De Katmandou à Rabat, d’Antananarivo à Lima, la jeunesse se soulève contre la corruption, les inégalités et l’immobilisme des élites. La presse internationale dépeint le portrait d’une génération Z décidée à reprendre son avenir en main, à travers des mouvements de protestation d’une ampleur inédite.
On les disait apathiques, désengagés, absorbés par les écrans et détachés de la politique. Pourtant, la génération Z — ces jeunes nés entre la fin des années 1990 et le début des années 2010 — fait aujourd’hui trembler les pouvoirs en place, du Népal au Pérou, du Maroc à Madagascar. Ces dernières semaines, leurs mobilisations se sont multipliées, rappelant que les revendications de justice sociale, de transparence et de dignité n’ont pas de frontières.
“On les disait déconnectés de la politique et des conflits sociaux. Or ils redéfinissent les concepts de leadership, de maturité et d’engagement citoyen”, écrit le journaliste péruvien Carlos Paucar dans La República. Ce constat traverse les continents. En Asie, tout d’abord, où les mobilisations de jeunes Indonésiens pour plus d’équité ont été sévèrement réprimées. Au Népal, la colère populaire a même renversé le gouvernement, tandis qu’aux Philippines, les manifestations font craindre une contagion jusqu’en Inde. “De Colombo à Katmandou, la jeunesse en révolte embrase l’Asie du Sud”, titrait Al-Jazeera mi-septembre.
En Amérique latine, le mouvement s’est propagé jusqu’au Pérou, où une réforme des retraites a mis le feu aux poudres. Derrière ce prétexte, c’est la corruption endémique et la violence des gangs qui nourrissent la contestation. Le 9 octobre, la présidente Dina Boluarte a été destituée, symbole d’un pouvoir en crise et d’une jeunesse en quête de rupture.
Même scénario au Maghreb : au Maroc, des milliers de jeunes ont défilé pendant des semaines sous le slogan “moins de stades, plus d’hôpitaux et d’écoles”. Ils réclamaient “le droit à une vie digne”, avant que la répression ne s’abatte sur eux. En début de semaine, la justice marocaine a prononcé de lourdes peines contre une vingtaine de manifestants, signe que le pouvoir refuse toujours d’entendre la voix de cette génération.
À Madagascar, les manifestations ont fini par faire tomber le président Andry Rajoelina, tandis qu’en Serbie, les étudiants exigent un système judiciaire indépendant et des institutions transparentes, rouvrant des espaces de débat public dans une société verrouillée.
Ce mouvement planétaire trouve un écho particulier en Afrique de l’Est. Au Kenya, après la vague de protestations de 2024, la génération Z n’a pas disparu des radars : elle s’est réinventée en “vigie démocratique”, surveillant les actions du pouvoir via les réseaux sociaux. “Une révolution que personne n’a vue venir”, analyse le chroniqueur Gitobu Imanyara dans The Standard.
Ces jeunes activistes ne partagent ni la même langue ni la même culture, mais un même sentiment d’urgence. “Ce n’est pas politique, c’est une question de survie”, confie un jeune Népalais cité par Deutsche Welle, dont le frère est mort lors d’une manifestation. Un autre, interrogé par Al-Jazeera, résume : “Nous ne sommes pas paresseux, nous essayons de vivre.”
En quelques semaines, un Premier ministre et deux présidents ont chuté sous la pression de ces révoltes. Et selon The Diplomat, cette jeunesse connectée “observe, imite et amplifie” les luttes de ses pairs, de Dhaka à Colombo, de Rabat à Lima. Une génération mondiale, solidaire dans la colère, mais aussi dans l’espérance.
Sources :
Courrier international – « Du Népal au Pérou, du Maroc à Madagascar, portrait d’une jeunesse révoltée » – 22 octobre 2025 – lien
La República (Pérou) – Article de Carlos Paucar sur l’engagement citoyen de la jeunesse – octobre 2025 – lien
Al-Jazeera – « De Colombo à Katmandou, la jeunesse en révolte embrase l’Asie du Sud » – septembre 2025 – lien
The Diplomat – Analyse sur les mouvements de jeunesse en Asie du Sud – octobre 2025 – lien
The Standard (Kenya) – Chronique de Gitobu Imanyara – octobre 2025 – lien