You are currently viewing Assemblée nationale : Boris Vallaud et les socialistes prêts à « faire le pari » du débat parlementaire
Boris Vallaud. Image : Capture d'écran Public Sénat.

Assemblée nationale : Boris Vallaud et les socialistes prêts à « faire le pari » du débat parlementaire

Le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, Boris Vallaud, a répondu à la déclaration de politique générale du Premier ministre Sébastien Lecornu. Entre critique du “désordre” gouvernemental et appel à la justice sociale, il a salué la suspension de la réforme des retraites comme une “victoire du peuple”.

À la tribune de l’Assemblée nationale, Boris Vallaud a ouvert son intervention par une charge frontale contre le gouvernement, dénonçant « une folle semaine » marquée selon lui par « des alliances et mésalliances, des nominations et démissions en série, un désordre permanent ».

Ironique, le député socialiste du Gers a évoqué « un ministre de l’Intérieur s’abordant son propre gouvernement pour un Bruno de trop » et « un ancien Premier ministre appelant à la démission de celui qu’il a servi », dans une référence directe aux tensions internes au sein du camp présidentiel.

« Quel spectacle ! Quel désordre ! Et le désordre appelle toujours le retour de l’ordre, le pire de l’ordre », a-t-il lancé, avant de qualifier la situation politique actuelle de « crise de régime larvée ».

Une crise démocratique et sociale majeure

Face à un Premier ministre soucieux d’incarner la rupture, Boris Vallaud a élargi son propos à la gravité du moment : « Un monde menacé par l’égoïsme des nations, la remise en cause du multilatéralisme, du droit international et in fine par la guerre », a-t-il rappelé, évoquant également « un climat déréglé et une humanité rongée par la désespérance sociale ».

Le président du groupe PS a insisté sur « le sentiment de colère et d’abandon » qui traverse la société française :

« Ils perdent les élections, ils gouvernent. Ils sont censurés, ils gouvernent. Ils n’ont pas la confiance, ils gouvernent encore. Il est temps que cela s’arrête », a-t-il martelé, visant Emmanuel Macron sans le nommer.

Selon lui, le véritable enjeu dépasse les affrontements partisans : « Ce qui se joue aujourd’hui, ce n’est pas l’avenir du macronisme, il se meurt. Ce qui se joue, c’est la démocratie elle-même. »

La suspension de la réforme des retraites : « une fissure dans le dogme macroniste »

Boris Vallaud a ensuite salué la décision du Premier ministre de suspendre la réforme des retraites adoptée en 2023, qu’il a qualifiée de « victoire du peuple » et « reconnaissance du combat syndical ».

« C’est une fissure dans le dogme macroniste », a-t-il déclaré, rappelant que cette suspension profiterait à « 3,5 millions de Français » d’ici 2028.

Le député a aussi tenu à remercier « les organisations syndicales » pour leur mobilisation, y voyant le signe d’un changement de rapport de force : « Nous prenons cette situation pour une victoire, autant que pour un premier pas. »

Une gauche vigilante mais ouverte au débat

Le président du groupe socialiste s’est toutefois voulu clair : le soutien au débat ne vaut pas approbation.
Saluant la promesse de Sébastien Lecornu de renoncer au recours au 49.3, Boris Vallaud a prévenu :

« Vous renoncez au 49.3, mais nous n’en demeurons pas moins dans votre opposition. »

Les socialistes se disent prêts à « amender en profondeur » le budget du gouvernement, jugé « insupportable et gravement insuffisant ».
Vallaud a notamment dénoncé « le doublement des franchises médicales », « le gel du barème de l’impôt sur le revenu » et les « 15 milliards d’euros d’économies » prévues :

« Vous ne pouvez pas demander des efforts à ceux qui travaillent et rien à ceux dont le patrimoine a doublé en dix ans. »

“Nous voulons une République juste, pas une République figée”

Dans un final plus solennel, Boris Vallaud a rappelé la vocation des socialistes à défendre « la République sociale, la justice, la valeur du travail et la solidarité nationale » face à la montée de l’extrême droite.

« Je ne connais pas d’autre remède au fascisme que la justice et la République sociale », a-t-il insisté, appelant les parlementaires à « faire le pari de la démocratie et de la décence ».

Se tournant vers le Premier ministre, il a conclu :

« Votre point de départ ne sera pas notre point d’arrivée. Nous sommes capables de compromis, nous l’avons montré. Mais notre seule boussole reste l’intérêt du pays et des Français. »

Un discours mêlant gravité, combativité et sens du symbole, qui réaffirme la place du groupe socialiste comme force d’équilibre dans une Assemblée nationale fragmentée. L’annonce de Lecornu a suscité de nombreux applaudissement dans les rangs socialistes alors que la suspension de la réforme des retraites était la principale demande des députés PS. Les socialistes ont d’ailleurs décidé de se réunir avant la prise de parole de Boris Vallaud. Le député PS Laurent Baumel a confirmé sur BFMTV que son parti ne déposera pas de motion de censure.

Laisser un commentaire