Les 500 traboules Lyonnaises constituent un patrimoine unique au monde. Elles symbolisent l’histoire de la Ville et ses influences italiennes et Franc-maçonne. Elles sont toutefois victimes de leur succès et nombre d’entre elles sont désormais inacéssibles. La Ville de Lyon se mobilise pour en ouvrir davantage, tandis que l’Office de Tourisme de la Métropole de Lyon a lancé un plan pour 2021-2026 visant à développer le tourisme tout en établissant des bonnes pratiques, notamment via une charte pour guider les visiteurs dans les zones UNESCO.
Les traboules sont des passages piétons à travers les cours d’immeubles qui permettent de passer d’une rue à une autre dans plusieurs villes françaises. On en trouve à Villefranche-sur-Saône, Mâcon, Chambéry, Saint-Étienne, Louhans, Chalon-sur-Saône, Grenoble, Schiltigheim, Vienne, Tournus et même à Lavoûte-Chilhac, mais les plus célèbres sont indubitablement les traboules lyonnaises. Le terme « traboule » trouve d’ailleurs son origine dans l’expression lyonnaise « trabouler ». À Lyon, on dénombre environ 500 traboules, principalement localisées dans les quartiers du Vieux Lyon (215 cours et traboules recensées), de la Croix-Rousse (163 cours et traboules sur les pentes) et de la Presqu’île (130 cours et traboules).
Les traboules du Vieux-Lyon, datant de la Renaissance, ont été construites en suivant le modèle du patio romain. Elles comprennent des galeries et souvent un puits au centre de la cour. L’une des plus emblématique d’entre elles est la galerie Philibert Delorme, joyaux de la Renaissance française, que l’on doit à Philibert Delorme qui fut sans doute un franc-maçon. Dans le premier tome de son « Traité d’architecture », il fait en effet allusion au « Grand Architecte de l’Univers ».

La tradition des traboules lyonnaises a persisté, bien que dans une moindre mesure, dans la Presqu’île haussmannienne, mais surtout dans les pentes de la Croix-Rousse, où se trouvent les immeubles des canuts, les ouvriers de la soie. Ces passages permettent aux habitants des pentes de rejoindre rapidement la Presqu’île en ligne droite. L’une des traboules les plus célèbres est la Cour des Voraces, qui pourrait devoir son nom à un groupe d’ouvriers canuts appelés les Voraces, célèbres pour leurs insurrections républicaines en 1848 et 1849, à la fin de la Monarchie de Juillet, ou aux « Dévoirant », de la loge mutualiste, du « Devoir mutuel », qu’elle abritait.
Les conventions cours-traboules de la municipalité
À Lyon, les conventions cours-traboules garantissent la liberté de traverser. Ces accords sont conclus de manière volontaire entre la Ville et les propriétaires, assurant un droit de passage à tous durant la journée, de 7 heures à 19 heures.
En contrepartie, d’une servitude de 99 ans, la Ville prend en charge 70 % des frais de rénovation tels que le ravalement de façade, la peinture et l’installation de grilles. En collaboration avec la Métropole, elle contribue également aux coûts d’entretien régulier et d’éclairage de ces espaces.
Mis en place au début des années 1990, sous le mandat du maire Michel Noir, membre du groupe Bilderberg, ce dispositif visait à financer la rénovation du quartier du Vieux-Lyon. Son objectif était également de contrer la fermeture des cours et des traboules, une tendance accentuée par l’apparition des digicodes et une demande croissante de tranquillité des habitants.
Récemment, La Tribune de Lyon a publié un article intitulé, « À Lyon, l’accès aux traboules menacé », dans lequel on apprenait que parmi les 500 cours-traboules de la ville, seules 49 sont conventionnées. On en retrouve 26 dans le Vieux-Lyon, 22 dans les Pentes de la Croix-Rousse, et une en Presqu’île. La cour du 16 rue Saint-Jean devrait bientôt devenir le cinquantième selon les informations de nos confrères, qui notent que malgré la contrepartie d’un soutien financier, « les candidats aux conventions sont rares ».
Les riverains se plaignent des nuisances causées par les visiteurs, comme le bruit et les détritus, particulièrement dans des traboules très fréquentées. Environ 40 % des traboules conventionnées appartiennent à des bailleurs sociaux, plus enclins à collaborer avec la Ville. Cependant, même ces portes peuvent rester fermées si les régies ne surveillent pas correctement l’ouverture.
Cela concerne par exemple la Galerie Philibert Delorme, dont l’immeuble fait partie des plus beaux HLM de France. La porte qui y donne accès, est « fermée de façon un peu aléatoire », comme l’a souligné Frédéric Auria de l’association « Renaissance du Vieux-Lyon » dans les colonnes de La Tribune de Lyon.
