Le ministre de la Santé de Donald Trump, Robert F. Kennedy Jr., prépare un bouleversement des recommandations nutritionnelles américaines. Il prône la réhabilitation des graisses saturées — beurre, viande rouge, lait entier, fromage — au nom d’un « retour à la vraie nourriture ». Un virage radical qui fait bondir les experts de santé publique, inquiets des risques cardiovasculaires.
C’est un nouveau front ouvert par l’administration Trump dans la guerre culturelle autour de l’alimentation. Selon The Guardian, le ministre américain de la Santé, Robert F. Kennedy Jr., s’apprête à publier des recommandations nutritionnelles inédites encourageant la consommation d’aliments riches en acides gras saturés — un contre-pied total aux directives scientifiques suivies depuis plus d’un demi-siècle.
« Les Américains ont besoin de plus de ces graisses, pas de moins », a déclaré Kennedy Jr., cité par The Hill, dénonçant la « diabolisation injuste » de produits comme le beurre, le lait entier, le fromage ou la viande rouge. Ces nouvelles recommandations, a-t-il ajouté, « permettront de justifier l’introduction de ces aliments dans nos écoles ».
En août dernier, le ministre s’était déjà confié à Fox News sur son régime personnel : une alimentation « omnivore », centrée sur la viande, les produits laitiers entiers et les légumes fermentés. Selon le Wall Street Journal, Kennedy Jr. vante régulièrement les industriels qui utilisent du suif de bœuf, présenté comme un ingrédient « traditionnel et naturel ».
Mais cette « croisade nutritionnelle » inquiète certains scientifiques. « C’est vraiment le mauvais message à faire passer », a réagi Ronald Krauss, professeur de médecine à l’Université de Californie à San Francisco, pourtant connu pour ses travaux nuancés sur les graisses saturées. Il rappelle que leur excès reste associé à l’élévation du cholestérol LDL et à une hausse des maladies cardiovasculaires.
Même son de cloche pour Cheryl Anderson, professeure à l’Université de Californie à San Diego : « Si l’on ne fixe pas de seuil précis, plus la population consomme d’acides gras saturés, plus les risques augmentent. L’alimentation américaine en contient déjà trop, et ses effets ne sont pas neutres sur la santé publique. »
Actuellement, les recommandations officielles du Département de la santé conseillent de limiter les graisses saturées à 10 % de l’apport calorique quotidien. L’American Heart Association, elle, préconise un maximum de 6 %, considérant leur rôle avéré dans le développement des maladies cardiaques.
Dans un pays où l’obésité touche plus de 40 % des adultes, promouvoir la viande et le beurre au nom de la « liberté alimentaire » pourrait, selon certains scientifique, coûter cher à la santé publique.
Si les partisans de Robert F. Kennedy Jr. saluent un « retour à la nature » et à une diète « décomplexée », les professionnels de santé redoutent qu’une telle inflexion officielle — la première depuis les années 1970 — ne fasse reculer des décennies de prévention. L’American Medical Association a d’ailleurs annoncé la publication prochaine d’un rapport d’alerte sur les conséquences de ce changement de cap.
Sources :
Courrier international – États-Unis. La croisade de Robert Kennedy Jr. en faveur des acides gras saturés alarme les experts de la santé – lien
The Guardian – Robert F. Kennedy Jr. sparks backlash over pro-fat diet plan – lien
The Hill – RFK Jr. defends saturated fats, sparks health expert concerns – lien
The Wall Street Journal – Kennedy’s diet plan raises eyebrows among nutritionists – lien