Avec un record de fréquentation en 2025 et une avalanche de projets – nouveau parc au Royaume-Uni, tournée nationale, train de luxe Belle Époque – le Puy du Fou confirme son ambition de devenir un empire du divertissement culturel. Entre enracinement vendéen et expansion mondiale, la création de Philippe de Villiers s’impose comme un acteur central du loisir « à la française ».

À chaque fin de saison, le Puy du Fou soigne sa mise en scène. Vendredi 31 octobre, lors de sa conférence annuelle, journalistes, partenaires et influenceurs ont assisté à un véritable show, entre lumière, musique et envolées dramatiques. « Des secrets que nous avons soigneusement gardés vous seront livrés », promettait une voix off solennelle, avant l’apparition sur scène d’enfants en uniforme, élèves de l’école privée du parc, chantant en chœur sous une pluie de cadeaux de Noël. Ici, Halloween n’existe pas : déjà, les sapins et la crèche ont remplacé les citrouilles.

Derrière le spectacle, des chiffres record. Le parc des Epesses, créé en 1989 par Philippe de Villiers, a accueilli 3 millions de visiteurs en 2025, contre 2,8 millions l’année précédente, soit une hausse de 50 % en dix ans. « Nous sommes le premier parc français à franchir ce cap », s’est félicité Olivier Strebelle, directeur général, ancien de McKinsey. Loin derrière Disneyland Paris (16 millions de visiteurs), mais désormais devant le parc Astérix (2,9 millions), le Puy du Fou confirme sa place de pilier du loisir national.

Un modèle singulier entre histoire et émotion

Soutenu par un positionnement tarifaire accessible (46 euros l’entrée adulte, contre 95 à 130 euros pour Disneyland), le parc a bâti son succès sur des spectacles « maison », primés à l’international. Chaque mise en scène – de L’Épée du roi Arthur aux Amoureux de Verdun – exalte un roman national fait de chevaliers, de saints et de héros, reflet assumé d’une vision conservatrice de l’histoire française.

Malgré ces critiques récurrentes, l’engouement ne se dément pas. « Notre société a soif de temps partagé, loin des écrans », estime Olivier Strebelle. L’ouverture d’une saison de Noël en 2026 prolongera encore la durée d’exploitation du parc, dont le chiffre d’affaires en France atteint 180 millions d’euros.

Expansion et diversification

Le Puy du Fou entend désormais dépasser le cadre du parc. En 2026, 50 millions d’euros d’investissements seront consacrés à de nouveaux projets : extension hôtelière (+100 chambres, soit 700 au total) et création d’un spectacle inspiré de la « promesse de Noël ».

Mais le plus ambitieux des projets sera itinérant. Sous le slogan « Si tu ne viens pas au Puy du Fou, le Puy du Fou viendra à toi », le parc prépare une tournée nationale des Zénith baptisée Mousquetaire, prévue pour fin 2027. Produite avec Rivaj (Fimalac Entertainment), cette fresque de deux heures débutera par une cinquantaine de dates à Paris dès décembre 2025.

Autre symbole de cette diversification, un train de luxe Belle Époque est en construction : douze voitures, quarante passagers, un circuit d’une semaine à travers la France (Paris, Reims, Avignon, La Rochelle…). Vendu environ 8 000 euros le billet, ce « Grand Tour » marie voyage et théâtre vivant, un concept inédit inspiré des périples aristocratiques du XIXᵉ siècle.

Une conquête internationale

Fort du succès de son parc de Tolède, en Espagne (1,7 million de visiteurs), le Puy du Fou poursuit son expansion mondiale. En 2029, il inaugurera un nouveau site à Bicester, près d’Oxford : dix spectacles sur les légendes britanniques, pour un investissement de 700 millions d’euros sur dix ans. La marque développe également des partenariats en Chine, où un théâtre immersif a ouvert à Shanghaï en 2024, et prépare un spectacle d’oiseaux dressés venus de Vendée.

Une stratégie culturelle et politique

Au-delà du divertissement, le Puy du Fou s’affirme comme un instrument d’influence culturelle. Il dispose de son école privée, de sa maison d’édition et même d’un magazine pour enfants, Le Panache. « L’ambition, c’est de transmettre une culture du récit, de la mémoire et du courage », souligne Nicolas de Villiers, président du parc et fils du fondateur.

En combinant patrimoine, spectacle et stratégie de marque, le Puy du Fou façonne un modèle unique : celui d’un divertissement qui cherche à séduire aussi bien les familles modestes que les élites fortunées, prêtes à payer cher pour un voyage hors du temps.

Sources :

Le Monde – « Le Puy du Fou développe de folles ambitions en Vendée, en France et à l’étranger » – 2 novembre 2025