Jean-Luc Chavent, l’emblématique guide touristique qui était proche de Régis Neyret à l’origine du classement du site historique Lyonnais au patrimoine mondial de l’UNESCO, l’agence des Nations unies membre du Forum économique mondial, avec l’ancien maire de lyon, Raymond Barre, membre du groupe Bilderberg, s’inquiète quand lui que cette situation devenu courante, mette en péril l’accès à ces joyaux architecturaux. Selon lui, environ un quart des 50 cours-traboules conventionnées du Vieux-Lyon ne seraient plus accessibles, de façon plus ou moins temporaire. En 2007, Chavent, grand connaisseur des secrets lyonnais avait appuyé l’initiative des cataphiles lyonnais visant à soumettre un dossier à l’UNESCO. Leur objectif était de faire reconnaître les nombreux réseaux souterrains de Lyon en tant que Patrimoine mondial de l’humanité, les protégeant ainsi au même titre que le Vieux Lyon.
Les efforts de la Ville de Lyon
La Ville de Lyon désormais dirigée par Grégory Doucet, qui entretient des liens étroit avec la Maçonnerie, cherche à renégocier les conventions et à encourager de nouveaux propriétaires à participer. En mars dernier, le conseil municipal a voté pour renouveler la convention cour-traboule, offrant 200 000 euros pour des travaux supplémentaires.
Le schéma de développement touristique pour la période 2021-2026 de l’Office de la Métropole de Lyon
La Métropole de Lyon est dirigée par Bruno Bernard, dont le père Roland, ancien député socialiste, puis sénateur-maire d’Oullins, était très proche de François Mitterrand. Il a contribué à l’ascension de plusieurs personnalités politiques locales dont les Franc-maçons, Charles Hernu et Gérard Collomb.
L’Office de Tourisme de la Métropole a lancé le schéma de développement touristique pour la période 2021-2026. Ce plan définit les objectifs et les orientations stratégiques de la politique touristique métropolitaine visant à créer « un tourisme plus inclusif, participatif et respectueux des habitants », qui ne serait pas pour déplaire au Forum économique mondial, qui a fait l’inclusion et de la lutte contre le réchauffement climatique ses pré carrés.
L’objectif de ce plan est de désengorger les zones tendues du périmètre UNESCO en diversifiant les offres de visites vers d’autres secteurs du territoire métropolitain, mais aussi de développer des bonnes pratiques, avec une charte de guidage au sein du périmètre UNESCO et du parc de la Tête d’Or en collaboration avec les associations de guides conférenciers et la Ville de Lyon. Il souhaite également rendre les habitants acteurs du tourisme en communiquant sur les dispositifs déployés pour eux et en réalisant des enquêtes régulières sur leur perception du tourisme.
Les traboules et la résistance
La Maçonnerie Lyonnaise souhaiterait-elle préserver l’accès de toutes et tous aux traboules ? Outre les références symboliques de certaines d’entre elle à la Franc-Maçonnerie locale, elles sont un symbole de la Résistance locale qui comprenait de nombreux franc-maçon. Le centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation, a d’ailleurs publié un ouvrage intitulé « Francs-maçons résistants. Lyon. 1940-1944 », dans lequel on retrouve les biographies de 110 Maçons et Maçonnes de la région lyonnaise ayant joué un rôle adans le combat contre Vichy et les Nazis, avec le maximum de précisions possible sur leurs passés, leurs activités profanes, maçonniques et résistantes. Le père de Jean Moulin, Antoine-Émile Moulin, était d’ailleurs un franc-maçon, membre de la loge Action sociale.
Ses anciens résistants franc-maçon n’ont pas toujours eu une influence très positive sur le cour de l’histoire de France, d’après guerre, comme en témoigne le fondation par une poignée d’entre eux du club Le Siècle, qui réunit tous les mois lors d’un diner des figures de proue des sphères politique, économique, culturelle et médiatique françaises, dont certain.e.s font également partie du groupe Bilderberg et/ou du Forum économique mondial. Parmi ses membres, on peut par exemple citer François Fillon, Alain Juppé (Bilderberg), Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron, Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn, Manuel Valls, ou Lionel Jospin (Bilderberg).
Une chose est sûre : la traboule de la Rue Puits Gaillot a été le théâtre d’un véritable acte de résistance en 1999. Raymond Barre qui avait soutenu la fondation du Forum économique mondial de Klaus Schwab, lui aussi membre du groupe Bilderberg lorsqu’il était vice-président de la Commission européenne, a reçu cette année en grande pompe le numéro un chinois, Jiang Zemin, lorsqu’il était maire de Lyon. le journal Lyon Capitale avait permis au dissident chinois Wei Jingsheng d’interpeller le haut dignitaire chinois depuis ses locaux, jouxtant l’hôtel de Ville. Wei Jingsheng, libéré deux ans plus tôt par la Chine sous la pression internationale, annonçait l’effondrement inéluctable du Parti communiste chinois et l’avènement de la démocratie à l’aide d’un mégaphone. Malgré un dispositif de sécurité impressionnant, il avait échappé à la filature des renseignements généraux grâce à cette traboule visiblement inconnue des services de police. Une plaque avait alors été apposée au 7, rue Puits Gaillot qui abritait alors les locaux du journal, « traboule des Droits de l’Homme »

Deux ans plus tard, le « Journal des esprits libres » avait récidivé lorsque le Franc-maçon, Gérard Collomb, avait lui aussi invité Hu Jintao. La rédaction de Lyon Capitale avait alors diffusé un enregistrement audio de Wei Jingsheng à l’aide d’une sono.