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Ahmed Attaf. Photo : @Gov.pl

Accord migratoire de 1968 : Alger qualifie la résolution française d’« affaire franco-française »

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L’Algérie a réagi avec prudence à la résolution symbolique votée par l’Assemblée nationale française, visant à dénoncer l’accord migratoire de 1968. Pour le ministre des affaires étrangères, Ahmed Attaf, ce vote, soutenu par la droite et l’extrême droite, relève pour l’instant des seuls débats internes français.

L’onde de choc politique provoquée à Paris n’a, pour l’heure, pas traversé la Méditerranée. Interrogé dimanche 2 novembre par la chaîne d’information algérienne AL24, le ministre des affaires étrangères, Ahmed Attaf, a réagi à l’adoption par l’Assemblée nationale française d’une résolution du Rassemblement national (RN) visant à « dénoncer » l’accord migratoire franco-algérien de 1968. Ce texte, non contraignant, a été adopté de justesse jeudi, à une voix près, avec le soutien de plusieurs députés des Républicains (LR) et d’Horizons.

« C’est attristant de voir un pays aussi grand que la France faire de l’histoire d’un autre pays, indépendant et souverain, l’objet d’une compétition électorale anticipée », a regretté le chef de la diplomatie algérienne. Tout en ironisant : « La première pensée qui m’est venue à l’esprit, c’est que la course à l’échalote se poursuit. »

Pour Alger, la position est claire : tant que le gouvernement français ne s’est pas officiellement exprimé, le sujet reste circonscrit au débat parlementaire. « Sur le fond, cette affaire est une affaire entre l’Assemblée nationale française et le gouvernement français. C’est une affaire intérieure, une affaire franco-française. Elle ne nous concerne pas pour le moment », a insisté M. Attaf. Il a toutefois averti que la donne changerait si Paris décidait de transformer ce vote en acte diplomatique : « Elle pourrait nous concerner si cela devient une affaire de gouvernement à gouvernement, car l’accord de 1968 est un accord intergouvernemental. »

L’accord en question, signé six ans après la fin de la guerre d’Algérie, institue un régime migratoire particulier pour les ressortissants algériens. Il leur permet notamment de séjourner en France au-delà de trois mois sans visa spécifique et d’obtenir plus facilement des titres de séjour de longue durée, notamment dans le cadre du regroupement familial.

Le vote du RN, essentiellement symbolique, s’inscrit dans un climat politique tendu autour de la question migratoire en France, sur fond de compétition entre les droites à l’approche des échéances électorales. À Alger, cette initiative est perçue comme un signal politique plutôt qu’une démarche diplomatique. « Nous n’avons rien vu venir, et nous espérons ne rien voir venir », a conclu Ahmed Attaf, soulignant la volonté algérienne de ne pas rallumer les braises d’une relation bilatérale déjà fragilisée.

Depuis plus d’un an, les relations entre Paris et Alger connaissent en effet de nouveaux remous, notamment après la décision française, à l’été 2024, de soutenir un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental. Ce tournant diplomatique, perçu comme un désaveu à Alger, a entraîné une suspension temporaire des échanges politiques de haut niveau entre les deux pays.

Sources :

Le Monde – « L’Algérie considère que la résolution de l’Assemblée nationale dénonçant l’accord migratoire de 1968 est pour l’instant une affaire franco-française » (3 novembre 2025) – https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/11/03/alger-considere-que-la-resolution-de-l-assemblee-nationale-denoncant-l-accord-migratoire-de-1968-est-pour-l-instant-une-affaire-franco-francaise_6651167_3212.htmlAttachment.tiff

AFP – Dépêche du 3 novembre 2025.

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