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Pérou : le président José Jerí décrète l’état d’urgence à Lima, dans un virage sécuritaire à la Bukele

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Patrouilles militaires, restrictions des libertés et couvre-feu partiel : à peine dix jours après son arrivée au pouvoir, le président péruvien José Jerí instaure l’état d’urgence à Lima et à Callao pour enrayer la montée du crime organisé. Une démonstration d’autorité qui inquiète les défenseurs des droits et renforce la comparaison avec le président salvadorien Nayib Bukele.

Le Pérou s’enfonce dans la tourmente. Dans un message solennel diffusé mardi 21 octobre au soir, le nouveau président José Jerí a décrété l’état d’urgence dans la capitale, Lima, et dans le port voisin de Callao. Objectif affiché : « mettre fin à la délinquance démesurée qui ravage le pays ». Cette mesure d’exception, valable trente jours, suspend plusieurs libertés fondamentales et confie aux forces armées la responsabilité du maintien de l’ordre.

Dès les premières heures de mercredi, des patrouilles militaires ont investi les rues de la métropole. Des contrôles d’identité ont été instaurés, les rassemblements publics limités et la circulation de deux personnes à moto interdite, les autorités estimant que ce moyen de transport est souvent utilisé par les criminels. Le décret prévoit également un renforcement du contrôle pénitentiaire, notamment la réduction des visites aux détenus et la mise en place d’un couvre-feu partiel dans certains quartiers.

« La peur s’est installée dans les rues, les commerces et les foyers », constate le média Infobae. Les extorsions se multiplient à un rythme vertigineux : plus de 20 000 plaintes ont été enregistrées depuis le début de l’année, soit une hausse de 40 % en un an. Selon la police, 80 % de ces rackets seraient orchestrés depuis les prisons. Dans un pays meurtri par des décennies d’instabilité politique et de corruption, la criminalité organisée a trouvé un terrain fertile.

Mais la décision de José Jerí divise. El Comercio rappelle que ses prédécesseurs ont décrété dix états d’urgence similaires depuis 2019, sans résultat tangible. El País América souligne que « cette militarisation pourrait surtout servir à étouffer le mécontentement populaire ». Déjà, plusieurs associations et syndicats dénoncent un « climat de répression » visant à prévenir de nouvelles mobilisations, alors que le président, élu à la suite de la destitution de Dina Boluarte, fait face à une contestation croissante.

José Jerí, 45 ans, ancien député du parti Somos Perú, traîne un lourd passif judiciaire : plusieurs enquêtes pour corruption, des accusations d’abus de pouvoir et une plainte pour viol classée sans suite cet été. Ses détracteurs l’accusent de chercher, sous couvert de lutte contre le crime, à consolider un pouvoir fragilisé dès son entrée en fonction.

Dans les rues de Lima, la tension est palpable. Le souvenir du rappeur Eduardo Ruiz Sáenz, tué par un policier en civil lors d’une manifestation le 15 octobre, reste vif. Les jeunes Péruviens, particulièrement mobilisés depuis la chute de Boluarte, réclament la dissolution du Congrès et la démission du président. Malgré cette colère, José Jerí multiplie les démonstrations de force : visites en prison, descentes policières et survols de la capitale en hélicoptère.

Cette stratégie, commente CNN Latinoamérica, « s’inscrit dans la lignée du modèle Bukele », en référence au président salvadorien qui a bâti sa popularité sur une répression sans concession contre les gangs. Une comparaison que José Jerí semble assumer pleinement, au risque de sacrifier les garanties démocratiques sur l’autel de la sécurité.

Pour le Pérou, la question demeure : ce durcissement restaurera-t-il la paix civile ou plongera-t-il un peu plus le pays dans l’autoritarisme ?

Sources :

Courrier International – Politique. Déjà controversé, le nouveau président péruvien, José Jerí, décrète l’état d’urgence à Lima – 22 octobre 2025 – courrierinternational.com

El País América – José Jerí adopta el modelo Bukele en el Perú – 22 octobre 2025 – elpais.com/america

Infobae Perú – Estado de emergencia en Lima y Callao: cifras récord d’extorsiones – 21 octobre 2025 – infobae.com

El Comercio – El estado de emergencia, un déjà-vu sans résultats – 22 octobre 2025 – elcomercio.pe

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