Le fondateur et PDG de Telegram, Pavel Durov, tire la sonnette d’alarme. Dans un message publié le 10 octobre à l’occasion de son 41ᵉ anniversaire, l’entrepreneur russe s’inquiète de la disparition progressive de la vie privée et de la liberté d’expression. Selon lui, le monde se dirige à grande vitesse vers une ère de surveillance généralisée et de contrôle numérique.
À 41 ans, Pavel Durov ne cache pas son inquiétude. L’homme à l’origine de Telegram, l’une des messageries les plus populaires du monde, a publié un message glaçant à ses utilisateurs : « Je fête mes 41 ans, mais je n’ai pas envie de célébrer. Un monde sombre et dystopique approche rapidement, pendant que nous dormons. »
Dans ce texte, Durov dénonce la montée des politiques numériques qu’il juge liberticides. Selon lui, les gouvernements des pays dits “libres” sont en train de transformer la technologie — autrefois symbole d’échange et d’émancipation — en un outil de contrôle.
« Ce qui était autrefois la promesse de la libre circulation de l’information devient aujourd’hui l’arme ultime du contrôle. Des pays naguère libres adoptent des mesures dystopiques : cartes d’identité numériques (Royaume-Uni), vérifications d’âge obligatoires en ligne (Australie), et surveillance massive des messages privés (Union européenne). »
Le PDG de Telegram met également en garde contre la censure croissante de la parole publique, affirmant que des citoyens sont désormais poursuivis pour avoir critiqué leur gouvernement.
« Notre génération risque d’être la dernière à avoir connu la liberté… et à l’avoir laissée disparaître », écrit-il.
Pour Durov, cette dérive ne menace pas seulement la vie privée, mais aussi les valeurs fondamentales : traditions, souveraineté, marché libre. « En trahissant l’héritage de nos ancêtres, nous nous engageons sur la voie de l’autodestruction morale, intellectuelle, économique et, finalement, biologique. »
Un avertissement nourri par l’expérience personnelle
Les propos de Durov résonnent d’autant plus fort qu’ils surviennent après un épisode personnel marquant. En août 2024, il avait été arrêté à l’aéroport du Bourget, près de Paris, pour avoir prétendument refusé de coopérer à des enquêtes sur des affaires de cybercriminalité et de fraude financière impliquant des utilisateurs de Telegram.
Détenu quatre jours, il avait dû verser 5 millions d’euros de caution avant d’être libéré, mais interdit de quitter la France pendant plusieurs mois. En mars 2025, il était enfin autorisé à repartir.
« Arrêter le PDG d’une grande plateforme pour des actes commis par des utilisateurs inconnus, c’était absurde sur le plan juridique et logique », a-t-il réagi. « Le seul résultat de mon arrestation a été de nuire à l’image de la France comme pays libre. Une chose est sûre : nous continuerons à nous battre, et nous gagnerons. »
À travers ce message, Pavel Durov réaffirme la mission qu’il s’est donnée depuis la création de Telegram : défendre la liberté numérique contre les dérives de la surveillance d’État. Mais son ton, plus grave que jamais, laisse entendre qu’il voit venir une époque où ces libertés pourraient devenir un souvenir du passé.