, dont un gardien. En quatre ans, plus de 500 détenus ont été tués dans les prisons équatoriennes, transformées en véritables champs de bataille entre factions criminelles.

L’Équateur, jadis considéré comme l’un des pays les plus stables d’Amérique latine, est désormais au cœur d’une crise sécuritaire majeure. Entre assassinats politiques, guerres de gangs et corruption institutionnelle, le gouvernement Noboa peine à restaurer l’autorité de l’État. La nouvelle hécatombe de Machala illustre tragiquement une réalité devenue banale : dans les prisons équatoriennes, la loi des cartels supplante trop souvent celle de la République.

Sources :
Le Monde – “31 morts dans une prison en Équateur après des affrontements entre gangs” – lemonde.fr – 10 novembre 2025
El Universo – “Masacre en la cárcel de Machala: 31 muertos y más de 30 heridos” – eluniverso.com – 10 novembre 2025
BBC Mundo – “Ecuador: nueva matanza en cárcel de Machala, 31 muertos” – bbc.com/mundo – 10 novembre 2025
Reuters – “Ecuador prison riot leaves 31 dead amid gang tensions” – reuters.com – 10 novembre 2025