À La Courneuve, le Paris Digital Park impressionne par ses dimensions colossales et son rôle stratégique. Derrière ses murs ultrasécurisés, 630.000 serveurs et 5.000 kilomètres de câbles assurent la continuité de la vie numérique française.

Sur les ruines d’une ancienne usine Airbus, à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), s’élève désormais une cathédrale du numérique : le Paris Digital Park. Propriété du groupe américain Digital Realty, ce centre de données est aujourd’hui le plus vaste et le plus puissant de France. Avec une puissance de 90 mégawatts et 40.000 m² d’espaces informatiques répartis sur quatre étages, il symbolise la montée en puissance de la région parisienne, désormais quatrième hub numérique mondial.

L’édifice, qui a nécessité cinq ans de travaux et un investissement colossal de 1,15 milliard d’euros, concentre toutes les attentions. Pour Digital Realty, dont la filiale Interxion opère déjà plusieurs sites en Île-de-France, l’enjeu est de taille : offrir une infrastructure capable d’héberger les flux exponentiels de données produits par les entreprises et les applications d’intelligence artificielle.

À l’extérieur, 1.600 caméras scrutent en permanence le site, véritable forteresse numérique. Avant d’accéder aux salles de serveurs, il faut franchir sept niveaux de sécurité. À l’intérieur, le vacarme des machines rappelle la puissance en jeu : 630.000 serveurs alignés sur des kilomètres de baies, reliés par 5.000 kilomètres de câbles. Dans ces salles, la température et l’humidité sont minutieusement contrôlées, car une surchauffe peut faire grimper le thermomètre à 45°C en quinze minutes.

Les clients, parmi lesquels figurent des opérateurs télécoms, des industriels et des acteurs de la défense, exigent une fiabilité absolue.

Le cœur du dispositif se situe dans la “Meet Me Room”, un espace où convergent tous les câbles du site. C’est là que se croisent les flux numériques de centaines d’entreprises, sans jamais se mélanger. Le fonctionnement en continu — 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 — repose sur 43 employés en permanence, des techniciens et ingénieurs veillant au bon déroulement des opérations.

Mais la démesure a un prix. Le Paris Digital Park consomme 130 mégawatts d’électricité, soit l’équivalent d’une ville comme Perpignan, et 50 millions de litres d’eau par an pour le refroidissement, l’équivalent d’une vingtaine de piscines olympiques. Cette consommation énergétique colossale interroge à l’heure où la France cherche à concilier transition numérique et sobriété écologique. Selon France Datacenter, la capacité totale des data centers français devrait doubler d’ici à 2030, sous l’effet combiné du cloud computing et du boom de l’intelligence artificielle.

Dans l’ombre de ses serveurs, le Paris Digital Park illustre mieux que tout la dépendance croissante de notre société à ces infrastructures invisibles. De l’économie à la culture, des réseaux sociaux à la défense nationale, tout transite, désormais, par ces sanctuaires du numérique où se joue une part décisive de notre avenir collectif.

Sources :

TF1 Info – « 630.000 serveurs, 5.000 km de câbles : les chiffres fous du Paris Digital Park, le plus grand data center de France » (publié le 2 novembre 2025) – lien